Dans une vidéo postée pendant ses vacances, YamatoCannon revient sur l’élimination de Fnatic par la Karmine Corp en playoffs du LEC Spring 2025. Pour le technicien suédois, la KCorp a dicté le rythme du match, et Fnatic a cédé à ses travers habituels.

un match déséquilibré et des leçons pour le Summer Split

En retrait pour quelques jours de vacances, mais toujours attentif à l’actualité du LEC, Jakob « YamatoCannon » Mebdi a livré son analyse de la série entre Fnatic et la Karmine Corp, qui a vu l’équipe française s’imposer et passer au tour suivant. Dans une vidéo publiée sur YouTube, l’ancien coach de Fnatic ne mâche pas ses mots. Il revient sur les dynamiques de jeu, les erreurs structurelles de Fnatic, et la montée en puissance de KC. Au cœur de ses propos : l’idée que Fnatic, sous pression, répète les mêmes erreurs — et que des choix forts seront nécessaires pour éviter de rater les Worlds.

Une Karmine Corp structurée et proactive

YamatoCannon ne tarit pas d’éloges sur la progression de KC : « On voit clairement que KC ajoute des couches à son gameplay. Ils n’ont pas seulement gagné ce Bo5, ils l’ont contrôlé. C’est une équipe qui commence à proposer des drafts plus complètes, à comprendre les différents rôles dans la carte, à s’adapter. Ce qu’ils ont montré face à Fnatic, ce sont des drafts réfléchies, qui leur permettent d’être proactifs à plusieurs niveaux ».

Il cite notamment l’utilisation du Galio top et du Xin Zhao jungle : « Si tu joues un Galio top avec un Xin Zhao, tu peux faire des choses. Tu as un duo qui te permet de forcer, de jouer la carte très tôt, et de créer de la pression sur plusieurs lanes. Ce genre de combinaison montre une vraie évolution dans leur façon de construire leurs compositions ». Mais surtout, c’est la prise de décision qui l’impressionne : « Ils ont choisi tous les fights. À aucun moment je n’ai eu l’impression que Fnatic dictait le tempo. KC décidait où et quand se battre. Ils avaient les chiffres, les bons timings. Fnatic arrivait trop tard, les TP étaient mal coordonnés, et on sentait un manque de synchronisation dans les hovers. KC avait l’initiative sur chaque engagement ».

Et ce contrôle s’appuie selon lui sur la maturité de profils inattendus : « Vladi et Caliste ne se comportent pas du tout comme des rookies. Ils sont investis, présents dans les discussions d’équipe, et surtout Caliste est extrêmement exigeant. Ce ne sont pas des joueurs qui attendent qu’on leur dise quoi faire. Ils prennent les devants, ils sont moteurs ».

Fnatic : des travers récurrents, une inertie inquiétante

Concernant Fnatic, YamatoCannon est plus dur et presque désabusé : « Tu crois à chaque fois que cette année ce sera différent. Tu te dis que c’est le bon moment, qu’ils ont appris, qu’ils vont passer un cap. Et non. Ce n’est pas différent. Il faut se rendre à l’évidence ». Il décrit un cycle qui se répète : « Avec Fnatic, il y a toujours deux scénarios. Soit ils commencent très forts en saison régulière, mais finissent par stagner et se faire rattraper par une équipe qui progresse. Soit ils démarrent mal, bricolent des solutions en cours de route, et échouent quand il faut vraiment être prêts. Et dans les deux cas, ils essaient de régler leurs problèmes trop tard ».

Il va même plus loin dans son analyse, en comparant les mauvaises habitudes de Fnatic à des réflexes comportementaux : « Changer une structure, ça ne se fait pas juste en modifiant un joueur ou une draft. Parfois, pour casser une mauvaise habitude, il faut changer tout l’environnement. Moi, j’ai arrêté de fumer du jour au lendemain en déménageant. Parce que mon envie de fumer était liée à des routines, à des moments, à des lieux. Et je crois que c’est exactement ce que vit Fnatic. Leur manière de perdre, elle revient tout le temps. Parce que les réflexes sont ancrés, et sous pression, ils reviennent toujours au même point ». Sur le plan de jeu, il pointe une désorganisation profonde : « Leur gestion des sides est incohérente. Les fights sont désordonnés. Ce n’est jamais eux qui décident du moment. Ils subissent. Et quand tu ne choisis pas le fight, tu dois espérer outplay. Ce n’est pas une stratégie ».

Le cas Oscarinin et l’hypothèse Wunder

Dans cette structure instable, YamatoCannon s’attarde sur le rôle du toplaner Oscarinin : « Il y a une vraie déconnexion. Oscarinin ne semble pas jouer le même jeu que ses coéquipiers. Il a eu des séries convaincantes, au Winter Split c’est même lui qui pousse l’équipe jusqu’au Bo5 contre KC, mais aujourd’hui, on sent une grande irrégularité. Il n’est plus sur la même longueur d’onde que le reste du groupe ».

Face à ce constat, il avance une solution inattendue : « Si Fnatic veut vraiment tenter quelque chose de créatif pour cet été, je pense qu’ils doivent faire revenir Wunder. Je sais que certains diront que je suis biaisé. Oui, il n’a pas été exceptionnel sur Heretics, je ne le nie pas. Mais ce n’est pas ce qu’on attendrait de lui ici. Wunder, c’est un joueur qui garde l’équipe ancrée, qui parle, qui structure la game. Il peut orienter le plan sans avoir besoin d’être la star » Il poursuit : « Ce qu’il manque aujourd’hui à Fnatic, c’est un toplaner vocal, capable de donner une direction, de garder la partie lisible. Ce n’est pas une question de mécanique, c’est une question d’équilibre. Parce que cette équipe a du feu dans les mains : Razork, Humanoid, Upset… individuellement, c’est solide. Mais ils ne se retrouvent jamais dans des fights cohérents. Les engages sont mal préparés, les sides mal joués. Et quand ça commence à déraper, ils n’ont personne pour remettre le jeu dans l’ordre ».

Dernière chance à venir pour l’été

YamatoCannon conclut avec lucidité et un avertissement clair : « Si Fnatic ne va pas aux Worlds avec ce roster… même ne pas gagner un split, c’est déjà une grosse déception. Mais ne pas aller aux Worlds avec ce niveau de talent, ce serait vraiment un échec ». Il rappelle que la concurrence se renforce : « G2 s’améliore, KC est en pleine ascension, KOI progresse aussi. Le niveau du LEC monte. Si tu restes statique, tu es dépassé ».

Enfin, il évoque l’arrivée de Duffman dans le staff : « Duffman a eu un impact énorme sur G2, c’est un très bon ajout. Mais un seul homme ne peut pas tout changer. Il faut plus que ça. Il faut une vraie remise en question structurelle ».