C'est une information exclusive publiée par nos confrères de Dexerto.com, ces derniers ont découvert que l'ancien entraîneur des Cloud9 entre 2017 et 2019 avait utilisé le bug des coachs sans jamais avoir été repéré, notamment lors de la première vague de bannissements qui a touché la scène fin 2020.

Une triche involontaire ?

Soham "valens" Chowdhury n'est plus entraîneur d'une équipe de premier plan mais demeure actif sur la scène Counter-Strike: Global Offensive d'Amérique du Nord. Dernièrement en poste du côté d'ImPerium Esports, il est aujourd'hui directeur du pôle science des données chez Evil Geniuses. Pourtant il possède un bagage conséquent dont le point d'orgue aura été de mener les Cloud9 à la victoire lors de l'ELEAGUE Major: Boston 2018. Seul Major remporté par une formation nord américaine, cet événement est également resté dans les mémoires pour sa finale mémorable face à FaZe Clan. Mais si l'on reparle de valens aujourd'hui ce n'est pas pour discuter de son glorieux passé mais plutôt d'une zone d'ombre qui vient entâcher sa carrière. En effet, une enquête conjointe menée en 2020 par l'Esports Integrity Commission (ESIC) avec l'aide de l'ESL (pincipalement de l'administrateur Michal Slowinski qui a joué un rôle central dans toute cette affaire) avait permis de mettre au jour un bug utilisé par les entraîneurs afin de voir certaines zones des cartes et ainsi d'informer leurs joueurs des éventuelles rotations ou mouvements adverses.


valens à l'ELEAGUE CS:GO Invitational 2019 avec Cloud9 (c) HLTV

Plus de 30 entraîneurs avaient été bannis suite à cette découverte et cela après une enquête fastidieuse longue de plusieurs mois. Toutefois l'ensemble des matchs n'avaient pas pu être visionnés et on se doutait bien que certains étaient potentiellement passés au travers des mailles du filet. C'est vraisemblablement le cas de Soham "valens" Chowdhury comme nos confrères de Dexerto l'ont en effet découvert à au moins trois reprises. Interrogé par le site, l'ancien entraîneur a expliqué :

J'ai rencontré le bug plusieurs fois sans savoir ce que c'était. Je n'ai partagé aucune information avec les joueurs et cette situation m'a même gêné dans mon travail car je ne pouvais pas voir mes joueurs comme j'en avais l'habitude. Je pensais que c'était juste un problème lié au jeu et qu'il allait disparaître de lui-même. J'ai même contacté les organisateurs en milieu de partie pour leur expliquer ce qui m'arrivait. En ce qui concerne les autres fois, j'essayais simplement de redémarrer le jeu car je voulais voir mes joueurs, et en redémarrant le bug avait disparu. J'aurais très bien pu attendre simplement une réinitialisation car la plupart du temps les choses étranges que l'on peut voir disparaissent en appuyant sur certaines touches, comme c'est le cas du bug de hauteur étrange qui vous permet de voir au-dessus des éléments et qui s'annule lorsque vous vous accroupissez ou que vous appuyez sur la touche de saut. Je ne sais vraiment pas comment ce bug s'est produit de mon côté et je n'ai pas cherché à le savoir. J'espère que l'on pourra voir que je n'ai pas cherché à créer cette situation et qu'elle m'est apparue de manière totalement involontaire.

Soham "valens" Chowdhury

Si chacun se fera sa propre opinion sur les explications du coach, on note tout de même que lors des matchs où il a été repéré utilisant le bug on le voit bouger la caméra pour suivre les mouvements des adversaires. C'est en 2017 qu'on le voit utiliser cet exploit la première fois, lors de la qualification fermée pour l'EPICENTER durant le match opposant Cloud9 à la Team Liquid et qui s'était soldé par une défaite 0-2 (13-16 Mirage / 11-16 Inferno). On peut l'observer déplacer sa caméra lors des trois premiers rounds alors qu'il a la vue sur l'ensemble du site bombe B sachant que son équipe jouait à ce moment-là le rôle des terroristes. Sur Mirage la vidéo est beaucoup plus problématique car valens bénéficie d'une version jusque là méconnue du bug qui lui permet de se déplacer partout sur la carte librement. On l'observe ainsi passer de la base des contre-terroristes pour atteindre celle des terroristes puis faire quasiment un tour complet de la map. Dans cet exemple un redémarrage du serveur avait annulé l'abus mais Soham "valens" Chowdhury s'est retrouvé à nouveau dans cette position lors du dernier round de la première manche, suite à une reconnexion après une pause tactique.

C'est beaucoup plus tard, en mars 2018 lors de l'ESL Pro League Saison 7 en Amérique du Nord, que l'on voit valens utiliser ce bug une seconde fois. Il s'agit d'une rencontre opposant Cloud9 à OpTic Gaming sur Train et remportée 16-08. Cette fois sa caméra est située au niveau de la base des terroristes lorsque les OpTic jouaient ce rôle forcément. Pour la défense de l'entraîneur, les preuves de l'abus du bug sont malgré tout assez faibles sachant que sur les trois cas détectés, seuls deux (celui sur Inferno et un round sur Mirage) mériteraient des éclaircissement; pour le reste l'utilisation semble vraisemblablement réellement accidentelle. Pour rappel sur les 37 coachs qui avaient été bannis lors de la première vague de bannissements, Soham "valens" Chowdhury n'apparaissait pas. Les investigations sont toujours en cours du côté de l'ESIC mais prennent énormément de temps puisqu'il faut remonter jusqu'en 2016 et regarder tous les matchs un par un. De plus la commission doit également gérer ensuite les multiples recours déposés par les accusés ce qui leur prend également du temps. Toutefois une nouvelle vague de noms devrait prochainement être annoncée, c'est ce que l'ESIC avait déclaré fin août 2021. Désormais à un poste éloigné des joueurs, une éventuelle sanction à l'encontre de valens n'aurait aujourd'hui que peu d'impact sur sa carrière mais l'empêcherait en revanche de se rendre à un Major pour y jouer un autre rôle que celui de simple spectateur.