Loin de la froideur mathématique de la méta, certains joueurs se sont et nous ont fait plaisir en sélectionnant des champions exotiques. La rédaction s'attarde sur les Exo-picks du Play-In et du du Main-Event afin d'analyser leurs chances de réapparaître dans ces Worlds 2019.


Les Worlds 2019 ont bien commencé et la phase Play-In a rendu son verdict. Si on peut déjà tirer quelques enseignements sur la méta de la compétition, pour le plaisir des yeux, on a aussi observé quelque exotisme dans les choix des champions. Surprises éphémères ou choix visionnaires ? La rédaction a décidé de s'attarder sur quelques picks exotiques sortis lors de ce début de compétition.

 

 Fiddlesticks, la surprise du chef

Joué par Edward (Unircorns Of Love) contre Clutch Gaming

Historique du champion
Le champion est plutôt rare, un peu plus d'1% de présence sur l’ensemble de la saison 9. Aux Worlds, cela faisait une éternité qu’on ne l’avait plus vu, sa dernière apparition datant de 2013 lorsque le Coréen Insec l’avait joué dans la jungle.
Edward n’a pas de passé particulier avec le champion. Dans sa très longue carrière professionnelle, ce n’était que sa 4e fois. Cette année, il ne l’avait pas encore sorti de son chapeau.
 

Impact dans la partie
Fiddlesticks a mis une belle pagaille dans la partie et cela dès la phase de draft puisqu’il a été sélectionné en première rotation. Il a passé une phase de lane passive mais sécurisée aux côtés d’un Heimerdinger, ce qui est déjà un bon point lorsque l’équipe adverse joue le duo infernal Xayah-Rakan. Après le niveau 6, il a réussi à briller lors des escarmouches et des teamfights, bien soutenu par l’explosivité de Qiyana et un ulti salvateur de Kayle. Avec ses contrôles de foule faciles à placer (silence et fear), Edward a également offert plusieurs kills sur un plateau à son équipe, finissant avec un bon KDA de 0/1/9. En plus de proposer une engage pouvant surprendre, Fiddlesticks apportait une réponse efficace à Rakan qui, une fois effrayé durant son ultimate, est aussi utile qu’une Muramana sur Aatrox.
 

Son futur dans la compétition 
Fiddlesticks est loin d’être un champion méta. Très fragile, que ce soit dans la jungle ou en support, il risque de laisser son équipe en infériorité numérique. Mais avec une composition réfléchie qui le met à l’aise, il peut s’exprimer plus sereinement. Il devrait rester un pick de niche, utilisé pour surprendre ou contrer un champion précis, comme Rakan. Baolan, le support d'Invictus, l'a d'ailleurs sorti au cours du Main Event contre Team Liquid.

 

 Cassiopeia, le pocket pick mécanique

Jouée par Humanoid (Splyce) dans le BO5 contre Unicorns Of Love

Historique du champion
Voir Cassiopeia n’est pas non plus un évènement, même si elle reste tout de même originale. Cette année, elle n’est que le 20e champion le plus joué en midlane (derrière des clients comme Twisted Fate ou Renekton) et a fait quelques apparitions en toplane et en botlane. Peu utilisée, elle serpente et trouve toujours une petite place dans les grandes compétitions. L’année dernière, aux Worlds, elle avait fait 7 apparitions.
Le champion, très exigeant mécaniquement, n’est sorti que par des joueurs qui la maîtrisent sur le bout des doigts. Elle fait partie des picks d’Humanoid, qui la sort régulièrement depuis le début de sa jeune carrière.


Impact dans la partie
Sélectionnée tard dans la draft en seconde rotation, Cassiopeia connaissait déjà son match-up et a donc été choisie de manière consciente face à Corki. Connue pour son relatif manque de mobilité, on pouvait craindre pour Cassiopeia, qui devait faire face à Corki mais également à Skarner. Son début de partie fut en effet mitigé, avec quelques morts. Mais dès le milieu de partie, le pick a révélé toute sa puissance. Bien maîtrisée, Cassiopeia peut kite à l’infini et le Skarner, habituellement si rapide s’est retrouvé cloué au sol et impuissant. Même constat pour Corki, qui ne pouvait utiliser librement sa Valkyrie ou son Gros Paquet à cause des Miasmes. Surtout, Humanoid a fait admirer ses réflexes et son sens du jeu en offrant plusieurs ultimates au poil sur plusieurs cibles lors des teamfights. Finissant avec un KDA respectable de 6/4/10, la Cassio a fait le boulot. En bonus, elle a bien aidé lorsqu’il fallait rapidement faire les Dragons ou le Nashor.


