Après les mises sur le banc successives de Nathan "⁠NBK-⁠" Schmitt et Issa "⁠ISSAA⁠" Murad, il est l'heure de faire un bilan sur OG depuis la création de sa section Counter-Strike: Global Offensive jusqu'à aujourd'hui et de comprendre ce qui n'a pas fonctionné.

La mise en route de la machine

Le 4 décembre 2019, la structure danoise OG faisait une entrée en fanfare sur Counter-Strike : Global Offensive en annonçant l’arrivée en son sein de cinq joueurs en provenance d’Europe et du Moyen-Orient. Sous le capitanat du Finlandais Aleksi "⁠Aleksib⁠" Virolainen et l’expertise du Français Nathan "⁠NBK-⁠" Schmitt l’objectif était simple : dominer la scène internationale. Le choix des joueurs ne s’était pas fait par hasard, chacun se connaissait et avait la certitude que la combinaison de leurs talents leur permettrait d’atteindre les sommets. Ceux qui sont derrière le projet, Aleksib et NBK-, ont à l’époque une pleine confiance dans leurs capacités à arriver à leurs fins, d’ailleurs ils ont également réfléchi à la place de que chacun devait occuper et c’est donc Aleksi qui prenait les commandes en tant que capitaine, Nathan se cantonnant à un rôle plus en retrait d’analyse après coup. Finalement la seule petite ombre au tableau au départ se trouvait dans le choix du sniper. À l’origine c’était le Finlandais Elias "⁠Jamppi⁠" Olkkonen qui avait les préférences du duo, mais il sera finalement remplacé par l’ex- ALTERNATE aTTaX anglais Mateusz "⁠mantuu⁠" Wilczewski pour une sombre histoire de compte banni par Valve.

Le cinq comptait également dans ses rangs le Jordanien Issa "⁠ISSAA⁠" Murad, qui avait été mis de côté par HellRaisers l’équipe souhaitant dorénavant une composition russophone, et le Danois ancien leader chez North  Valdemar "⁠valde⁠" Bjørn Vangså qui complétait la composition. Bref du skill, de l’expérience et une certaine habitude à parler avec des partenaires en anglais, tous les ingrédients semblaient réunis pour créer une sorte d’équipe de rêve de joueurs mis sur la touche par leurs précédentes organisations pour différents motifs. Côté structure avec OG on tapait dans du lourd, double vainqueur de The International sur Dota 2 en 2018 et 2019, ce qui avait rapporté la bagatelle de 26 millions de dollars, le fondateur Johan "N0tail" Sundstein souhaitait diversifier les activités de son entreprise et quoi de mieux que de se lancer sur l’autre titre phare de Valve. De plus un mois après la création de la section CS:GO, un coach était trouvé en la personne du Danois Casper "ruggah" Due qui avait auparavant officié chez Dignitas, North et OpTic Gaming avec beaucoup de succès. Toutes les pièces du moteur étaient désormais assemblées, il ne restait plus qu’à attendre de voir si la mécanique était véritablement digne de celle d’une Ferrari.

Premier tournoi dès l’officialisation du groupe en décembre 2019, et avant même d’avoir recruté le coach. Il s’agissait du cs_summit 5 où l’équipe avait été invitée à la dernière minute. Très peu de temps à roder l’effectif donc, pas ou peu d’entraînements, et pourtant le résultat dépassera toutes les attentes des observateurs. Tout d’abord une sortie des poules sans trop de difficultés avec un bilan honorable de deux victoires, deux nuls et une défaite. Le quintette se voit opposé en demi-finale aux mousesports de Finn "karrigan" Andersen qui les ont déjà battus en phase de groupe. Ce nouveau duel sera plus serré, mais OG s’inclinera tout de même sur le score de 1-2 (16-12 Mirage / 05-16 Inferno / 12-16 Dust 2). Ce top 4 permet malgré tout de prouver tout l’intérêt que possède ce cinq tout en empochant un chèque sympathique de 21 500 $.

