Alors que la LCL est à l'arrêt total depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la célèbre jungler Diamondprox a quitté Team Spirit pour rejoindre une équipe évoluant au sein de la ligue ERL NLC, Bifrost, une ligue qui ouvre les portes des European Masters. Après que son recrutement a été officialisé, le compétiteur russe a accordé une interview à nos confrères du site Esports News, l'occasion de parler des ligues ERL, de son passé, et de ses objectifs pour le Summer Split.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer dans cette région en particulier ? Et pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Bifrost ? 

Globalement, j'aime jouer en Europe. Chaque fois que j'ai eu la chance de jouer avec des équipes anglophones, j'ai vraiment apprécié. Je n'ai jamais eu de mauvaise expérience, seulement quelques règles qui m'ont forcé à ne pas jouer en Europe. Je pense que la NLC est l'une des plus grandes ligues de l'ERL, donc c'est un bon endroit où jouer.

Bifrost m'a vraiment séduit avec son roster. Je connaissais déjà leur équipe d'entraîneurs, nous envisagions de les faire venir chez Team Spirit parce qu'ils parlent tous les deux le russe, mais ils ont décidé d'aller en NLC, nous devions respecter leur décision mais maintenant j'ai une chance de travailler avec eux. J'apprécie le roster et c'est pourquoi j'ai rejoint l'équipe ; c'est la raison principale.

Tu as dit avant que nous enregistrions que tu pensais que le roster actuel de Bifrost était une bonne équipe. 

Oui, sans aucun doute. J'ai l'impression que tout le monde dans ce roster veut gagner. Ils ne veulent pas attirer toutes les ressources sur eux pour avoir l'air meilleur ou quoi que ce soit, on sent que tout le monde est prêt à se sacrifier pour le succès de l'équipe, à apprendre et à admettre ses erreurs au lieu d'essayer de défendre des positions inutiles, ce qui arrive parfois avec certains rosters.

Lorsque tout le monde est motivé pour travailler ensemble, on a l'impression de s'améliorer. Et pour moi, c'est ce qui est le plus intéressant sur la scène compétitive de League of Legends : travailler ensemble en tant qu'équipe, en tant que groupe soudé, partager ses connaissances, s'entraider et ce genre de choses. C'est ce que représente League of Legends pour moi et je suis heureux de retrouver cette situation.

En ce qui concerne les joueurs en particulier, je ne voudrais pas trop en faire l'apologie, je pense que certains sont vraiment bons mais je ne dirai pas leurs noms ! Après ce split, je parlerai de toutes les bonnes choses à leur sujet, pour l'instant j'espère qu'ils resteront humbles et qu'ils feront de gros efforts !

En tant que compétiteur qui joue depuis plus de dix ans, pensez-vous que l'esport est devenu plus axé sur l'équipe ces dernières années, alors qu'il était plus axé sur le solo au début ?

Je pense que League of Legends est plus axée sur l'équipe avec le temps, mais au début du jeu, les équipes qui avaient des joueurs prêts à se sacrifier pour que leur équipe gagne, celles-là ont réussi. Nous, en tant qu'équipe chez Moscou 5... Je ne me sacrifiais pas autant qu'Edward, et Darien jouait son propre style de jeu unique où il n'avait besoin de rien. Il mettait la pression et ça marche un peu, mais ce n'était pas intentionnel.

Je pense que la plupart des équipes se rendent compte qu'il faut s'entraider. Pourtant, certains joueurs aiment concentrer l'attention sur leurs lanes plus que d'autres, et ce n'est pas une mauvaise chose en soit, mais ça le devient quand l'attention requise est trop grande, et qu'ils sont trop concentrés sur la toplane ou la midlane, ou sur la jungle. Certains junglers sont trop axés sur le côté carry et la méta ne convient que très rarement à ce style de jeu.

Vous jouerez le NLC Summer Split 2022 depuis Saint-Pétersbourg en Russie, c'est exact ? C'est comment de jouer depuis chez soi ?

Oui. Depuis dix ans maintenant, je ne pense pas avoir joué un seul split depuis chez moi... à part la moitié d'un split où j'ai aidé Gambit à se qualifier pour la LCL. En dehors de cela, j'ai joué depuis un camp d'entrainement. La dernière fois que je n'ai pas joué en camp d'entrainement remonte à la fin de l'année 2011, c'était il y a 11 ans. 

Je sais que les bootcamps sont assez efficaces est personne ne souffre d'être entouré de coéquipiers tout le temps, mais je n'ai jamais connu cette situation où tout le monde joue de chez soi, donc c'est une nouvelle expérience et je l'envisage comme une bonne chose. Je vais aussi pouvoir voir ma ville cet été, une première depuis ces 12 dernières années !

L'équipe s'est bien débrouillé lors des Europeans Masters du Spring Split 2022. Quels sont tes objectifs avec Bifrost ?

Mon objectif est de m'améliorer autant que possible en tant qu'individu et d'aider l'équipe également, avec l'expérience que j'ai et peut-être avec les idées qui surgiront à l'avenir. Le jeu va être très différent. Je pense que League of Legends s'est essoufflée l'année dernière après les changements au Summer, rien de nouveau n'apparaissait et tout était un peu pareil.

Maintenant, ce sera différent et peut-être que mon expérience m'aidera à comprendre les choses plus rapidement que les autres. Ou peut-être pas, nous verrons bien ! J'ai hâte de travailler avec l'équipe et de nous améliorer autant que possible, pour aller le plus loin possible.

Que pensez-vous des ligues régionales européennes ?

