Auteur d’un split maîtrisé, Movistar KOI s’est imposée 3-1 face à G2 en finale du LEC Spring 2025. De retour au sommet, Elyoya a livré une interview sincère et dense auprès de Laure Valée, revenant sur la charge émotionnelle du titre, le rôle de Jojo, et l’investissement collectif du groupe.

« On a bossé plus que n’importe qui »

Pour Javier "Elyoya" Prades, ce quatrième titre de champion d’Europe ne ressemble à aucun autre. Deux ans après son dernier sacre, et après une période de transition marquée plusieurs changements, le jungler espagnol confesse avoir ressenti quelque chose de profondément différent cette fois-ci. « C’est beaucoup d’émotions, toutes très positives. J’ai une relation spéciale avec ce LEC. J’ai l’impression de le poursuivre depuis deux ans, depuis la dernière fois où je l’ai gagné ».

S’il a déjà soulevé le trophée par le passé, celui-ci semble plus pesant, plus mérité à ses yeux. « J’ai travaillé tellement dur pour celui-là. Et je dois remercier toute mon équipe, parce que ce n’est pas un titre individuel. C’est un titre collectif, et chacun l’a mérité ». Sur scène, le soulagement se lit sur son visage. Le ton est posé, mais chargé de reconnaissance. La victoire face à G2 est d’autant plus significative que l’équipe l’avait lourdement perdu en winner bracket. « Il fallait se relever. Et on l’a fait ».

Jojo, un coéquipier moteur : « Il m’a redonné faim »

En rejoignant Movistar KOI pour la saison 2025, Elyoya intégrait un projet en construction, avec un midlaner nord-américain au profil atypique. Seo "Jojopyun" Ye-bit, premier import NA à rejoindre le LEC, avait été accueilli avec scepticisme. Mais les résultats parlent d’eux-mêmes. Et le jungler espagnol ne cache pas à quel point son nouveau midlaner l’a impressionné. « Il a prouvé qu’il était le meilleur en Europe. Il vient d’Amérique du Nord, il m’a battu là-bas, il revient ici et il bat tout le monde. Il a montré à quel point il est fort ».

Mais au-delà du niveau de jeu, Elyoya insiste sur une dimension plus profonde, plus humaine : « Il a été un coéquipier incroyable. Depuis le début, il est affamé. Et ça, ça m’avait manqué. Je crois que c’est quelque chose qui manquait dans mon ancienne équipe. Je suis vraiment reconnaissant d’être entouré de joueurs comme lui ». L’échange est réciproque. Jojo rend hommage à son jungler sur scène : « Elyoya est le joueur le plus passionné avec qui j’ai joué. Son envie de gagner est contagieuse. Il donne l’exemple ». Une complicité évidente, traduite aussi dans les images du titre. Les deux joueurs ont été les moteurs d’un collectif qui n’a jamais cessé de progresser durant le split.

« Il n’y avait plus d’heures dans une journée pour travailler »

Quand Laure Valée lui demande ce qui a changé depuis son dernier titre, Elyoya ne cherche pas d’excuse ni de formule facile. Il parle de travail. « On a bossé plus que n’importe quelle autre équipe. Il n’y avait littéralement plus d’heures dans une journée pour s’entraîner. On a traversé la pluie, la tempête… Parfois, c’était moi qui faisais la tempête, parfois Jojo faisait tomber la pluie ».

L’image est volontairement imagée, mais l’intention est claire. Ce titre est le fruit d’un processus long, exigeant, parfois chaotique. Loin d’une montée en puissance linéaire, MKOI a dû gérer des crises internes, des défaites difficiles et une pression médiatique constante. « On en a bavé, mais on voulait tellement y arriver. Alors c’était juste une question de temps. On savait qu’on y arriverait ».

Quand il évoque sa propre expérience, Elyoya parle d’un titre qu’il peine encore à réaliser : « C’est difficile de tout digérer maintenant. Ce soir, je vais sûrement péter un câble. Mais là, je ressens tellement de choses en même temps que je ne sais même pas comment je me sens. Je suis juste reconnaissant d’être ici ».

Une dédicace forte : « Ce titre est pour Melzhet… et son fils »

Parmi les moments les plus intimes de l’interview, la question sur la personne à qui il souhaite dédier cette victoire provoque une réponse spontanée, bouleversante. « Ce titre, je veux le dédier à Melzhet. Il est avec moi depuis le tout début de ma carrière. Et il vient d’avoir un enfant. J’espère que ce souvenir pourra être aussi spécial pour lui que la naissance de son fils ».

L’émotion est palpable. Le lien entre Elyoya et son coach, Tomás "Melzhet" Campelos, va bien au-delà du simple cadre professionnel. « Il a toujours été là. Il a mis tellement d’émotions dans ce projet. Il l’a mérité. Ce titre est pour lui. Et aussi pour son fils ». Puis il enchaîne, en élargissant la reconnaissance au reste du staff : « Zev, Hansen, Louis… tous nos coachs ont fait un travail incroyable. Sans eux, on serait totalement perdus ».

Il conclut avec un mot pour ceux qu’on ne voit pas toujours à l’écran : « Merci à tous les fans, et plus personnellement à ma mère, mon père, ma sœur, mes amis, ma copine… Et aussi aux co-streamers, à Evi, à tous ceux qui ont accompagné le projet. Ce n’est pas juste une équipe de cinq joueurs. Ce sont tous ceux qui sont derrière. Ce titre, c’est aussi le leur ». Avec ce quatrième titre, Elyoya rejoint un cercle restreint de joueurs les plus titrés du LEC.  À l’approche du MSI, il ne reste qu’une question : jusqu’où peut aller cette équipe ?