La rédaction s'est penchée sur l’écosystème des LANs dans son ensemble, qui suscite des critiques depuis maintenant quelques années.

Avec les tenues de la Gamers Assembly, de la Dreamhack Tours, et plus récemment de l’Occitanie Esports à Montpellier, cette année est une nouvelle fois riche en émotions esportives. Pour autant, si certaines LANs se sont globalement bien déroulées, enthousiasmant joueurs et spectateurs, d’autres ont fait grincer quelques dents. Certaines ont été sujettes à divers incidents, s’attirant les foudres des spectateurs, visiteurs et des joueurs. Ces perturbations ont eu pour effet d’amener une salve de critiques négatives quant à ces organisations, et ont terni l’image de ces rassemblements voulus comme populaires et festifs.  

Ainsi, nous voulions nous interroger sur l’écosystème des LANs dans son ensemble, qui suscite des critiques depuis quelques temps. L’article posera ses bases sur le jeu League of Legends pour étayer son argumentaire et sa réflexion, en balayant ces quelques interrogations transposables à l’ensemble des jeux esportifs : pourquoi aujourd’hui sont-elles autant décriées ? Leur modèle doit-il être revu en profondeur ? Doit-on espérer leur disparition ? Peut-on les considérer, à raison, comme partie intégrante de notre patrimoine esportif national et local ?

Problèmes techniques et organisationnels : le sacerdoce des LANs

Commençons par le sujet de discorde principal. Celui qu'il est impossible d’esquiver dans son propos. LANs et problèmes techniques sont indissociables depuis quelques années. À chaque nouvelle saison, il en est fait mention par les joueurs et les spectateurs, amenant çà et là son lot de péripéties… Retard dans les compétitions, attaque du réseau internet... ce sont les mêmes qui reviennent critiquer les LANs et leur « amateurisme ». Si certaines se démarquent, d’autres s’attirent les foudres les plus noires. En ligne de front, les attaques DDOS qui viennent court-circuiter les compétitions de plein fouet. Cependant, peut-on y vraiment faire face ? Comme aime à nous le rappeler Edouard « Arioch » Moreau, secrétaire de l’association Futurolan et un des responsables du pôle réseau de la Gamers Assembly, cela reste compliqué : 

Le DDOS est par nature difficile à contrer. On a toujours des protections jusqu’à un certain niveau. Il y a toujours moyen que des choses se passent mal si elles surviennent en trop grande quantité. On se base sur nos expériences. 

Il est important de souligner que les LANs sont avant tout des événements organisés par des bénévoles et des passionnées. Ces derniers prennent généralement du temps sur leur travail et leur vie privée pour confectionner une infrastructure suffisamment puissante pour contrer tous types d’intrusions, et offrir un événement digne de ce nom pour les joueurs, visiteurs et structures. Cependant, des couacs ne sont jamais impossibles. Pour Glopo, commentateur O'Gaming présent à la Lyon e-Sport durant les attaques, il est trop facile de critiquer les organisations sur ce fait :

La LES a investi, sauf erreur de ma part, 30 000 euros pour se protéger. Ils avaient mis en place deux connexions fibrées différentes sur lesquels ils pouvaient switcher. Celui qui a attaqué la LAN avait, semble-t-il, une capacité d’attaque importante, et il pouvait se permettre toutes les 15 minutes de changer la source à attaquer. […] J’ai le sentiment que, pour avoir une défense efficace, il faudrait des centaines de milliers d’euros. Mais à ce moment-là, ce n’est plus viable d’organiser la LAN. D’un côté, tu as des gens qui donnent tout pour organiser un évènement à une communauté. Et, de l’autre, tu as des personnes qui sont dans l’ombre, qui sont juste malveillantes et qui ont des moyens colossaux par rapport à ceux que l’on a.


Glopo en compagnie de Krok – Lyon e-Sport 2019

Ces propos ne sont pas ici pour dédouaner à 100 % les LANs des diverses erreurs commises depuis le début de leur existence. Si certaines, très professionnelles, font leur maximum pour organiser un rendez-vous digne de ce nom, il est vrai que d’autres révèlent de l’amateurisme. Néanmoins, il est important de signaler que de nombreux problèmes ne sont pas de leur fait. À titre d’exemple, la dernière édition de la Gamers Assembly a subi divers retards sur son tournoi Fortnite. La raison ? Une chaleur trop importante ayant amené un dysfonctionnement du matériel. 

