Le PDG de la structure nordique est aujourd'hui à la recherche de nouvelles régions et marchés à conquérir, une stratégie qu'il a accepté de détailler de chez nos confrères de Dexerto.

Les projets d'expansion de  GODSENT

L’organisation suédoise d’esports GODSENT, a cette année lancé sa branche Counter-strike au Brésil après que son roster européen ait été racheté par FPX. Avec son capitaine, Epitácio "TACO" de Melo, l’équipe a d’ailleurs réussi à obtenir son slot pour le major de Stockholm. Actuelle 23e équipe mondiale, cette réussite fait un écho direct aux projets d’expansion de GODSENT sur le plan international qui possède dorénavant un bureau en Scandinavie, et un bureau à Mexico pour ses équipes américaines. M. Denebrandt et M. Sandgren, les dirigeants de la structure, ont accepté d’en dire plus chez des confrères journalistes.


Denebrandt à droite, est un ancien joueur de poker, devenu gérant d’équipe esport

Le projet à long terme construit et mené par TACO ressemble à un savant mélange de "champions expérimentés" et de "jeunes talents brésiliens prometteurs". Le PDG s’explique sur ce recrutement : 

Surtout avec une équipe aussi jeune, nous savions que cela allait prendre du temps pour qu’ils s’intègrent ensemble [...] Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais joué ensemble du tout. Regardez Gambit et ce qu’ils ont fait en s’engageant sur la durée ... Nous n’avions pas nécessairement une stratégie en place avec un focus brésilien en soi, c’est plutôt que cette opportunité s’est présentée alors que nous étions dans une période de transition et que nous étions sur le point de libérer notre précédent roster à FPX [...] Nous avions quelques idées différentes, nous avons exploré d’autres options, car nous étions plutôt une organisation européenne, mais ensuite cette opportunité s’est présentée et nous avons immédiatement compris qu’elle avait beaucoup de valeur.

Miser sur le Brésil n’est peut-être pas autant risqué que ce que cela laisse paraître, la communauté sud-américaine est l’une des plus engagées au monde et le marché local est l’un des plus prometteurs quand on connaît l’émergence du pays et de ses habitants, les joueurs esport sont de plus en plus nombreux et tout reste à faire sur le plan des infrastructures.

Le Brésil compte 200 millions d’habitants et l’une des plus grandes communautés, si ce n’est la plus grande, de Counter-Strike, je pense que c’est le pays où la croissance du jeu est la plus rapide au monde selon de nombreux paramètres [...]  Nous sommes instantanément tombés amoureux de la communauté brésilienne et nous voulons avoir un impact plus important que simplement sur le classement HLTV ou le classement mondial ESL.


Les BLAST Sao Paulo avaient rencontré un vrai succès au Brésil (c) HLTV

La problématique majeure dans un tel contexte, et encore plus en pleine sortie de pandémie, reste bien évidemment les revenus publicitaires ou d’opportunités de partenariat lucratives, le Brésil ne possède pas d’acteur local capable d’investir autant que des sociétés en Europe et aux USA. Le duo de dirigeant s’explique concernant cela.

La majorité de nos partenariats sont encore en Europe et dans les pays nordiques. Nous sommes dans une guerre à deux fronts ici, où nous voulons continuer à croître en Amérique du Sud et en Europe, et nous étendre encore plus loin également. Les chiffres ne sont pas encore les mêmes lorsqu’il s’agit de revenus de partenariat au Brésil par rapport à l’Europe, mais il y a d’autres façons de former de bons partenariats basés sur d’autres statistiques que nous regardons également. Par exemple, je pense que nous avons l’une des équipes les plus engagées (vis-à-vis des consommateurs et du public sur place, ndlr) au monde dans Counter-Strike, cela ajoute beaucoup de valeur à la marque et à nos partenaires. Le pouvoir d’achat des supporters brésiliens est beaucoup plus faible, ils n’ont pas forcément autant d’argent que le supporter européen moyen [...] Cela affecte le prix des choses comme les maillots de match. Cependant, les chiffres peuvent compenser le changement de prix, car il peut y avoir des dizaines de milliers de commandes si vous faites les choses vraiment bien. Notre objectif est d’être les meilleurs au monde avec une équipe brésilienne, mais nous espérons utiliser l’équipe pour qu’elle soit intéressante pour les fans de toute la planète, quelle que soit leur nationalité.

Les données économiques du pays sont moindres comparées à l’occident, mais les indicateurs concernant le futur sont au vert pour un investisseur du secteur, L’OCDE prévoit en effet un rebond de 2,6 % du PIB l’année prochaine et affirme que l’économie brésilienne reviendra à son niveau pré-Covid en 2022. Toutefois, l’intensité de la crise sanitaire et les querelles autour des vaccins pourraient noircir le tableau sur le long terme.


TACO, capitaine emblématique pour structure atypique

Le pays sort de dix années de tumultes économiques et sociaux, mais pourrait bien devenir l’une des terres les plus prospères à l’avenir. En tout cas, chez GODSENT, l’optimisme est de mise pour ce qui est de l’expansion à l’international de la marque :

Comparez les 10 meilleures équipes en Europe et le nombre de maillots qu’elles vendent à ce que nous pouvons accomplir en Amérique du Sud [...] Nous ne divulguerons pas de chiffres, mais nous avons récemment permis aux fans de précommander des maillots et plusieurs milliers de maillots ont été réservés. La demande était supérieure à ce que nous pouvions fournir. [... ] Nous avons un bureau en Suède pour l’Europe et un au Mexique pour l’Amérique du Nord et du Sud, mais nous voulons absolument être présents dans d’autres régions, comme l’Asie [...] Cela fait partie de nos plans d’expansion à venir. Il est très important d’avoir des représentants sur le terrain dans les régions où l’on participe. Avec un peu de chance, nous pourrons également mettre en place quelque chose au Brésil, que ce soit un centre de jeu ou une coentreprise où nous pourrons interagir davantage avec les fans.

Aujourd’hui basée à Monterrey, au Mexique, GODSENT opère sur CS:GO en affrontant les meilleures équipes de la région et continue de s’inspirer de quelques-unes des plus grosses structures locales, qui n’hésitent pas à mélanger Sud et Nord-Américains pour performer sur leur sol.


C’est à Monterrey, au Mexique, que les GODSENT évoluent.

Les investissements sont lourds et restent risqués au vu du modèle économique du secteur, le temps que les choses se développent, il faudra pourtant passer par là si ces entreprises veulent construire quelque chose de grand et de significatif dans une industrie inondée de marques concurrentes.

Nous sommes très inspirés par les organisations de style de vie très réussie comme FaZe Clan et 100 Thieves et la façon dont ils emballent et gèrent leurs entreprises [...] Nous pensons que nous avons une marque qui, même si elle est très jeune, a la capacité de devenir une marque de style de vie. C’est définitivement quelque chose dont nous parlons au niveau stratégique descendant comme quelque chose vers lequel nous voulons tendre. Du côté des affaires, nous nous développons super rapidement [...] Les trois dernières années pour nous ont été incroyables en ce qui concerne l’ajout de nouveaux partenaires et l’augmentation des revenus sans presque aucun financement externe. Je pense que nous sommes l’un des meilleurs exemples de Moneyball que l’on puisse observer dans ce secteur. Nous avons accompli beaucoup de croissance organique au cours des trois dernières années et cela étonnerait beaucoup d’organisations.

L’ambition de GODSENT est débordante et il sera passionnant de suivre cette équipe lors du major de Stockholm, dans un environnement toujours plus concurrentiel, reste à savoir si la réussite esportive sera à la hauteur de la réussite économique.