L’événement Fleur spirituelle a débarqué la semaine dernière sur League of Legends avec le patch 10.15, mais également sur Legends of Runeterra avec le patch 1.6. À cette occasion, Riot Games nous donne un aperçu des coulisses du développement et explique le processus de conception visuelle de Fleur spirituelle dans une série d’articles hebdomadaires.

Bienvenue dans le deuxième volet de notre série en quatre parties dédiées à la Fleur spirituelle. Lisez notre premier article, « Création de Fleur spirituelle », pour découvrir comment l'équipe de développement thématique a créé le monde. Et revenez les deux mardis suivants pour savoir comment nous avons conçu « Le Chemin, un mythe ionien » et « Frères de la Lame pourpre », ainsi que le design audio de Fleur spirituelle.

Enfin, nous l'avons fait. Nous avons réalisé notre projet d'anime. Et désormais, vous pouvez tisser des liens romantiques émotionnels étroits avec les champions que vous aimez déjà.

« LOL, c'est quoi ce délire, Riot ? Qu'est-ce que vous faites ? Pourquoi ? Arrêtez. S'il vous plaît. »

Non. On ne s'arrêtera pas. Et voici pourquoi : quand l'équipe de développement thématique a commencé à travailler sur Fleur spirituelle, elle s'est rendu compte qu'on faisait quelque chose de spécial — un mélange savoureux et unique de League et d'anime — et elle a voulu faire de son mieux.

Et quand Ryan « Reav3 » Mireles, producteur en chef de Fleur spirituelle, a vu l'univers que l'équipe était en train de bâtir, il a tout de suite compris ce qui lui fallait : un roman visuel.

Du jeu vidéo à l'anime

« À l'origine, quand on a commencé à travailler sur Fleur spirituelle, on a voulu créer un événement versus. Il y a le kanmei et l'akana, alors on s'est dit que ça fonctionnerait vraiment bien », explique Reav3. « Mais quand j'ai parlé avec l'équipe dédiée à la narration, il est devenu évident que ça ne marcherait pas. Les esprits ne sont ni bons ni mauvais, ce ne sont que des nuances de gris. Et là, quelqu'un a suggéré de pousser à fond l'aspect anime de la thématique. Il y a beaucoup de grands fans d'anime parmi nous, alors ça paraissait logique. »

C'est un fait : beaucoup de Rioters aiment les anime. On peut même dire que certains d'entre nous sont des japonophiles, voire, de façon plus péjorative, des weeaboos (tous les regards se tournent vers Sett). C'était donc une opportunité de vraiment faire de l'anime. Mais qu'est-ce que ça signifie dans le contexte de League ?

Reav3 est rentré chez lui ce soir-là en réfléchissant à cette question. Hormis le fait de créer un véritable anime , nous nous étions donné un objectif : faire un roman visuel. Mais il fallait le faire bien. Il ne fallait pas perdre l'essence de League ni dénaturer les champions que les joueurs aiment.

Même si Reav3 pouvait se vanter d'avoir joué « des milliers d'heures de roman visuel », il n'en avait jamais créé aucun. Puis, quand on a une idée, elle ne se réalise pas toute seule comme par magie. Il faut une équipe. Une dream team de weeaboos.

L'anime, un art multiple

« C'était le jour de mon retour au bureau après un arrêt de deux semaines pour grippe. Reav3 est venu me voir et m'a dit : 'J'ai une idée géniale' », se souvient Jared « Carnival Knights » Rosen, directeur narratif du développement thématique. « Là, il m'a dit qu'il voulait faire un roman visuel et j'ai répondu un truc du genre, 'OK. On le fait !' »

Contrairement à Reav3, Carnival Knights avait déjà travaillé sur des romans visuels. Deux, en fait. Alors il a commencé à donner vie à l'idée de Reav3 en regardant la liste des champions et en se demandant comment ils s'intégreraient aux Liens spirituels.

Les champions de Fleur spirituelle incarnent différents mythes dans la culture ionienne. Yone et Yasuo sont des frères déchirés qui cherchent la réconciliation. Cassiopeia est l'incarnation de la tentation. Teemo incarne l'esprit farceur (et ne vous jouera pas de mauvais tours, non ! C'est promis !). Ahri est la bergère des âmes. Vayne doit vaincre ses démons intérieurs. Kindred représente les avatars de la mort. Lillia protège les esprits au sein de son bosquet. Et Riven doit accepter sa propre mort.

À partir de ces trames d'histoire, Carnival Knights a dû déléguer le travail à une équipe de huit auteurs. Certains d'entre eux connaissaient très bien les champions car ils les avaient créés pour League. D'autres étaient relativement inexpérimentés dans le domaine, mais ne manquaient pas d'idées.