Dans l’ensemble, nous sommes très satisfaits de la prestation du service réseau. On n’a jamais connu de LAN sans problème. À l’échelle où nous sommes, je ne pense pas que cela soit possible […] Il faut à la fois apprendre des problèmes pour en avoir moins, et, quand ils arrivent, savoir comment on les gère. 

Côté organisation, les LANs s’en tirent globalement mieux. Les vétérans se remémorent, avec douleur parfois, des tournois accumulant des retards pléthoriques. Pour Léo « Lounet » Maurice, manager LoL chez LDLC, l’organisation est globalement plus professionnelle et s’améliore d’année en année. 

Dans les timings, les plannings, c’est beaucoup mieux respecté qu’avant, et c’est le travail des admins. Et il y en a de plus en plus. […] Avant, tu pouvais finir des samedis soir à minuit, une heure du matin, et reprendre le lendemain matin à huit heures. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui. 


Lounet avec le trophée de la Lyon e-Sport 

Les LANs restent globalement sérieuses dans leurs systèmes et applications. Cependant, d’autres critiques viennent gâcher le tableau. La cible ? L’aspect compétitif et l’identité qu’elles tentent de suivre. Durant les prochaines parties, nous allons nous intéresser à ces problématiques : le modèle des LANs doit-il être revu de fond en comble ? Peut-on mélanger compétitions professionnelles et amateures ? Doivent-elles se tenir uniquement pour les visiteurs comme attraction à touristes ? 

La dure cohabitation entre joueurs amateurs et professionnels


Des LANs toujours plus compétitives d’année en année

Avant de s’y attaquer, revenons aux fondamentaux. D’abord, qu’est-ce qu’une LAN ? C’est un événement physique, très souvent organisé par une association, qui a pour but de réunir dans un même endroit des personnes ayant une même passion : le jeu-vidéo. Ces dernières s’y retrouvent afin de jouer ensemble, et contre d’autres adversaires, dans un environnement compétitif. Ce qui fait le charme des LANs, c'est cette possibilité qu’ont les amateurs d’affronter, dans une compétition, les professionnels et les streamers qu’ils regardent derrière leur écran.  

Il y a encore quelques années, le mélange entre professionnalisme et amateurisme faisait le charme d'un esport encore balbutiant et en quête de repères. Nombreux sont ceux qui peuvent, au détour d’une conversation, raconter qu’ils ont pu, le temps d’un match, affronter leurs joueurs ou streamers préférés, malgré une défaite cuisante et retentissante. Comme le rappelle Lounet, ces événements restent très importants pour les joueurs professionnels, notamment du côté de l’encadrement et de l’effet team-building qu’il procure : 

Je pense que ce sont les LANs qui ont fait que tu avais besoin d’accompagnateurs, d'être mieux encadré. Parce que nos joueurs sont plus facilement perdus quand ils arrivent en LAN que lorsqu’ils jouent de chez eux. Ça a permis de mieux structurer les équipes.

Un constat partagé par Glopo :

Pour les joueurs, faire des déplacements sur des lieux, des scènes, pour aller jouer, ces facteurs de teambuilding, c’est une très bonne expérience. Cela permet aux équipes de ne pas être enfermées dans une gaming house ou de jouer chez soi. C’est toujours un plus. Pour le public, cela permet un contact IRL avec les joueurs, les coachs, les casters, et de se retrouver entre eux. Et puis l’opportunité de jouer contre des équipes qui sont semi-pro. C’est un brassage bénéfique.


 Les LANs, facteur de teambuilding important (Crédit : Futurolan/Olivier Redonnet)

Aujourd’hui, la donne tend à changer. L’évolution massive du milieu a amené les principaux acteurs à revoir leur stratégie et à changer leur fusil d’épaule. La professionnalisation a amené un développement des circuits compétitifs avec des ambitions et des attentes qui divergent des standards passés. Aujourd’hui, certains estiment que les LANs ne sont plus capables de répondre à ce modèle, et qu’elles entretiennent une identité floue, en tentant de mélanger ces deux facettes. Pour Charles « Noi » Lapassat, commentateur reconnu de League of Legends pour O'Gaming, les LANs sont plutôt destinées aux amateurs. 

