L’intronisation d’Uzi au Hall of Legends a suscité de nombreuses réactions. Dans une vidéo publiée peu après l’annonce, YamatoCannon rend hommage au joueur chinois, saluant un compétiteur hors normes qui a, selon lui, redéfini ce qu’était le rôle d’ADC au plus haut niveau.
La reconnaissance d’un héritage
Après l’annonce officielle faite par Riot Games, YamatoCannon a tenu à s’exprimer. Dans une vidéo de plus de 10 minutes, l’ancien coach de Fnatic, aujourd’hui analyste et commentateur, revient sur ce que représente Jian « Uzi » Zihao dans l’histoire de League of Legends. Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’un excellent joueur, mais d’un phénomène qui a marqué une génération.
« Si tu as vécu cette époque, tu sais à quel point Uzi dominait », commence-t-il. « Et si tu n’étais pas là… c’est difficile à expliquer. Tu peux regarder les clips, tu peux voir les moves, mais ce n’est pas pareil que de l’avoir vécu. Il y avait une intensité, une exigence, une pression qu’on ressentait en tant que fan, joueur ou coach, dès qu’il était dans une partie. » Yamato insiste : ce n’est pas un hasard si Riot l’a choisi pour intégrer son panthéon. « Uzi faisait paraître l’impossible routinier. Il avait cette capacité à tout rendre fluide. Tu regardais ses fights, ses laning phases, et tu avais l’impression que tout était simple. Mais ce qu’il faisait était incroyablement dur. »
« Il a redéfini ce que voulait dire être un carry botlane »
Dans la suite de son intervention, YamatoCannon revient sur ce qui a fait la singularité d’Uzi, en particulier dans un rôle souvent perçu comme dépendant des autres. « Il a complètement redéfini la manière dont on concevait un ADC. À l’époque, un carry botlane avait besoin d’espace, de ressources, d’un cadre. Uzi, lui, était ce cadre. Il dictait les conditions de la game. Il dictait le tempo de son équipe. »
Il cite notamment ses performances au sein de Royal Club puis de Royal Never Give Up, en rappelant à quel point son style de jeu a fait école. « Ce que faisait Uzi, ce n’était pas simplement bien last-hit ou savoir kiter. Il maîtrisait tous les aspects du rôle : la lane, les teamfights, le positionnement. Et au-delà de ça, il forçait ses coéquipiers à s’adapter à lui. Il influençait leur manière de jouer. C’était rare à l’époque. Ça l’est encore aujourd’hui. » Et d’ajouter : « Même les joueurs coréens l’étudiaient. Il était le point de référence pour tous les carrys de cette période. Et ce n’est pas une exagération. C’était vraiment le cas. »
« Il n’a pas gagné les Worlds ? Ce n’est pas ça qui compte »
YamatoCannon n’élude pas les critiques. Il sait qu’une partie de la communauté continue de pointer le fait qu’Uzi n’a jamais remporté les Championnats du Monde. Mais pour lui, ce débat passe complètement à côté du sujet. « Tu entends ça souvent, ‘il n’a pas gagné les Worlds’. Mais franchement, est-ce que c’est ça qui fait une légende ? Ce n’est pas juste une histoire de trophées. C’est une histoire d’impact, d’influence, d’émotion. Uzi a fait plus que beaucoup de champions du monde. Il a inspiré une génération entière. »
Il poursuit : « Les gens n’étaient pas fans d’Uzi parce qu’il gagnait. Ils étaient fans parce qu’il jouait d’une manière qui transcendait les règles. Il avait un style à lui. Une rigueur extrême. Une intensité totale. Une maîtrise presque effrayante dans les moments clés. » YamatoCannon évoque aussi la période 2018, où RNG dominait la LPL et remportait le MSI. « Ce run 2018… c’était le pic. RNG marchait sur tout le monde, et Uzi était au sommet de son art. Il faisait peur. Tu préparais une draft contre RNG, tu devais penser à Uzi en premier. Et souvent, ce n’était pas suffisant. »
Une figure culturelle en Chine
Dans la dernière partie de sa vidéo, l’analyste revient sur l’impact d’Uzi au-delà de l’aspect compétitif. Il rappelle que le joueur chinois est une figure nationale, bien connue même de ceux qui ne suivent pas l’esport. « C’est difficile à mesurer pour nous ici, mais en Chine, Uzi était – et reste – une icône. Il y a eu des émissions télé, des campagnes publicitaires, des références dans la culture populaire. Il était partout. Il représentait quelque chose de plus grand que le jeu. »
Il conclut avec des mots forts : « Je pense que Riot a bien fait de l’introniser maintenant. Il le mérite. Il aurait même pu être le premier, franchement. Mais le fait qu’il soit là, c’est une reconnaissance. C’est aussi un rappel : League of Legends, ce n’est pas que des trophées. C’est aussi des histoires. Et l’histoire d’Uzi, c’est l’une des plus fortes. »