La scène africaine de Counter-Strike: Global Offensive fait partie des grandes oubliées à travers le monde, et pourtant grâce à certaines structures et joueurs elle survit tant bien que mal. Dernièrement ce combo a permis à la section féminine évoluant sous le tag ATK d'être la première de l'histoire à accéder à la division Main des ligues ESEA africaines.

L'afrique appartient aux femmes

Dans la longue histoire de Counter-Strike, l'Afrique a rarement été mise en avant. Toutefois certaines nations sortent du lot, comme l'Afrique du Sud qui est la seule aujourd'hui à posséder un joueur membre d'un club du top 25 mondial (Ioannis "JT" Theodosiou chez Complexity Gaming). Mais il y a également une organisation locale, ATK, qui tente tant bien que mal se survivre sur ce continent où la plupart des compétitions internationales sont absentes. Alors en sachant que le circuit mixte peine déjà à se faire remarquer, on pouvait logiquement penser que la situation de la scène féminine était loin d'être glorieuse. Pourtant 5 filles sud-africaines sont parvenues dernièrement à entrer dans l'histoire en étant les premières à réussir à se qualifier pour la division Main de l'ESEA. Jusqu'alors cette performance n'avait été réalisée que par des joueuses originaires d'Europe ou d'Amérique, mais jamais l'Afrique n'avait vu éclore un quintette capable de tenir tête aux formations masculines. La section féminine d'ATK a donc obtenu sa place dans la division Main du continent après s'être qualifiée pour la grande finale de la division Intermediate.


Les filles d'ATK en Suède pour l'ESL Impact Saison 2 (c) ATK

Écrasant toute la concurrence sur le continent dans les ligues exclusivement féminines, les filles d'ATK ont remporté notamment 10 des 19 ESL Impact Cash Cup. De plus elles ont occupé à 2 reprises la deuxième marche du podium dans ces compétitions. Seules finalement les RE ACCE et WRA ont réussi à récupérer les quelques miettes laissées par leurs adversaires. Malheureusement pour les Sud-africaines, la trop faible adversité dans leur zone géographique ne leur a jamais permis jusqu'à maintenant de réussir à s'imposer hors de leurs frontières. Elles se sont pourtant déplacées à deux reprises en 2022, d'abord à Dallas aux États-Unis en juin dernier pour les finales de l'ESL Impact League Saison 1, puis à Jönköping en Suède en novembre lors de la clôture de la Saison 2. A chaque fois elles ont été éliminées dès la phase de poule sans remporter le moindre match, ni même ne serait-ce qu'une carte. Nul doute donc que cette montée dans la ligue Main mixte africaine devrait leur servir pour acquérir encore davantage d'expérience en jouant face à des concurrents plus à même de leur en procurer.

Et pourtant cette qualification était loin d'être gagnée à l'avance. Elles ont en effet démarré l'année, et la Saison 42 de la division Intermediate ESEA, en se classant 8ème sur 16 équipes. Suffisant pour aller en série éliminatoire mais pas assez pour y espérer grand chose puisqu'elles y sont éliminées dès le premier tour. Toutefois cela leur a offert malgré tout un entraînement qui allait payer puisque sur le circuit féminin, elle ont concomitamment démarré leur razzia de titres en Cash Cup, mais aussi se sont imposées lors des qualifications locales pour le Girl Gamer où encore ces fameuses finales LAN de l'ESL Impact aux États-Unis et en Suède. Et même si hors du continent africain elles avaient là aussi du mal, cela a soudé le groupe et lui a permis d'acquérir toujours plus d'expérience et c'est dès la Saison 43 de la division ESEA Intermediate que cela s'est ressenti sur le serveur. L'équipe a bien mieux performé lors du championnat puisque le groupe a réussi à en occuper la cinquième place. Mais c'est ensuite qu'elles se sont véritablement démarquées, durant la série éliminatoire, puisqu'elles sont parvenues à atteindre la grande finale après avoir battu Vicimus, ExpliZit Gaming et Symbiosis Gaming. Malheureusement pour elles, elles s'inclineront lors de cette toute dernière étape lorsqu'elles joueront la revanche face aux ExpliZit Gaming (09-16 Overpass / 08-16 Dust2). Qu'importe elles obtiennent tout de même leur ticket pour la ligue supérieure, or retrouver une formation féminine à ce niveau n'était tout simplement jamais arrivé en Afrique et demeure une performance extrêmement rare dans le monde.


Les ATK tournées vers l'avenir ? (c) ATK

Sur le continent africain les ligues ESEA ne comptent pas autant d'équipes que chez nous, d'ailleurs elles sont toutes localisées en Afrique du Sud. Ainsi vous n'avez pas de championnat supérieur à la ligue Main (et donc pas d'Advanced ou d'ESL Challenger). Pour les filles d'ATK cette montée c'est donc l'assurance aujourd'hui de pouvoir disputer l'intégralité de la Saison 44 au plus haut niveau local, ce qui sera quoi qu'il arrive maintenant un surplus d'expérience indéniable. Ne reste plus maintenant qu'à voir si cela sera suffisant pour leur permettre de mieux performer hors de leurs frontières et, pourquoi pas, espérer atteindre les phases finales du circuit féminin international. Au sujet de ce résultat obtenu collectivement, la co-capitaine Christie "Graceyy" Webster a déclaré :

Même si c'est la première de nombreuses étapes de notre parcours en tant qu'équipe. Nous sommes extrêmement fières de nous-mêmes car nous avons grandi ensemble tout au long de l'année. Nous sommes ravies de pouvoir apprendre et grandir en jouant contre les meilleures équipes sud-africaines lors de la prochaine saison ESEA. Nos mots d'ordre sont croissance et cohérence, on prendra le temps de profiter de cette opportunité, nous sommes là pour ça.

Christie "Graceyy" Webster - ATK Arena.com