Je ne dis pas que les LANs sont de mauvaises choses. Je dis juste que, quand on veut faire de l’esport de plus haut niveau, ça n’a pas sa place. Le divertissement des LANs amateurs avec des petits tournois/cashprize, les trucs sympa… okay, pourquoi pas. Je sais que beaucoup de gens viennent pour se faire écraser par leur équipe favorite. […] Pourquoi je n’aime pas spécialement ça ? La LAN, et notamment l’année dernière via le biais de l’Open Tour : c’est que l’on essayait de faire, du vrai compétitif où on a besoin de très bonnes conditions. 

Ainsi, la question est de savoir vers quoi les LANs veulent se tourner. Est-il possible de concilier une pratique professionnelle de la discipline avec, en parallèle, un aspect amateur/visiteur mis lui aussi en avant ? 

Une identité propre à trouver

Ce questionnement anime le débat. Vers quels modèles les LANs veulent-elles se diriger ? Doit-on mettre en avant l’aspect compétitif avec cette volonté d’amener les meilleures équipes sur le terrain ou suivre une tradition de divertissement en direction des familles ? On en revient au fameux débat sémantique entre les termes « esport » et « esportainement ». Noi souligne la difficulté. 

Je pense à la GA qui arrive toujours à démocratiser l’esport. Et c’est peut-être le premier point de contact qui va intéresser les mairies. Ce qu’elles veulent, c'estdes visiteurs, que ça fasse marcher l’hôtellerie, la restauration, que ça dynamise la région. Cependant, ils n’en ont rien à cirer qu’il y ait 10 000 ou 100 000 personnes sur un stream. […] Aussi, mon métier est de faire un spectacle, un show qui est bien pour mon audience. Et malheureusement, je n’ai pas les mêmes objectifs que les LANs. Mon cœur de métier et le leur ne peuvent s’entendre. Eux veulent des visiteurs. Ils le font pour les joueurs, moi pour les spectateurs. Ce n’est pas impossible de connecter les deux, mais 90 % des LANS actuelles ne veulent pas le faire. 


Une position toujours floue de la part des LANs 

Un constat souligné par Glopo, qui pense cependant qu’une compartimentation est possible si on réfléchit bien en amont à la structuration des salles et à leur organisation.  

Les LANs, elles ont les défauts de leurs qualités et les qualités de leurs défauts. Il y a toujours une recherche d’identité qui a lieu. On ne sait pas si on fait de l’esport, de l’esportainement, de l’entertainment tout court, du spectacle, de l’amusement... On est à la recherche d’identité avec tout ce que cela comporte de potentiels fails et erreurs. Je pense que plus ça ira, plus on arrivera peut-être à plus compartimenter, à avoir des espaces plus grands, et donc à moins mélanger l'entertainment avec l’esport.

Cependant, au sujet d’un circuit compétitif en tant que tel comme l’Open Tour, cela n’est plus possible.

Les LANs sont une très bonne chose, mais s’en servir comme support pour une compétition pro, peut-être un peu moins, mais ça reste quelque chose d’important. En revanche, l’intégrer au sein d’un circuit compétitif, je pense que la démonstration a été faite avec l’Open Tour, ça semble compliqué et ce n’est pas viable.

Avec l’explosion des différentes scènes esportives, de nombreuses ligues et championnats ont été créées afin de permettre une structuration de l’ensemble. Parmi les exemples les plus évocateurs, la LFL en France ou le système de franchises en Amérique du Nord ou encore en Chine. Ainsi, considérer les LANs comme une « ligue » professionnelle est difficilement envisageable. Cependant, elles ont aujourd’hui une importante carte à jouer pour fidéliser leur audience, leur image, et amener des spectateurs. De par leur tenue annuelle à des périodes récurrentes, elles peuvent être utilisées comme des étapes intermédiaires durant les périodes creuses du calendrier.

 
L’arrivée de la LFL : une aubaine pour la compétitivité (Crédit : LFL)

Peut-on les associer à des tournois de « remise en forme » afin de préparer joueurs et structures aux prochaines échéances ? Peut-être. Elles évoluent dans un cadre relativement compétitif avec à la clef un titre et un gain financier. Pour Noi, la cohabitation de ces deux formats est importante, et permettra également aux LANs de garder ce côté réservé au public, au sens large du terme. 

Pour créer un écosystème et même pour voir une montée du niveau de jeu, et pour essayer quelque chose d’intelligible à suivre, il doit y avoir pour moi deux formats, et c’est le cas. Ça n’empêche pas aux LANs d’avoir quelques équipes FR, et ça n’empêche pas à une autre ligue d’exister. Les LANs sont très contentes avec l’esportainement et c’est très bien. Rester dans un côté plus spectacle/famille, plus amateur, pour moi, c’est un domaine qui leur correspond très bien. 

