FURIA, quand les pitbulls retirent leurs muselières

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2023 a très mal débuté pour les joueurs brésiliens de FURIA Esports. Eux qui avaient atteint les phases finales (Champions Stage) de tous les Majors depuis 2021, ont été sortis piteusement du dernier organisé par BLAST à Paris. L'écurie avait choisi de changer de style de jeu, elle fait aujourd'hui machine arrière pour le plus grand plaisir de ses fans.

Le retour de l'agressivité

Vous aimiez quand FURIA venait casser les codes en compétitions avec un jeu extrêmement offensif, là où la plupart de leurs concurrents préféraient opter sur un jeu plus lent, voir très lent comme Virtus.pro ? Eh bien vous serez ravis d'apprendre que la structure brésilienne a choisi de revenir à ses fondamentaux suite aux recrutements du sniper/leader Gabriel "⁠FalleN⁠" Toledo et de son acolyte chez Imperial Esports Marcelo "chelo" Cespedes. Deux nouveaux venus et donc deux départs qui, sans surprise, ont été finalement ceux qui étaient arrivés en dernier avec le jeune André "drop" Abreu (pourtant plutôt prometteur) et le tireur de précision Rafael "saffee" Costa. Un binôme qui poursuivra de son côté sa route ensemble du côté des mibr qu'ils ont rejoint depuis quelques semaines maintenant.

Le nouveau visage de FURIA après ce mercato estival (c) FURIA

Mais alors du côté de FURIA à quoi faut-il s'attendre aujourd'hui, quand on sait que le club a cassé sa tirelire pour récupérer les deux joueurs d'Imperial ? Les rumeurs faisant état d'une somme de 700 000 dollars dépensée juste pour débaucher FalleN, ce dernier récupérant par la même occasion le brassard de capitaine qui était porté jusqu'à maintenant par Andrei "arT" Piovezan depuis plus de cinq ans. Tout d'abord ce mercato est véritablement historique pour le club, ce dernier n'avait jusqu'à maintenant jamais autant dépensé ni pris de risques sur le marché. Leur politique était depuis longtemps maintenant de faire monter des jeunes voir de tenter des coups, plus ou moins réussis quand on se souvient par exemple de l'échec qu'avait été la venue de l'Américain Paytyn "junior" Johnson en 2021. Or cette stratégie, même si elle n'a pas toujours été payante comme nous vous le disions plus haut, leur avait permis d'être le représentant numéro 1 du continent sud-américain, de s'installer dans le top 15 mondial pendant presque quatre années sans discontinuer et de participer à trois phases finales de Major consécutives, dont une demi-finale à domicile durant les Intel Extreme Masters Rio Major 2022.

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Ces résultats beaucoup les critiquaient car finalement, s'il y a eu beaucoup de places d'honneur, le nombre de titres restait famélique. L'équipe n'a d'ailleurs jamais soulevé un seul trophée dans les plus grands événements mondiaux et les seules premières places qu'ils ont eu étaient lorsque les Européens n'étaient pas présents. Pourtant regarder les performances des Brésiliens sous le seul prisme des victoires dans des compétitions de premier plan, ce ne serait pas rendre hommage à tout le travail qu'ils ont pu accomplir et la régularité qui était la leur jusqu'au début de l'année 2023. Un style de jeu très agressif, une capacité d'adaptation en milieu de round assez exceptionnelle de la part de arT et de véritables pitbulls sur les serveurs capables de déstabiliser les défenses les plus rodées du circuit international. Personne ne jouait comme FURIA et ce n'était même pas forcément une question d'envie, c'est que FURIA possédait tout simplement des joueurs au caractère explosif. Certains analystes expliquaient toutefois que ce style si particulier les rendait prévisible, que arT n'avait pas les épaules pour porter une telle équipe, qu'il manquait un sniper, bref il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas et c'est donc suite à toutes ces critiques qu'en 2023 le groupe décidé de changer radicalement.

— Jacob “Pimp” Winneche (@PimpCS2) March 15, 2023

Un style beaucoup plus lent calqué sur la méta européenne, des redirections absentes, un contrôle permanent, enfin FURIA jouait comme les autres et on s'ennuyait en les regardant. Sauf que mettre des muselières à des pitbulls on se doute que ça a peu de chances de fonctionner dans la durée. On les sent bridés, parfois même perdus, les échanges ne sont plus fluides, le contrôle est fait parfois sans réelle maitrise de la situation. Bref ça ne va pas, c'est moche à regarder et en prime les résultats sont loin d'être meilleurs. Si le groupe avait choisi à la fin de l'année 2022 de quitter les États-Unis pour retourner s'entraîner au Brésil -initialement car le niveau de jeu outre-Atlantique étaient bien trop faible pour corriger quoi que ce soit lors des entraînements- en Amérique du Sud ce n'est guère mieux. Et pourtant avec un style peu plaisant et dont on voit clairement qu'il ne fonctionne pas, cela suffit malgré tout à FURIA pour se débrouiller sur ses terres et terrasser ses concurrents. Sauf qu'en Europe les choses ont changé, le « Jame Time » vainqueur à Rio fin 2022 a clairement du plomb dans l'aile depuis que G2 Esports, Heroic ou même Vitality ont repris les commandes de la scène avec un style loin d'être explosif mais qui se focus beaucoup plus en direction de la puissance de feu de ses membres. Et puis des jeunes formations comme MONTE, Bad News Eagles ou GamerLegion ont quant à elles misé sur une manière de jouer beaucoup moins académique et plus explosive que ce qui avait l'habitude de se pratiquer dans le top 10 mondial.

