$400,000 pour les joueurs, c'est une belle somme certes, mais ce n'est pas l'enjeu majeur de cette compétition. Depuis sa sortie, StarCraft2 a une ampleur qu'aucun autre jeu n'a connu en e-sport. Les joueurs sont très nombreux, venant de BW, WC3 ou même d'autres jeux et les compétitions se multiplient sur internet mais aussi en LAN. Les fonds débloqués pour StarCraft2 sont quand même assez surprenant. Il n'y a quasiment pas un jour de la semaine sans une cup du soir où il y a 100€ ou plus à gagner, le cash prize des lans atteint des sommes conséquentes et les LAN offrant des récompenses financières se multiplient. Forcément, ceci étant dû à la popularité du jeu, par conséquent les structures tentent de construire des équipes solides et la notion de joueur salarié n'a jamais été aussi répandue. Les joueurs sont pour la plupart des semi-professionnels, touchant une indemnité mensuelle et profitant en bonus des cash prize omniprésents. A l'exception de certains pays de l'Est, les salaires sont souvent trop bas pour en vivre.

 

 

Si la NASL est un succès, et devient une institution au même titre que la GSL, ce serait un premier pas et nous pourrions alors dire que "l'occident est prêt". L'Amérique et l'Europe ont toujours été et sont toujours dans l'ombre de la Corée du Sud quand il s'agit d'e-sport et pourtant une réussite de ce projet pourrait enfin délocaliser ce phénomène pour le rendre global. Alors certes la Corée restera en avance pendant un moment car le jeu vidéo est vraiment ancré dans la culture locale, et on semble encore loin de la première gaming house française. Mais il faut toujours un déclencheur, et une telle league pourrait être ce détonateur transformant une activité vidéo ludique en e-sport et les geeks en sportifs.

 

Un échec de la NASL ne serait pas pour autant la fin en soit des espoirs de voir un monde pro occidental, mais le processus serait ralenti. Car là où la NASL se différencie des nombreux événements à gros budgets qui voient le jour en ce moment, c'est dans le fait que ce tournoi prend la forme d'un championnat professionnel sur plusieurs saisons et non pas un simple tournoi sur quelques jours. La réussite de cette entreprise sera une démonstration aux organisations qui n'ont pas encore investi dans le gaming qu'un projet durable avec des joueurs récurrents est possible et c'est cet argent qui doit être attiré pour que le gaming professionnel soit autre chose qu'un rêve.

 

L'autre enjeu sera l'éternel face à face joueurs de Corée contre le reste du monde. Aux IEM la Corée avait envoyé 3joueurs considérés comme des seconds couteaux, n'ayant même pas passé le 1er round de la GSL codeA et pourtant ils avaient roulé sur les meilleurs joueurs du reste du monde. Cependant les divisions se jouent sur internet, et la TSL3 semble montrer que les Coréens ont du mal online. Donc même après la fin de cette compétition, la situation sera probablement inchangée. En tout cas l'écart ressemble moins à un gouffre que sur BroodWar et les non coréens travaillent dur pour rester au contact, voir des coréens éliminés dès les divisions ne serait pas si surprenant.

 

Pour les organisateurs, à savoir les américains, ça sera l'occasion de révéler que leur joueurs qui sont souvent méconnus de la scène mondiale, ont le niveau pour ce genre de compétition. Certains joueurs choisis pour la compétition souffrent en effet d'un manque d'aura hors de leur continent où ils sont réputés comme de bon joueurs. Si de tels joueurs s'offrent des têtes de série mondialement reconnues, les enfants du serveurs NA prouveront leur valeur, une occasion en or de démontrer que le serveur NA n'est pas aussi faible que tout le monde le dit.

 

De l'argent, de l'honneur, des duels entre rivaux sous couvert de fierté nationale, cette NASL a tous les ingrédients - en anticipant les hot babes pour le tournage des finales - pour être une réussite et on suivra cette compétition avec un plaisir non dissimulé.