Son futur dans la compétition 
Cassiopeia est un champion très puissant lorsque se profile la fin de partie. Mais en plus d’être très exigeante mécaniquement et pas si facile que ça à jouer, son manque de mobilité peut être rédhibitoire dans une métagame dynamique et explosive. Elle peut cependant s’adapter à une composition plus passive qui attend la fin de partie. Elle bénéficie surtout de l’avantage de pouvoir être jouée sur trois lanes. Sachant que Nemesis (Fnatic) apprécie la femme serpent, on pense avoir de bonnes chances de la revoir au cours de la compétition.

La prédiction s'est d'ores et déjà révélée correcte puisque Humanoid, Caps, Nisqy et Nemesis ont sorti Cassio en midlane au cours du Main Event, sans oublier Sneaky qui l'a étonnament jouée en botlane. Avec un ratio de quatre victoires pour deux défaites (au mid), elle n'est plus si exotique que cela.

 

 Kha'Zix, la victoire sans la manière

Joué par AHaHacik (UOL) dans le BO5 contre Splyce


Historique du champion
Par le passé, Kha’Zix a connu son heure de gloire. Mais cette année, il est un peu tombé dans l’oubli. Lors du Summer 2019, il n’avait que 2 % de présence, ce qui est autant que Zilean ou Nunu, et moins que Riven ou Hecarim… Au vu de ses 66,67 % de winrate, on pourrait s’étonner de ne pas le voir plus. Aux Worlds, on ne l’a pas vu l’année dernière et il faut remonter à 2017 pour voir Ambition, futur champion du monde, le sortir.
Sans parler de pick signature, c’est tout de même le 2e champion le plus joué par le jungler russe. Il dispose d’un excellent winrate avec plus de 85 % de victoire. Cette année, AHaHacik l’a joué 3 fois sans connaître la défaite.


Impact dans la partie
Kha’Zix est vraiment un pick de confort pour AHaHacik, puisqu’il a été pris en première rotation alors que la grande majorité des junglers méta du moment étaient disponibles (Lee Sin, Elise, Gragas, Jarvan…). Mais malgré tout, le moins que l’on puisse dire est qu’il s’est fait totalement outjungle par Xerxe, qui jouait Nocturne. Le Russe trouvant très peu d’ouvertures, on peut lui imputer une large part de responsabilité dans le retard pris par son équipe. Il n’était pas au bon moment au bon endroit, et UOL a laissé passer une cascade d’objectifs, ainsi qu'un écart de golds impressionnant. Même là ou Kha’Zix est censé exceller (l’assassinat de cibles isolées), AHaHacik n’a pas trouvé d’ouverture, mourant même contre Akali dans un duel qu’il était allé lui-même chercher.
Si son équipe a gagné, Kha’Zix a eu un impact très limité. On peut le dire, il s’est fait carry par le lategame de son équipe (Ganglank, Kayle et Kai’Sa) et les erreurs de Splyce. Avec un KDA de 4/8/9, il finit avec le plus grand nombre de morts de la partie. Il est vraiment difficile de trouver un secteur de jeu où il a apporté quelque chose de positif, si ce n’est un ralentissement de zone à l’aide de ses pics. C’est peu, trop peu.


Son futur dans la compétition
Malgré un winrate flatteur, cette partie ne fut pas la meilleure des publicités pour jouer Kha’Zix. Mais si on occulte la performance du joueur russe, le champion apporte un profil intéressant dans la méta, qui fait la part belle aux junglers agressifs amateurs d’escarmouche. Est-ce que Kha’Zix peut rivaliser avec Lee Sin ou Elise dans la jungle ? Tout est une question de skill, mais en fin de partie, il n’a rien à leur envier. Cette année, au Summer, Tarzan, le jungler des Griffin, l’a sorti 2 fois contre des mal classés pour deux victoires. On pourrait donc le revoir un peu, sûrement plus en Bo5 qu'en phase de groupe ou seul Levi le jungler vietnamien s'est risqué à le sortir. Avec peu de succès, en 1/1/2 son Kha'Zix n'a pas pu éviter la défaite de son équipe en ayant un impact très limité.