Et d'ajouter que le cashprize reste une source évidente de motivation pour les équipes :

Pour l’instant, les équipes seront attirées par le cashprize. Si ce sont des streamers, ils seront attirés par la visibilité. Ils seront rémunérés par l’audience et en streamant de la compétition. Les très bonnes équipes, quant à elles, vont se dire «  Attends… Je dois rouler sur 10 teams amateurs pour récupérer 20 000 € ? Bon, je vais venir les récupérer. » Et puis ça évite que les joueurs ne fassent rien. 

Pour Lounet, en revanche, il faudrait aller plus loin pour que le lien entre spectateurs et joueurs soit plus fort et que chacun puisse y trouver son compte. 

C’est important, notamment du point de vue des spectateurs , d’avoir des events dans leurs régions, se déplacer, de rencontrer les joueurs. Mais du côté de ces derniers, c’est complètement inutile. Il vaudrait mieux des événements avec des qualifs en ligne ou, au final, un event qualitatif à la manière d’un major. Par exemple, la Solary Cup à la PGW, ça reste similaire à ce que peut offrir une LAN.


Des spectateurs toujours au rendez-vous 

Mais, pour Arioch, le mélange des genres est tout à fait envisageable. Malgré différents couacs intervenus par le passé pour certaines compétitions, il est tout à fait possible que les LANs puissent être les hôtes de grandes échéances, tout en faisant en sorte que les joueurs en ressortent satisfaits. 

Je pense qu’il y a moyen de mixer des rencontres de haut niveau. Il faut juste bien séparer les choses. Il y a quelques années, on a accueilli une très grande compétition Starcraft. Nous étions les hôtes, et c’était Blizzard qui organisait. Au final, on a vu que cela posait peu de problèmes. Les retours des joueurs SC avaient été bons sur l’ensemble de l’event. […] Avoir une très grande compétition, c’est l’occasion de voir des matchs extraordinaires, de rencontres avec des joueurs d’un talent inégalé, et c’est toujours bien pour le public, et pour nous aussi. 

La Gamers Assembly proposera même, pour ses prochaines éditions, des améliorations qui iront dans ce sens, et devraient permettre aux équipes professionnelles de se sentir à l’aise tout en favorisant l’esprit de teambuilding

On a quelques projets que l’on n’a pas concrétisés cette année mais ils reviendront l’année prochaine. Notamment de faire des zones lounges à destination des joueurs pour qu’ils puissent se poser, passer plus de temps ensemble. 

Nous le voyons bien : une partie du circuit et des intervenants plaide en faveur d’un mélange possible des genres, à condition que la partie « esporstainement » soit privilégiée au lieu d’un tout compétitif. Cependant, peut-on également imaginer les LANs comme une autre opportunité, celle d’un circuit réservé uniquement à la détection de jeunes talents ?

Les LANs : terreau de la jeunesse sportive ?

Avec l’arrivée de la LFL pour la saison 2018-2019, les LANs ont été légèrement éclipsées en comparaison de l’importance qu’elles avaient l’année dernière avec l'Open Tour. Aujourd’hui, ce circuit existe encore et est réservé exclusivement aux équipes qui n’ont pu accéder à la ligue majeure ainsi qu'aux équipes amateurs qui veulent goûter au compétitif. Les LANs, quant à elles, jouent maintenant le rôle de grandes messes épisodiques permettant aux joueurs et équipes de se retrouver. Pour les cadors, c’est aussi un excellent moyen de s’entraîner et d’achever sa préparation dans le cas de la LFL. Dans ce cas, peut-on imaginer les LANs comme un circuit de détection de joueurs à grande échelle pour repérer les talents de demain ? Comme le rappelle Lounet, ce genre d’événement physique permet toujours de rencontrer et d’observer de nouveaux joueurs.

Clairement, ça sert à ça. Le LoL Open Tour, je sais qu’on ne le suit pas. Alors que les LANs, tu es sur place, tu es vraiment en direct. Tu es à côté d’eux, tu peux aller regarder leur game, derrière leurs écrans, leur parler. Tu vois vraiment les surprises puisque les équipes jouent contre les équipes de la LFL. Ça peut arriver de voir la performance d’un mec qui ressort par rapport à ses coéquipiers. Un mec qui joue vachement bien contre une équipe censée être deux fois meilleure, c’est important.


