Avec la nouvelle loi mise en place pour le gouvernement chinois, les enfants de moins de 18 ans ne peuvent jouer aux jeux vidéo que jusqu'à 3 heures par semaine, et uniquement le week-end. Une mesure adoptée pour lutter contre la dépendance aux jeux vidéo chez les enfants.

Les jeux vidéo, l'opium spirituel des enfants chinois

Depuis plusieurs années, la Chine est souvent mise en avant sur son avance concernant le jeu vidéo ou l’esport, le développement de jeux chinois ayant explosé au cours des dernières années. Selon Daniel Ahmad, le spécialiste de l’industrie des jeux vidéo, Il y aurait aujourd’hui environ 110 millions de mineurs chinois qui joueraient aux jeux vidéo, mais les récentes décisions prises par le gouvernement risquent de changer fortement la donne et d’avoir un impact (certainement négatif) sur l’évolution du marché au sein du pays, et potentiellement même dans le monde.  

Selon un arrêté, les personnes de moins de 18 ans ne peuvent jouer à des jeux vidéo que jusqu'à trois heures par semaine, dont un maximum d’une heure par jour le vendredi, le samedi, le dimanche et jours fériés, de 20h à 21h; les jeux vidéo seront strictement interdits aux mineurs du lundi au jeudi. Pour que cette loi soit appliquée, les éditeurs de jeux en Chine seront tenus de contrôler le temps de jeu des enfants et les joueurs devront ainsi désormais créer des comptes de jeu sous leur véritable identité. Les éditeurs devront bloquer l’accès aux mineurs lorsque certains seuils de temps auront été atteints quotidiennement sur leurs comptes. Cette loi inclut les jeux de toutes sortes, aussi bien sur PC que sur appareils mobiles. 

Cette nouvelle loi remplace celle mise en place il y a quelques années qui autorisait les mineurs à jouer pendant une heure et demie par jour. Cette décision du gouvernement chinois intervient quelques jours seulement après que la Corée du Sud ait révélé son intention d’annuler sa loi qui empêche les joueurs mineurs de jouer à des jeux vidéo en ligne tard le soir. Avec de telles restrictions, la croissance du secteur technologique chinois pourrait en pâtir et cette loi ne fait que se rajouter à une politique déjà des plus agressive dans le secteur du jeu vidéo. Initialement mise en place suite aux problèmes de santé liés à un taux prétendument élevé de myopie dans le pays, la Chine avait étendu le contrôle des jeux vidéo en 2007 en raison de mesures anti-addiction, qualifiant les jeux d’opium spirituel, et les décrivant une activité addictive et potentiellement mortelle. Le gouvernement chinois a également dit qu'il augmenterait la fréquence et l'intensité des inspections auprès des fournisseurs de jeux en ligne afin de s'assurer que ces sociétés limitent le temps de jeu et que les mineurs disposent d'un système anti-addiction.

L'esport dans le viseur

Reste maintenant à savoir quel impact cela aura et si l'esport sera touché, notamment sur le moyen/long terme. Bien que cette loi va indubitablement avoir un impact négatif sur le secteur du jeu vidéo et notamment auprès des éditeurs tels que Tencent ou NetEase, la scène espotive au niveau professionnel subira très certainement de plein fouet cette nouvelle loi ; certains athlètes et compétiteurs qui ont seulement 16/17 ans, doivent aujourd'hui passer plusieurs heures par jour à s'entrainer sur leur jeu pour atteindre/rester au plus haut niveau. En février 2019, le ministère chinois des Ressources Humaines et de la Sécurité Sociale avait publié dans un rapport, une liste concernant l'ajout de 15 nouveaux métiers et activités professionnelles, dont celles liées à l'esport, faisant ainsi de cette "discipline" un metier à part entière dans le pays. Deux catégories avaient été mises à en avant : l'esports operators, ceux qui organisent et produisent des évènements liés à la discipline, et l'esports players, ceux qui participent à des compétitions ou qui ont des professions d'analyste et entraîneur. Concernant cette dernière catégorie, un distinctif est fait pour différencier les vrais professionnels du secteur et les simples fans de jeux vidéo. À voir quelles vont être les implications de cette nouvelle loi.