Après un premier split raté, Gentle Mates a retrouvé des couleurs avec l’arrivée de Yujin et une qualification pour le Major en ligne de mire. Juicy s’est confié à Rocket Baguette sur les hauts, les bas, et les attentes d’une fin de saison qui pourrait les mener jusqu’aux Worlds de Lyon.

Une saison de rebonds et de doutes pour Gentle Mates

Gentle Mates vit une saison mouvementée sur la scène Rocket League. Après un premier split raté, l’équipe française a su rebondir lors du second, jusqu’à sécuriser une place au Major de Raleigh. Un retour en forme inattendu, qui doit beaucoup aux changements opérés au sein du roster et à la capacité de certains joueurs à se remettre en question. Invité dans l’émission Baguette Flash de Rocket Baguette, Charles « Juicy » Sabiani s’est exprimé en longueur sur cette année contrastée. Il revient sur les erreurs du passé, l’impact du recrutement de Yujin, les critiques reçues, l’évolution de son propre rôle, et l’objectif ultime : les Worlds de Lyon.

Rebond après un premier split raté

La saison 2025 avait démarré avec un roster prometteur, formé officiellement le 4 janvier autour de Juicy, Seikoo et Radosin, sous la direction du coach Eversax. Mais le premier split s’est révélé désastreux. Juicy l’admet sans détour : « Honnêtement, le premier split, c’était catastrophique. [...] On faisait nos scrims, mais on n’avait pas trop de temps de jeu. Je pense que ça a pas aidé. Sur le terrain, on ne connectait plus trop ensemble. Enfin… plus trop ensemble. »

L’équipe obtient un top 6 encourageant lors du premier régional, avant de s’effondrer. « Contre Karmine, on s’est fait exploser. Y’a pas d’autre mot. » L’écart de niveau est brutal, et les critiques pleuvent. « Je me rappelle juste qu’après, tout le monde sur Twitter commence à parler : ‘Juicy est trop nul, Rado est trop nul, Seikoo est trop nul.’ Forcément, c’est un peu casse-couille de voir ça, surtout qu’on est en top 6. Mais d’un côté, je les comprends aussi. »

Ce contexte pousse Gentle Mates à envisager des changements. Le départ de Radosin est acté, mais la décision reste difficile à assumer, surtout après un seul split. « Le plus atroce, c’est pas la décision elle-même. C’est de devoir la prendre. [...] De base, le roster, ça devait être Rado et Yujin. Moi, j’étais pas dans les discussions, je devais même pas faire les trials avec eux. » Finalement, son implication sur la fin du split change la donne. « Je crois que c’est par rapport à ma perf ou un truc comme ça où ils se sont dit : ‘OK, il est motivé’. Et on a commencé à faire des trials ensemble. »

L’arrivée de Yujin : impact immédiat, dynamique relancée

Le 12 avril, Liam "Yujin" Daillac est officiellement recruté. Le jeune joueur impressionne immédiatement. « Yujin, il est exceptionnel. Il est trop fort. Et le pire, c’est qu’il a 17 ans. Franchement, que du positif avec lui. » Mais plus que ses mécaniques, c’est l’ambiance qu’il apporte qui semble faire la différence. « Techniquement, après un top 16, un résultat comme ça, t’es obligé de faire un changement, que tu le veuilles ou non. [...] En termes d’ambiance, c’est beaucoup plus positif. On se tire vers le haut entre nous. »

Sur le terrain, les rôles évoluent. Juicy doit s’adapter à un coéquipier qui prend de la place. « Il a un peu pris mon rôle que j’avais avant dans l’équipe. Moi, je suis beaucoup plus calme maintenant, je me fais un peu cut que d’habitude. » Il l’accepte sans problème. « Pour ce qu’il fait, moi je le laisse faire. Frère, fais des trucs. Moi je suis là, je vais au charbon. »

Cette redistribution des responsabilités lui permet de retrouver ses repères : « J’ai un peu retrouvé le joueur que j’étais avant. J’ai pu trouver ma place, savoir ce que je fais à l’avance. Et ça, c’est ce qui fait que je suis fort. » S’il reste des regrets sur certaines performances, l’état d’esprit est meilleur : « Le top 6, on peut battre Dignitas. Le top 4, on peut battre casser. Encore une fois, ça se joue à des détails. Mais franchement, je suis content. »

Major, Worlds, et un rendez-vous à ne pas manquer à Lyon

Le deuxième split a permis à Gentle Mates de se relancer. Trois résultats solides (top 4, top 6, top 4) permettent à l’équipe de se qualifier au Major. Mais la suite se joue sur un fil. « Clairement, je pense que le Major, on le mérite. [...] Là, on est à un point. Si on avait un point de plus, on pourrait faire que demi. Là, on est obligé de faire finale pour aller aux Worlds. » Cette pression supplémentaire ne semble pas entamer la motivation du groupe. « Honnêtement, je suis confiant pour le Major. On a beaucoup tafé, et je sais qu’on va continuer à beaucoup taf. [...] On a essayé de reset mental, et ça a bien marché. »

En cas d’échec, une dernière chance reste possible via le Last Chance Qualifier, un nouveau format. Juicy ne s’en cache pas : « C’est ce qu’on s’est dit avec Seikoo. Rocket League, cette saison, ils ont pensé à nous. Franchement, pour une fois, ils nous ont mis bien. » Et au bout du chemin, il y a Lyon, théâtre des prochains Championnats du monde. L’enjeu est d’autant plus fort. « J’ai joué deux saisons, je me suis qualifié aux Worlds à chaque fois. Si je joue une troisième saison et que je me qualifie pas alors que c’est en France… c’est chaud. »

« Je pense qu’on peut battre tout le monde »

Pour Yujin, ce sera une première LAN. Le staff ne prévoit pas de surcharger le joueur de conseils avant l’heure. « On va voir comment il réagit, et après on verra sur quoi on peut l’aider. » Juicy, lui, dit ne jamais avoir trop stressé sur scène : « J’ai jamais eu trop de mal avec les LANs. À part contre FaZe avec Moist, pour aller chercher le top 12. Là, j’ai stressé, je sais pas pourquoi. Mais mes teammates m’ont réconforté. » Confiant pour le Major, il reste prudent sur l’adversité. « Les NA, je les ai pas encore joués. C’est un peu l’inconnu. En Europe, KC, forcément, faut être fort pour les battre. Mais je me dis pas que c’est inatteignable. [...] Moi, je pense qu’on peut battre tout le monde, honnêtement. J’ai aucun doute là-dessus. »

Gentle Mates aborde la fin de saison dans un état d’esprit retrouvé. Après un passage à vide, l’équipe a su se reconstruire autour d’un joueur jeune et ambitieux. L’enjeu est clair : réussir un dernier coup d’éclat pour valider une saison de transition. La route est courte, mais tout reste encore possible.