En battant G2 Esports 3-1 en finale du LEC Spring Split 2025, Movistar KOI décroche son premier titre. Réunis dans le Post Game Lobby, Supa, Alvaro et Myrwn ont partagé leurs impressions sur cette victoire historique, entre fierté collective, analyses franches et ambition internationale.

« On ne voulait pas refaire l’erreur de la dernière fois »

Après la finale Losers'Bracket réussie contre la Karmine Corp, MKOI retrouvait G2 en finale du LEC. Quelques semaines plus tôt, l’affiche s’était déjà jouée au profit des Samouraïs, dans un match à sens unique. Cette fois, c’est Movistar KOI qui a pris l’ascendant, non sans effort. Alvaro, le support de l’équipe, a reconnu que cette rencontre avait été préparée dans un esprit bien différent : « Je ne voulais pas refaire les mêmes erreurs que la dernière fois, après avoir battu KC et perdu ensuite contre G2. On est restés calmes, on s’est dit que c’était 0-0. On n’a pas pensé au résultat, on a juste joué le match ». Une posture mentale qui contraste avec celle adoptée au Winter, où l’équipe s’était hissée jusqu’en finale très rapidement. « Quand on est arrivés en finale dès notre premier split LEC, on ne savait pas quand serait la prochaine. Melzhet (le coach) nous l’a répété : les finales sont rares, il faut en profiter. C’est avec cet état d’esprit qu’on a abordé celle-ci ».

  • Lire aussi

Malgré un pick Leona qu’il ne maîtrise pas parfaitement, Alvaro s’est montré décisif, notamment sur l’early de la quatrième manche : « Je suis pas très confiant sur Leona, donc j’avais un peu peur en early. Mais après, ce mec (il désigne Supa) a carry la game, et Jojo a fait la différence avec Kassadin. Une fois qu’on a commencé à dérouler, j’ai su qu’on ne perdrait pas ». Sjokz ironise sur cette modestie : « Si c’est ça jouer sans confiance, j’ai hâte de voir quand tu maîtriseras le champion ».

Pour Myrwn, cette finale était aussi une affaire personnelle. Le toplaner espagnol affrontait à nouveau BrokenBlade, après plusieurs échecs cuisants : « Je ne vais pas mentir, c’est un très bon joueur. En 2023, j’avais fait un super premier match puis j’avais disparu. Mais aujourd’hui, j’ai su corriger mes erreurs. Je pense que sur cette série, j’ai mieux joué que lui ». Ce revirement, Myrwn l’explique par la préparation : « Lors de la première série, on avait tout mis sur le match contre KC. Contre G2, on était surpris par leur jeu en side lanes. Cette fois, on était prêts. On savait exactement ce qu’ils allaient faire ».

« J’ai dit que j’étais le meilleur, et maintenant je l’ai prouvé »

Parmi les joueurs les plus vocaux de la scène LEC, Supa a souvent été critiqué pour ses déclarations ambitieuses. En 2024, il affirmait être le meilleur ADC d’Europe. Cette fois, il s’est permis de relancer le sujet, le sourire en coin : « L’an dernier, les gens me détestaient parce que je disais que j’étais le meilleur. Mais en fait, je voyais juste le futur. Maintenant je l’ai prouvé ».  Le botlaner espagnol revient plus sérieusement sur le travail qui a permis cette progression : « On a bossé toute la semaine sur ce que Hans Sama veut jouer, ce qu’il aime, ce qu’il déteste. On savait exactement quoi lui laisser, quoi lui enlever. Et ça s’est vu ». Une préparation ciblée et assumée, qui traduit la maturité tactique acquise depuis le Winter. Supa enchaîne : « C’est comme ça qu’on doit aborder chaque match. Si on veut être les meilleurs du monde, on doit être préparés tout le temps ».

« Ce titre, c’est pour nos familles, nos proches, tous ceux qui ont cru »

Le ton du plateau change quand les joueurs évoquent leurs proches. Alvaro, très ému, remercie sa famille présente sur place : « Je n’ai pas perdu une seule game quand ils sont là. J’espère qu’ils viendront à chaque match maintenant ». Supa dédie la victoire à sa compagne : « Elle a cru en moi toute l’année. Elle est venue à Berlin, elle a été là dans les moments durs. Elle ne pouvait pas venir aujourd’hui, mais ce titre, c’est pour elle. Je pense que j’ai fait une perf incroyable grâce à elle ». Myrwn, plus pudique, a un mot tendre pour sa mère et son frère : « Ma mère ne parle pas anglais, mais mon frère lui traduira. Merci à eux, et à tous ceux qui nous soutiennent depuis l’Espagne ».

Le message est clair : ce titre est collectif, mais aussi profondément humain. C’est ce que confirme Scain, co-streamer et très proche de l’équipe : « KOI, c’est une famille. Ces mecs-là, c’est mes frères. Jojo aussi. Quand ils gagnent, on gagne. Quand ils perdent, on souffre. C’est pas juste un club, c’est une vie. Ce projet, c’est un Phoenix. Ils sont tombés, ils se sont relevés. Voir Alvaro, Supa, Myrwn, ElYoya, Jojo soulever ce trophée… C’est énorme ».

« On va se battre pour être les meilleurs du monde »

Avec ce titre, Movistar KOI se qualifie pour le MSI 2025 en tant que seed 1 du LEC, qui débutera fin juin. Une nouvelle étape dans la progression de l’équipe, que Supa aborde avec un mélange de lucidité et d’envie : « Je suis excité de jouer contre les meilleures équipes du monde. Mais il faut rester humble. Les premières semaines, on va souffrir. Il faudra s’adapter vite, apprendre vite ». Il insiste sur l’importance de garder le bon état d’esprit : « Si on reste sérieux, on va step-up. On va se battre pour devenir les meilleurs du monde ». Myrwn, lui, termine par une provocation assumée : « Je suis sûr que NA est nul. Mais on a pris le meilleur truc qu’ils avaient : Jojo ». Rires sur le plateau. Supa enchaîne : « On montrera qui est le papa maintenant. » Un ton léger pour conclure une soirée historique, mais une ambition très sérieuse : prouver que Movistar KOI n’est pas qu’un champion d’Europe, mais bien un prétendant à la couronne mondiale.

En une saison, Movistar KOI a su transformer l’essai d’un Winter un tantinet compliqué en un Spring triomphal. Dans un LEC en mouvement, l’équipe espagnole s’affirme comme un projet cohérent, solide et habité par une vraie culture de la gagne. Le MSI servira de révélateur, mais aussi de tremplin : pour Supa, Jojo, Myrwn, ElYoya et Alvaro, l’objectif est désormais clair : s’imposer comme une référence sur la scène internationale.