Dans l'une de ces dernières vidéo concernant le rachat du slot de Rogue par Natus Vincere, YamatoCannon revient en détail sur cette transition. Le technicien suédois juge cette arrivée positive, mais souligne le timing risqué, le manque de clarté sur le projet, et la responsabilité qui incombe désormais à NAVI.

Une transaction révélatrice d’un désengagement brutal

L’analyse commence sans détour. Pour YamatoCannon, le contexte du rachat en dit long sur la situation de Rogue. « Rogue ne négociait pas en position de force. Ils veulent juste encaisser et partir », avance-t-il dès les premières minutes. Il estime que l’organisation cherchait à sortir de la ligue depuis un moment, et que l’opération conclue avec NAVI marque avant tout la fin d’un cycle mal maîtrisé.

Selon lui, la transaction s’est probablement faite à un tarif revu à la baisse, bien loin de celui payé par Karmine Corp en 2024. « Je ne serais pas surpris que le slot ait été vendu à un prix bien plus bas que celui que KC a payé ». Il rappelle que Karmine Corp avait acheté 66 % de son slot pour une valorisation de 23 millions de dollars. À ses yeux, le climat économique actuel et l’urgence du départ ont pesé : « Rogue perdait énormément d’argent ».

NAVI face au défi de la transition

YamatoCannon s’attarde ensuite sur le calendrier serré de la reprise. NAVI arrive entre deux splits, ce qui limite sa marge de manœuvre immédiate. « La question est : est-ce qu’ils veulent investir maintenant pour avoir un impact, ou est-ce qu’ils vont attendre l’intersaison pour frapper plus fort ». Il pense que la priorité de NAVI sera d’abord de structurer son implantation. « D’un point de vue stratégique, ça a du sens pour NAVI de stabiliser leur base, leurs bureaux, leur setup… et ensuite faire des gros moves sur le marché ». Il note que l’organisation possède déjà des bureaux à Berlin, un atout pour s’ancrer rapidement dans le circuit LEC.

Sur la composition de l’équipe, l’ancien coach reste prudent. Il souligne que rien n’indique aujourd’hui si NAVI compte reprendre l’effectif existant ou construire un nouveau projet. « Je ne serais pas surpris s’ils conservent une majorité des joueurs actuels ». Il rappelle que « beaucoup sont sous des contrats mercenaires », signe d’un recrutement fait dans l’urgence par Rogue. Il insiste néanmoins : « On ne sait rien du roster à venir ».

Le constat amer sur la fin de Rogue

YamatoCannon refuse de réécrire l’histoire. Pour lui, malgré la chute, Rogue a marqué la ligue. « Ils ont apporté des joueurs très cool comme Inspired, Larssen, Hans Sama, Trimby. Ils ont gagné le LEC une fois ». Mais le constat est sévère sur les dernières années. « Regarder Rogue, c’était un rituel de torture », lâche-t-il au sujet de la saison 2024.


Rogue remporte le LEC Summer Split 2022 @RiotGames

Il revient aussi sur les erreurs de gestion, notamment le trade de Trimby contre Advienne : « Un échange complètement fou. Trimby n’était pas heureux dans une équipe qui sous-performait. Il est allé chez Fnatic et ils ont fait du bon boulot. » Pour lui, cette séquence illustre la perte de vision du projet. « Rogue était devenu une équipe qui ne donnait plus rien à la ligue. Dans un système sans franchise, ils auraient été éliminés ». Il retrace aussi l’épisode de la collaboration avortée avec KOI, source de tensions et de malentendus. « Ibai disait qu’il devait payer de sa poche. Il y a eu des désaccords philosophiques clairs entre KOI et Rogue ».

Une attente forte envers NAVI

L’arrivée de NAVI suscite chez lui à la fois de l’espoir et de l’exigence. Il rappelle le poids historique de l’organisation. « Ils ont de la fierté et de l’honneur, ce que Rogue a clairement perdu après son titre en 2022 ». Pour lui, une équipe comme NAVI ne peut pas se permettre de rester dans les bas-fonds du classement. « Si NAVI est dans la même position que Rogue, c’est quelque chose qu’ils n’accepteraient jamais ». YamatoCannon appelle NAVI à assumer pleinement cette opportunité. « Ils ont beaucoup de pedigree esport. Ce serait très honteux s’ils ne sont pas compétitifs, ou s’ils ne présentent pas une idée claire de ce qu’ils veulent être dans la ligue ».

Il salue le potentiel qu’apporte une telle organisation, tout en pointant les faiblesses du moment : un timing compliqué, un projet encore flou, et un héritage laissé en friche par Rogue. Reste à voir si NAVI saura transformer cette transition rapide en projet solide et durable.