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Alors quand FURIA a choisi de changer son fusil d'épaule, ils ont peut-être mis du temps avant de comprendre qu'ils faisaient fausse route. Pourtant ils ont eu des alertes avant de se rendre à Paris pour y disputer le Major. A Katowice ils se cassent les dents dès les phases préliminaires (play-in) contre de très faibles BIG et surtout perdent face aux Mongols de IHC Esports. A Malte, pour l'ESL Pro League, c'est mieux puisqu'ils atteignent les quarts de finale mais si l'on regarde de plus près leurs matchs ils rencontrent des adversaires qui ont la tête ailleurs où bien qui de toute manière ne sont pas au niveau à ce moment-là. Et puis il y a pour terminer les Intel Extreme Masters Rio 2023, où cette fois encore ils sont les meilleurs représentants de leur zone géographique et où ils battent un poids lourd comme FaZe Clan 2-0 (16-08 Mirage /16-13 Nuke), mais on sent que les rouages sont toujours grippés et qu'une fois qu'ils affrontent un adversaire plus rodé au jeu lent ou bien à l'inverse qui mise tout sur sa puissance de feu, alors plus rien ne fonctionne. Ce sera assez frappant d'ailleurs contre Cloud9, Heroic, Mouz, G2 et même MONTE.

FURIA

MONTE

yuurih
arT
KSCERATO
drop
saffee

Date: 13/05/2023
GOTV: HLTV.org
Ancient

Woro2k
BOROS
DemQQ
kRaSnaL
sdy

CT
T

[ 7 : 8 ]
[ 0 : 8 ]

T
CT

FURIA

[ 07 : 16 ]

MONTE

Mais alors comment FURIA compte redresser la barre pour la suite de l'année ? Nous avons eu l'occasion de voir en avant-première comment « Le Professeur » Gabriel "FalleN" Toledo comptait utiliser les joueurs à sa disposition et le style préconisé. Ce sera différent d'avec Andrei "arT" Piovezan c'est sûr puisque désormais c'est bel et bien FalleN qui se charge de lancer les stratégies en début de round. En revanche il a décidé de redonner de la liberté à ses pitbulls tandis que l'ancien capitaine a récupéré son rôle d'ouvreur et se fait plutôt discret sur le vocal d'ailleurs, malgré tout il participe activement à l'élaboration des tactiques en amont des matchs. Le quintette tournera autour de deux stars qui doivent décoller les têtes et pour qui l'ensemble du groupe jouera. La première sera Yuri "yuurih" Boian qui est placé généralement en binôme avec FalleN qui lui jouera le rôle de support et sera celui qui lance les exécutions sur les sites et s'occupe de poser la bombe, et autant vous le dire tout de suite on attend plus les 30 dernières secondes pour déclencher. Kaike "KSCERATO" Cerato de son côté bénéficiera de davantage de libertés encore dans son rôle de rôdeur (lurker) tandis que Marcelo "chelo" Cespedes sera en soutien de arT pour ouvrir les sites en première ligne. Le style redevient également beaucoup plus offensif, explosif et rapide mais moins dans la redirection que par le passé. L'équipe s'inspire certainement de ce que les surprises qu'étaient Into The Breach, GamerLegion ou MONTE ont pu faire lors du dernier Major. Mais surtout le club renoue avec ce qui a fait son identité pendant toutes ces années, le spectacle !

arT et FalleN travaillent en amont sur le style de l'équipe et les stratégies (c) FURIA

Sur le papier Gabriel "FalleN" Toledo est également un joueur qui sera capable enfin d'être un sniper plus proactif que ne l'était Rafael "saffee" Costa par exemple. Il n'hésite d'ailleurs pas quand l'occasion se présente à lâcher son arme de prédilection voir à réaliser ponctuellement des actions dignes des plus grandes sorties de Kenny "kennyS" Schrub lorsque ce dernier était au sommet de sa carrière. En clair la structure a beaucoup dépensé cet été dans l'optique de redevenir un concurrent compétitif au plus haut niveau, le groupe va également s'installer plus durablement en Europe afin de s'entraîner face aux meilleurs mondiaux et ils espèrent bien retrouver leur place régulière dans les phases finales des plus grandes compétitions. Eux qui sont partenaires de l'ESL depuis le fin d'année 2021 et reçoivent régulièrement des invitations pour prendre part au circuit BLAST ont pour ambition de retrouver durablement le top 5 mondial. Une position qu'ils ont quitté depuis la fin d'année 2020, et cela même s'il y a bien eu deux petites semaines en 2022 où ils étaient parvenus à le réintégrer.