« Je voulais être sûr que les auteurs s'amusent sur Liens spirituels, alors je les ai encouragés à utiliser leur propre inspiration... pour voir où l'histoire les emmènerait », explique Carnival Knights. « Ensuite, l'éditeur narratif en chef Thomas « Riot Wilkingham » Cunningham et moi avons fait quelques passes de modification pour nous assurer qu'ils étaient cohérents. C'était beaucoup de travail, mais c'était vraiment gratifiant. Ces auteurs ont un talent incroyable, alors voir le résultat qu'ils ont obtenu une fois le travail terminé était vraiment, vraiment cool. »

Non seulement les champions devaient coller au monde de Fleur spirituelle, mais ils devaient en plus être anime.

« C'est moi le plus... gros weeaboo du groupe », avoue le responsable artistique de conception Gem « Lonewingy » Lim. « Du coup, au final c'était moi qui apportais les connaissances spécialisées. Ce qui veut dire que je m'assurais que l'équipe comprenne bien les différents types d'anime comme le dandere, le tsundere, le yandere, le kakkoii et le kawaii. Et en plus de ça, je devais faire en sorte que les artistes restituent correctement ces émotions. Ça ne pouvait pas juste être un anime. Il fallait que ce soit de l'anime de qualité ! »

Les bons anime disposent d'images détaillées de haute qualité, mais en créer pour chaque champion nécessitait que les graphistes commencent à travailler avant même que les histoires ne soient terminées. Donc... ils ont commencé à prendre des commandes, comme au restaurant. « Vous voudrez combien d'éléments pour Vayne ? Ah, vous ne prendrez pas le Teemo qui rougit ? Très bien, je peux vous proposer un Teemo joyeux à la place. »

« En graphisme, il y a un principe selon lequel il faut tout dessiner. Ça veut dire que si l'objet est masqué par autre chose, vous devez quand même le dessiner », explique Paul « Riot Zeronis » Kwon, notre créateur artistique en chef. « Tout dessiner permet de s'assurer qu'on a les bonnes proportions et les bons angles, même s'il faut supprimer des parties. Par exemple, on a eu beaucoup de mal à insérer Thresh dans certaines scènes. Si on ne l'avait eu qu'à partir de la taille, nos options auraient été très limitées. Le fait d'avoir tout son corps nous permet de le couper comme on veut et d'ajuster selon nos besoins. »

Mais une bonne histoire et des graphismes anime de qualité ne font pas un roman visuel, et encore moins un bon roman visuel. Et ils ne suffisent certainement pas à faire un roman visuel digne de League.

Un roman visuel, certes, mais un roman visuel League

« Quand nous avons décidé que Liens spirituels, et plus globalement Fleur spirituelle, seraient de l'anime à la sauce Riot, notre but n'était pas de créer de simples produits dérivés. On voulait rendre un véritable hommage à l'anime dans le style de League », ajoute Reav3. « Oui, on faisait bien de l'anime, mais il fallait conserver l'esprit de League. Et il fallait que ça fonctionne avec League. »

L'équipe voulait que Liens spirituels s'intègre dans League de façon harmonieuse. À l'origine, ça consistait à créer des missions attribuées au joueur par les champions. Ensuite, le joueur pouvait faire une partie et réaliser x éliminations ou jouer l'un des champions. Mais c'était... ennuyeux. Non seulement les quêtes normales ne parvenaient pas à procurer l'expérience unique que nous souhaitions, mais en plus, elles n'avaient rien d'un roman visuel. Alors notre game designer Zara « Riot Gearhook » Berry a proposé une approche différente.

« Toute l'équipe était en train de créer un roman visuel magnifique et je voulais que le système de gameplay lui corresponde. À l'origine, on voulait que les joueurs prennent leur personnage préféré et le soutienne en jouant exclusivement son histoire », explique Riot Gearhook. « Mais j'ai trouvé que ça ne rendait pas justice au travail de Carnival Knights et des auteurs. Ils avaient écrit des histoires très profondes, alors j'ai voulu créer un système permettant aux joueurs de tout essayer. »

Riot Gearhook a finalement abouti à un système de réputation qui récompense les joueurs de... jouer à League, simplement. Faire la queue pour jouer, casser du noob et gagner la confiance des champions. Thresh est doué en contrôle des foules, Vayne ne vit que pour tuer et Yasuo enchaîne les éliminations (malheureusement, il n'y a pas de récompense pour avoir atteint le pic de puissance 0/10).

« Je suis vraiment content du résultat. Mais ça ne suffit pas pour que la réussite soit totale. On ne fait pas les choses pour nous », dit Reav3. « C'est un moyen complètement inédit pour les joueurs de découvrir les champions et leurs histoires. Et si les joueurs aiment vraiment ça et qu'ils y jouent beaucoup, ça nous ouvrira pas mal de portes à l'avenir. »

« On n'avait encore jamais essayé de développer les histoires de façon ponctuelle, via des objectifs de gameplay », ajoute Carnival Knights. « Ça me plairait beaucoup de reproduire ce genre d'expérience à l'avenir. Mais ça dépend complètement de ce que les joueurs vont en penser. »

Alors sur ce, nous vous invitons à aller de ce pas vous faire plein d'amis bisou.