Ensuite le groupe va enfin pouvoir se poser plus convenablement pour travailler, même si le rythme des compétitions sur Counter-Strike ne permet pas réellement de souffler. Malgré ce tempo très intense, le groupe parvient à maintenir le niveau qu’il nous avait proposé dès sa création et offre clairement de belles promesses. Bien en place parmi les meilleures écuries mondiales, il faudra attendre le mois de février pour véritablement constater un passage à la vitesse supérieur. Ce palier franchi correspondra à l’excellent résultat obtenu lors de l’ESL Pro League saison 11 où ils termineront à la sixième place devant notamment Vitality, Ninjas in Pyjamas ou G2 Esports. À ce moment-là on commence clairement à se dire qu’il y a quelque chose à faire avec cet effectif sachant qu’il semble encore loin d’avoir atteint son plein potentiel. Or il faudra étrangement patienter de longs mois avant de constater un nouveau passage de vitesse chez OG.

Entre mars et août, le groupe se maintient à sa place, c’est à dire toujours parmi l’élite, mais encore loin de pouvoir espérer accrocher les podiums, et cela malgré quelques coups d’éclat ici ou là qui deviennent assez frustrants, car on voit bien qu’il y a quelque chose à faire. Il persiste encore des grains de sable qui enrayent la machine lorsqu’elle commence à s’emballer. Etait-il déjà temps de passer au stand ? Avec du recul on apprendra que Nathan "⁠NBK-⁠" Schmitt et ses équipiers avaient conscience que quelque chose n’allait pas, mais ils n’étaient pas d’accord sur le traitement à appliquer pour régler cette difficulté. Il faudra attendre le mois d’octobre 2020 pour voir du nouveau lors des finales de la saison régulière des BLAST Premier : Fall 2020. Lors de cet événement, tous les rouages semblent bien huilés pour offrir un parcours sans faute aux cinq joueurs. Un 2-0 sec contre NiP (16-12 Inferno / 16-13 Train) et un 4-1 sur deux matchs violents infligé aux Na`Vi (16-14 Mirage / 16-09 Dust 2 / 16-09 Dust 2 / 10-16 Mirage / 16-12 Nuke) permettent aux OG de figurer sur le podium et d’empocher 25 000 $. Ne restait plus qu’à confirmer ce bon état de forme or cela ne se fera pas au tournoi suivant (les Intel Extreme Masters XV - Beinjing Online Europe) dont ils ne tireront pas beaucoup d’enseignements tant ils seront passés à côté de leur sujet, mais de celui d’après le Flashpoint saison 2 en décembre 2020. Sur place ils retrouveront leurs meilleurs ennemis habituels et commenceront très mal en se faisant envoyer d’entrée dans le loser bracket après une défaite contre les Gen.G Esports (05-16 Train / 10-16 Dust 2). C’est finalement cette position dos au mur qui offrira au groupe d’avoir enfin le déclic pour se dépasser et arrêter d’être trop sur la réserve : il était temps de monter le régime moteur jusqu’au rupteur et de lâcher une bonne fois pour toutes les gazes.

