Après la victoire de G2 contre SK Gaming, BrokenBlade s’est exprimé longuement dans le Post Game Lobby. À la veille du choc contre la Karmine Corp, le toplaner turc a dressé un état des lieux lucide de la ligue, analysé la progression de la KC, salué ses anciens coéquipiers, et évoqué sans détour les dynamiques internes chez G2. Un entretien dense, marqué par le respect et une ambition intacte.

BrokenBlade décortique la progression de KC, les ambitions de G2 et l’état de la LEC

Dès les premières minutes, BrokenBlade pose le cadre. Interrogé sur les forces en présence au sein de la ligue, il désigne sans hésitation KC comme le leader actuel : « Si je suis très honnête avec vous, KC est l’équipe qui a l’air la plus forte en ce moment. Fnatic arrive deuxième. Et nous, on est troisièmes. » Une forme d’humilité de la part du joueur de G2, qu’il revendique sans détour : « Je ne vais pas dire qu’on est les meilleurs. On doit le prouver, et regagner ce statut. »

Face à cette Karmine Corp qu’il retrouvera dès le lendemain, BrokenBlade affiche un mélange de respect et de défi. Il reconnaît la solidité du collectif, mais pointe aussi des limites dans leur marge de progression. « Je pense qu’ils peuvent encore devenir bien meilleurs. Ils se limitent un peu parfois, notamment dans le champion pool de Vladi . » Il observe notamment que le midlaner de la KC s’est éloigné des mages de contrôle pour privilégier des picks explosifs, dans une logique de duel mécanique. « Il essaie de skill-check ses adversaires. »

Lorsqu’on l’interroge sur la capacité de KC à maintenir son niveau après sa finale internationale, il évoque son propre vécu. « C’est dur de revenir après être allé loin. Tu dois prendre le temps de te reposer. J’ai parlé avec Yike, et ils ont compris ça. Je pense qu’ils sont prêts. Si les playoffs commencent, tu dois tout donner. Sinon, tu perds, même si tu arrives en tant que favori. »

Yike, Vladi, Caliste : les fondations d’une KC respectée

Le ton se fait plus personnel quand il s’agit d’évoquer son ancien coéquipier Yike, aujourd’hui pièce centrale du projet KC. « J’aime Yike. J’ai vu son père aujourd’hui dans le lobby de l’hôtel, il m’a souri. C’est un homme très sincère. Mais je vais devoir le rendre triste demain. » Le message est lancé, sur un ton à la fois léger et résolu. « Il y aurait une satisfaction spéciale à transformer l’arène en bibliothèque », ajoute-t-il en souriant.

Il salue également la montée en puissance de Vladi : « Quand il est arrivé, je me suis dit : mais c’est qui ce gars ? Maintenant, je sais. Il a montré à tout le monde qui il est. Je respecte ça. » Il apprécie aussi le caractère du jeune midlaner : « Il est un peu cocky. Mais c’est bien, c’est ce dont la ligue a besoin. » Pour BrokenBlade, c’est Yike qui joue un rôle clé dans l’équilibre du collectif : « Il garde Vladi et Caliste sous contrôle, il leur dit que l’année est longue, qu’il faut tenir pour aller aux Worlds. »

Concernant la toplane, BrokenBlade compare les styles de Canna et Naak Nako. Il décrit le premier comme un joueur « très stable », parfois jugé peu créatif, mais d’une grande fiabilité : « Il joue très bien ce qu’il sait jouer. Tu peux drafter autour de lui. » À l’inverse, il voit en Naak Nako un joueur instinctif : « Il mise tout sur la micro. Il ne va pas te surprendre avec une meilleure rotation, mais il a du talent. J’aime bien ce genre de joueur, je viens de là aussi. » Il souligne cependant sa volatilité : « Contre Fnatic, il était très fort. Contre Rogue, avec Yasuo, c’était une catastrophe. Il doit gagner en constance. »

Une équipe G2 en transition, mais prête à monter en puissance

Sur l’état de la ligue, BrokenBlade se montre plutôt optimiste. Il estime que le LEC 2025 offre un niveau de jeu plus homogène que les années précédentes : « On a un top 4 solide. Même les équipes du bas de tableau ont une identité. Peut-être sauf Rogue, sans vouloir être méchant. » Il ajoute : « Ce split pourrait donner lieu aux meilleurs playoffs que j’ai joués en Europe. Je suis excité, mon équipe aussi. »

Enfin, il revient sur les évolutions internes de G2, qui a accueilli deux nouveaux joueurs cette année : SkewMond en jungle et Labrov au poste de support. L’adaptation a pris du temps, en particulier autour du 3v3 mid. « C’était un vrai défi. On a dû comprendre comment chacun réagit, dans les bons comme dans les mauvais moments. » Il confie avoir passé du temps à échanger avec Skeanz : « Il m’a appris des choses sur le jeu. Sur les camps, les timings, le pathing. Je me suis dit : attends, ça fait vraiment sens. » Quant à Caps, son avis est sans détour : « Il a grandi. Il dit des choses très intelligentes en situation de pression. Et il reste ce joueur unique, toujours en train de faire des blagues de daron. Il ne prend même pas de valise quand on part en tournoi. Il est juste... Caps. »