Sa parole est rare et pourtant il s'agit d'un des présidents de clubs les plus influent du monde, le patron de la structure ukrainienne Natus Vincere a récemment accordé une interview dont nous vous proposons les meilleurs passages.

Être partenaire de l'ESL ça rapporte

Yevhen "HarisPilton" Zolotarov est arrivé à la tête de NAVI au tout début de l'année 2017 et depuis la structure a clairement pris de l'ampleur. Le virage vers la formation des jeunes, le rayonnement plus important avec la Russie, le développement de la marque jaune et noir à travers le monde. Les chantiers pour le club sont encore vastes mais les travaux qui ont d'ores et déjà été réalisés prouvent que l'organisation est sur la bonne voie.


Oleksandr "s1mple" Kostyliev et Yevhen "HarisPilton" Zolotarov (c) NAVI

Dernièrement le président directeur général de Natus Vincere a donc accordé un entretien sur le réseau social Linkedin à Alexander Inglot, un des commissaires en charge de l'ESL Pro League. Forcément on y parle argent, partenariat et rayonnement de la marque.

Nous sommes soutenus par plusieurs marques, dont Monster Energy, Logitech, Puma, Raid Shadow Legends et bien d'autres. Celles-ci vont de la technologie, des vêtements de sport, des jeux mobiles aux biens de consommation à évolution rapide et plus encore -et cela résume à peu près les opportunités de la Pro League et de l'esport au sens large. Je pense que la visibilité que nous donnons à ces marques et les relations que nous entretenons avec la communauté CSGO et esport sont les deux éléments clés auxquels nous donnons de la valeur. C'est cette portée et cette connexion avec le public auxquelles les organisations et les marques extérieures à cet univers commencent à prendre conscience. Elles devraient vraiment valoriser ces aspects. Pour ce qu'il en est du milieu, il s'agit d'un public assez difficile à exploiter pour les marques. Ils sont jeunes, ils sont présents sur toute la planète, la majorité sont des hommes et ils ne restent généralement pas très longtemps en place au même endroit. Mais en Pro League, ils sont engagés et dévoués.

Bien sûr, ce public dont je parle, les fans, les équipes, l'écosystème, c'est présent partout dans le monde. NAVI et nos sponsors ne sont pas seulement exposés en Ukraine ou en Russie en raison de notre positionnement géographique. Nous sommes également présents en France quand on joue Vitality, en Scandinavie quand on affronte ENCE et Heroic, en Amérique du Nord quand on joue à Evil Geniuses. La ligue utilise et projette notre nom et nos sponsors partout dans le monde. Et c'est aussi très bien pour les fans car ils voient leurs équipes préférées grandir et ils voient des partenariats de confiance se forger. C'est du gagnant-gagnant.

A l'heure actuelle l'ESL compte 12 structure partenaires, ces dernières sont qualifiées d'office à l'ESL Pro League. On retrouve donc NAVI, Astralis, Liquid, Complexity, ENCE, Evil Geniuses, FaZe Clan, Fnatic, G2 Esport, mousesports, Ninjas in Pyjamas et Team Vitality. Toutefois ce partenariat ne permet pas uniquement aux sections Counter-Strike de ces organisations de participer à un tournoi prestigieux et d'en remporter la dotation (750 000 dollars au total pour la saison 14), chacun reçoit également une part du gâteau global des revenus générés par la retransmission de la compétition. Les montants sont généralement masqués mais pour cette interview le patron de NAVI est totalement transparent en expliquant que cela représente 2 000 000 de dollars pour la seule saison 14 de l'ESL Pro League.

Gagner la saison 14 de l'ESL Pro League et achever l'Intel Grand Slam a été une réussite phénoménale de l'équipe et cela valide toutes les raisons pour lesquelles nous sommes devenus une équipe partenaire avec l'ESL. Du côté des joueurs, leur régularité a vraiment payé. Ils sont rentrés chez eux avec la dotation de la saison 14 et la cagnotte du Grand Slam. Pour NAVI en tant qu'entreprise, nous sommes gagnant également grâce à notre partenariat commercial avec ESL. En tant qu'équipe partenaire nous obtenons également une part des revenus de la saison 14. Dans l'ensemble, cela nous amène à plus de 2 millions de dollars de gains grâce à notre participation cette année et cela nous donne beaucoup plus d'élan pour continuer à grandir et à réinvestir dans notre organisation.

Je dirais que ce sont grâce à des moments comme celui-ci que nous voyons vraiment la valeur de nos efforts dans le Pro Tour. Nous avons gagné parce que nous avons été constants durant nos matchs, et c'est ce que nous obtenons également de notre partenariat avec la Pro League via l'accord du Louvre : la cohérence. Les deux choses réunies, des performances élevées constantes et un partenariat commercial stable et fiable, font toute la différence. Jetez un œil à GGBET, notre principal sponsor sur le maillot : leur site était visible non stop pendant les sept heures de diffusion qui se sont déroulées le dernier dimanche. Ce genre d'exposition et de lien avec la passion et le buzz de ce va-et-vient sont presque inestimables !

La récente victoire en ESL Pro League des joueurs russo-ukrainiens leur aura permis d'empocher 1 195 000$ de dotations (et selon le président de NAVI l'intégralité a été versé aux joueurs) pendant que le club a récolté 2 000 000 de dollars de revenus supplémentaires. L'ESL et ses partenaires réalisent donc effectivement un partenariat gagnant-gagnant. Reste à savoir ce qu'il en est pour tous ceux qui n'ont pas la chance d'être partenaires, qui doivent passer par des qualifications et qui risquent la relégation. Pour eux visiblement le ruissèlement est moins présent, ce qui complique forcément leurs capacités à faire jeu égal avec les autres grands clubs. De quoi se demander si la ligue semi-fermée est-ce si bien que cela...