Les LANs peuvent jouer sur leurs atouts pour repérer les talents de demain

Aujourd’hui, il est envisageable d’imaginer le circuit des LANs comme un terreau de la détection des futurs talents, en plus de vouloir jouer un rôle de spectacle et d’événement familial. Même si la plupart des équipes sont au courant des pépites montantes de la scène esportives (que ce soit sur LoL ou d’autres jeux), ces événements sont toujours un moyen de les voir performer en vrai et d’apprécier leur qualité. Si une comparaison avec le sport traditionnel devait être faite, les LANs peuvent servir de grands circuit de détection afin de faire émerger le terreau local. Un peu comme un tournoi de football le dimanche sert à repérer les « cracks » pour les clubs de la région. Noi appuie là-dessus et indique que des décisions seront prises en ce sens. 

Le système est encore incomplet. L’Open Tour est nécessaire, mais il est encore dans une forme incomplète. Il va évoluer, je ne peux pas dire en quoi exactement. Mais je sais qu’il va évoluer. Et c'est tout un système qui va être mis en place, pour dénicher et mettre en avant des talents. Tout le système qui va tourner autour de l’Open Tour va permettre ça, et la LFL sera le palier supplémentaire, le serious business qui débute et là on commence à parler de contrats/joueurs pro, payés uniquement pour leur travail de joueurs pro.

La professionnalisation montante de l’esport amène indubitablement une comparaison avec son « cousin » tant envié : le monde sportif traditionnel. Il suffit de voir les nombreux investissements réalisés en ce sens pour coller avec ces pratiques : des centres de formations, des académies, l’arrivée d’anciens sportifs professionnels dans l’encadrement pour apporter leur connaissance et compétence dans le domaine, etc. L’analogie continuant, on peut imaginer l'arrivée d'un circuit de LANs orienté sur de la détection pure. L’idée peut faire son chemin et cela peut être envisageable. De plus, cette scission LFL/Open Tour est peut-être l’idée qu’il fallait. Glopo en est convaincu. 

Il y avait besoin de cette étape intermédiaire entre un circuit amateur et ensuite directement le LEC. On avait besoin d’une ligue française avec ce côté franchisé de la LFL. Tous les joueurs te disent que c’est une bonne chose d’avoir des échéances régulières, d’avoir un calendrier qui est cohérent. C’est vrai qu’à l’époque de l’Open Tour, tu n’avais que des LANs de temps en temps, et tu avais 2 mois où il ne se passait rien.

Nous l’avons donc vu, tout n’est pas encore gravé dans le marbre. Doit-on voir le modèle des LANs comme ce qu’il est aujourd’hui ? Doit-on le pousser plus en direction des spectateurs et de la détection des joueurs ? Peut-on oublier l’idée d’y installer de grandes compétitions ? Tout reste à faire. Mais en soi, à travers ces déclarations, il est important de dégager une tendance assez marquée : le public reste attaché à ces événements, malgré les nombreuses déclarations faites.

Les LANS : un patrimoine à préserver ? 

Au fond, nombreux sont ceux qui restent attachés aux LANs. Chacun partage forcément une histoire différente qui lui a fait découvrir cet univers particulier : premier tournoi en ligne avec ses amis, rencontres avec ses joueurs préférés, découverte par sa famille en étant enfant... les raisons sont multiples. Malgré les déclarations parfois très provocatrices annonçant leur « mort » prochaine, peut-on considérer les LANs comme partie intégrante du patrimoine esportif national et local ?

La France est l’un des pays en Europe les plus avancés en termes d’esport et d’initiatives allant en ce sens. Que ce soit via des émissions, ses personnalités, ses compétitions et ses initiatives publiques. Les LANs font partie de ce qui a pu permettre à cette discipline d’émerger, alors qu’elle n’était qualifiée que de « niche » il y a quelques années, avec ce goût désagréable de stéréotypes malsains associés au qualificatif de « gamers ». En recentrant le débat, l’important n’est pas tant de débattre de leur disparition, mais de connaître et de statuer sur la place qu’elles occupent aujourd’hui au vu de l’explosion de la scène professionnelle, comme le pense Glopo. 