Cet état d’esprit bien plus conquérant leur réussira, ils remonteront tout le loser bracket en éliminant coup sur coup Cloud9 (22-18 Nuke / 16-10 Mirage), Gen.G Esports (16-06 Mirage / 16-09 Train) et Virtus.pro (12-16 Mirage / 16-09 Inferno / 16-09 Dust 2). Désormais en phase finale, ils chuteront contre les Brésiliens de Made in Brazil (10-16 Nuke / 16-06 Inferno / 03-16 Dust 2) et, se retrouvant une fois de plus au pied du mur, ils relèveront la tête éliminant Dignitas (16-14 Nuke / 16-05 Inferno), BiG (16-10 Inferno / 19-17 Dust 2), une revanche sur mibr (16-10 Nuke / 04-16 Inferno / 16-14 Train), puis Fnatic (16-14 Mirage / 16-05 Overpass). Cette remontée infernale sera finalement stoppée en finale contre Virtus.pro (16-10 Mirage / 09-16 Train / 12-16 Inferno). Or ce qui aurait dû être le tournoi déclencheur de l’explosion des OG au plus haut niveau sera finalement le point culminant de leur histoire. Étrangement derrière cette performance impressionnante, le groupe n’arrivera pas à confirmer, pire il se brouillera ce qui commencera à créer une sale ambiance. Nathan "⁠NBK-⁠" Schmitt souhaitait que des modifications soient apportées, tandis que Aleksi "⁠Aleksib⁠" Virolainen voulait autre chose et que le coach Casper "ruggah" Due devait jouer le médiateur. La situation entraîna logiquement une baisse des résultats puisque, sans cette force mentale qui leur avait permis de remonter l’intégralité du loser bracket du Flashpoint saison 2, ils perdirent certainement leur plus grand atout. Finalement en termes de niveau de jeu, de tactique, de communication, tout n’était pas parfait, mais il s’agissait de détails. En revanche dans ce qui touchait aux à-côtés (la cohésion de groupe, la bonne humeur, la rage de vaincre) ils n’y étaient pas et perdaient ainsi énormément de leurs capacités à renverser les situations lorsqu’ils se trouvaient dans une mauvaise passe.

Alors petit à petit ils vont redescendre et même s’ils ne s’effondreront pas, on constatera que le palier qu’ils avaient franchi en octobre 2020 était perdu. On retrouvera ainsi les OG que l’on avait connus quasiment depuis leur création, donc finalement lorsqu’ils apprenaient à se connaitre et à jouer ensemble. Définitivement quelque chose s’était cassé collectivement et l’enchaînement des tournois ne permettrait pas de réparer cette cassure, encore moins quand on se retrouve chacun chez soi et que l’on n’a pas les moyens de se retrouver tous ensemble pour régler les problèmes en face à face. C’était donc fort logiquement qu’on pouvait s’attendre à du changement et étant donné qu’il existait un conflit d’égo entre NBK- et Aleksib l’un des deux devait céder sa place. On préféra conserver son capitaine et se séparer du français, puis c’était au tour du plus discret et plus éloigné de tous Issa "⁠ISSAA⁠" Murad d’être la cible des critiques. Confiné en Jordanie sans possibilité de sortir de son pays, il était très compliqué de reconstruire un esprit d’équipe et une cohésion sans pouvoir l’intégrer dans des rencontres physiques. On peut d’ailleurs constater qu’au sein du staff, plus particulièrement du coach ruggah, on a bien cerné que le problème n’était pas au niveau du jeu, mais plus de l’ambiance. L’arrivée dernièrement du Danois Nikolaj "niko" Kristensen en est la preuve, puisque dans un premier temps il sera bien plus simple à intégrer, car parlera la même langue que son entraîneur et son capitaine. Mais surtout il a déjà eu l’occasion d’être coaché par Casper "ruggah" Due lorsqu’il était encore chez OpTic Gaming en 2019. Ne reste plus qu’à attendre de voir qui sera le prochain à intégrer le groupe, mais avec le nombre de Danois sur le marché qui ont déjà joué sous l’œil de ruggah (on pense à René "cajunb" Borg ou bien Mathias "MSL" Lauridsen par exemple) il y a de quoi faire pour reconstruire un groupe solide. Mais est-ce que l’on retrouvera ce sel si particulier qu’il y avait lorsque les cinq joueurs provenaient d’horizons totalement différents ? Certainement pas !

COMPOSITION OG

  • Aleksi "⁠Aleksib⁠" Virolainen
  • Valdemar "⁠valde⁠" Bjørn Vangså
  • Mateusz "⁠mantuu⁠" Wilczewski
  • Nikolaj "⁠niko⁠" Kristensen