Les LANs restent toujours très appréciées du public

Est-ce que les LANs sont indispensables à la survie et l’économie de l’esport ? Clairement, non. Est-ce que ça fait partie du patrimoine esport ? Oui, complètement. Ça en fait partie, ce n’est pas parce qu’on n’en a pas besoin qu’il faut arrêter. Je pense que ça reste des événements super sympa. Pour les gens qui n’ont jamais été à une LAN, qui aiment les compétitions, les JV, je les invite à y aller car ce sont des choses super agréables à vivre, et oui, ça fait partie de l’esport.

Ces événements restent avant tout des espaces de rassemblement. Des rassemblements nécessaires qui évoluent avec leurs temps. Sûrement mal pour certains qui campent sur leurs positions, pour ne pas voir l’évolution de la scène et la demande des joueurs. Il n’empêche qu’une majorité arrive à tirer avec brio son épingle du jeu pour vivifier l’impact social qui s’en dégage. Ce que tient à rappeler Arioch.

On aime organiser des LANs. Pour une immense partie de l’association, ce sont des bénévoles qui prennent sur leur temps de congé pour organiser tout ça. Et je vous garantis que ça représente une importante somme de travail […] On a eu 2500 joueurs cette année. […] On est là depuis 20 ans, on a très clairement vu l’évolution. On a vu le passage vers le tout en ligne, qui rend les connexions Internet totalement nécéssaires. Je peux comprendre que certains préfèrent rester chez eux, où c’est confortable et moins cher que de venir en LAN. Mais il n’y a pas le côté social que l’on peut y trouver. Le rassemblement de joueurs, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. 


Une nouvelle génération de joueurs en marche

Aujourd’hui, ce qui est le plus important, c’est de savoir dans quelle direction il est nécessaire d’aller, quels moyens doivent accordés à ces événements et vers où ils désirent se diriger.

Défendre l’esport, ses joueurs, et ses LANs

Comme nous l’avons vu, dans l'ensemble, les LANs oscillent dans un entre-deux permanent, une réunion familiale à destination des amateurs, et conjuguée à l’ambition d’y intégrer un professionnalisme de plus en plus important. Quitte à ce que le mariage entre ces deux entités soit difficile.

Il est vrai qu’une transformation doit être pensée par les acteurs afin de suivre possiblement ce modèle. Aujourd’hui, il est difficilement pensable de n’ouvrir ce genre d’événement qu’aux « casus » du dimanche, ou bien aux professionnels endurcis. Là est le débat. De plus, avec les différents problèmes mis en avant par les spectateurs, le grand public ne retient pas ce qui est le plus bon. Cependant, des efforts sont notables. Comme le souligne Glopo, il faut les encourager davantage.  

Je pense que les LANs, dans leur organisation, sont très bonnes. Je ne peux que les encourager à step-up, à aller vers le haut. Année après année, on accumule de l’expérience, y’a pas de raison qu’on n’arrive pas à faire de mieux en mieux avec une marge d’erreur qui bien gérée. Je pense qu’il faut juste tirer les leçons des différentes LANs, et à chaque fois.

Enfin, il ne faut pas l’oublier : les LANs restent importantes pour l'ensemble, aussi bien pour les joueurs professionnels que pour les amateurs. Véritable milieu de niche il y a quelques années, elles se sont imposées comme des rendez-vous incontournables où cette grande famille se retrouve souvent avec plaisir. On ne peut pas mettre de côté les différents aléas qui viennent parfois gâcher ces quelques jours de retrouvailles. Mais c’est ce qui fait, peut-être aussi, le charme des LANs. Si l’esport est aussi développé qu’aujourd’hui, et mieux reconnu par le public, c’est peut-être aussi grâce à elles. Malgré les quelques petits couacs, il faut les soutenir, et ne pas souhaiter à la va-vite leur disparition. Certes, il serait peut-être fort de considérer les LANs comme partie intégrante du patrimoine esportif national et local. Néanmoins, on peut les retenir dans un coin de notre tête. Einstein disait : « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. » C’est à peu près pareil avec les LANs. Malgré des sorties de route plus ou moins importantes, beaucoup atteignent les sommets. Et même si certaines restent encore sur le bord du chemin, n’hésitons pas à les remettre en selle. Il vaut mieux un peloton entier qui avance vers un but commun que des échappées éparses aux finalités diverses. Hauts les cœurs, défendons les LANs, ses joueurs et ses spectateurs ! 

La rédaction tient à remercier Glopo, Noi, Lounet, et Arioch de Futurolan pour le temps qu'ils nous ont accordé.