Je pense que les ligues ERL se sont incroyablement améliorées au cours des cinq dernières années. Tout le travail que Riot a investi dans les ERL a porté ses fruits, et nous le voyons par la quantité d'attention que les ligues espagnoles, françaises et autres reçoivent, et cela ne fait que croître.

C'est intéressant à voir maintenant, car je me souviens qu'il y a longtemps, les ligues européennes de deuxième division n'étaient pas si bonnes. Je n'entendais parler que des LCS à l'époque, et maintenant du LEC. Je ne m'intéressais qu'aux matchs entre les quatre ou six meilleures équipes, mais il y a beaucoup plus d'équipes dont on peut apprendre quelque chose.

En France, il y a trois ou quatre bonnes équipes dont vous pouvez apprendre, et dans d'autres ERL, il y a des équipes capables de produire quelque chose de très bien aussi. Je pense que les meilleures équipes des Europeans Masters pourraient rivaliser avec le LEC, je pense qu'elles battraient les quatre dernières équipes et qu'elles pourraient peut-être rivaliser avec celles du milieu du classement.

Je pense que les ERL ont une bonne infrastructure pour faire grandir les nouveaux joueurs, leur faire apprendre beaucoup de choses... chaque équipe a des entraîneurs et de bons joueurs qui peuvent s'enseigner les uns aux autres, je pense que la connaissance de League of Legends dans notre région augmente beaucoup grâce à cela.

J'aime jouer avec une équipe ERL parce que nous avons de meilleurs scrims qu'en Russie, et de bien meilleurs adversaires !

Qu'est-ce que ça fait de jouer depuis si longtemps et de voir arriver de nouveaux joueurs qui ne vous connaissaient peut-être pas depuis les premiers jours de la Ligue ?

C'est fascinant de voir comment le jeu se développe et certaines personnes qui vous reconnaissent en soloQ disent qu'elles vous regardent depuis la saison 2, puis j'apprend qu'elles ont 16 ans et vous vous demandez : "Oh mon Dieu, quel âge aviez-vous quand vous m'avez regardé lors de la saison 2, mec ? Et maintenant tu joues en Challenger dans les mêmes games que moi et tu obtiens de meilleurs résultats sur LoL ?".

C'est vraiment bien de voir la jeune génération s'améliorer dans le jeu que vous aimez tant, ils sont peut-être l'avenir de ce jeu.

J'ai eu de nombreuses interactions avec des personnes disant que je les ai inspirées et je ne sais pas comment réagir à ce genre de commentaires, je suis un peu timide à cet égard !

Avez-vous été proche de jouer dans une autre région ?

J'ai eu quelques autres offres qui m'ont tenté, peut-être sur le plan financier, et certaines d'entre elles provenaient d'autres régions et de différentes parties du monde. Ça ne me dérange pas de bouger dans le monde, j'ai vraiment apprécié mon séjour au Brésil l'année dernière et j'aime voir de nouvelles cultures que je n'ai pas vues auparavant, et de nouvelles personnes, même si ça me vide de mon énergie d'être tout le temps entouré de gens.

Mais je pense que ce n'était pas un choix difficile pour moi cette année, même si d'autres offres étaient meilleures financièrement. Je pense que la chose la plus importante pour moi était d'être dans un groupe qui réussirait et où tout le monde ferait des efforts.

Comment l'écosystème a-t-il changé ? En quoi le jeu diffère-t-il de vos débuts ?

Je pense que l'écosystème s'est beaucoup amélioré. Si nous comparons notre région européenne avec le Brésil, ils ont beaucoup de bons joueurs mais ils n'ont pas l'écosystème que nous avons ici. Ils ont leurs équipes et leurs académies, mais pas l'infrastructure et toutes les équipes que nous avons dans les ERLs. Les joueurs peuvent se regrouper, s'entraîner et apprendre des trucs de macro, comment interagir les uns avec les autres et en savoir plus sur League of Legends.

League of Legends est un jeu très difficile, et ces connaissances aident à s'améliorer en soloQ. Au Brésil, on peut sentir que certains joueurs jouent bien en soloQ, mais leur style de jeu n'est adapté qu'à la soloQ, alors qu'en Europe, grâce à l'infrastructure, certains joueurs jouent correctement à League of Legends. Ou bien vous voyez des étincelles d'intelligence dans l'esprit des joueurs, lorsqu'ils cherchent à atteindre des objectifs au lieu de courir après les kills. L'infrastructure en Europe aide à développer le talent et à améliorer le jeu.

Vous étiez invaincu lors de la dernière LCL avec Team Spirit, avec quatre victoires avant qu'elle ne soit annulée en raison de la guerre en Ukraine, ce qui signifie également qu'il n'y a aucune chance de se qualifier pour le MSI. Toute cette situation a dû être difficile à gérer.

Pour être honnête, c'était vraiment nul à bien des égards. En dehors des gens qui souffrent à cause de ce que font les gouvernements, ce qui, je suppose, arrive tout au long de l'histoire, ça me choque toujours quand ça arrive dans le monde.

L'autre partie qui me dérange, c'est quand vous ne savez pas ce qui va se passer ensuite. Nous étions assis, on apprend que la LCL a été reporté et on nous a dit que nous ne savions pas s'il allait reprendre ou non, mais nous voulions quand même nous entraîner autant que possible et montrer ce dont nous sommes capables sur une plus grande scène. J'aime vraiment les grandes compétitions, alors nous sommes restés là-bas trois semaines de plus à nous entraîner et, pour une raison ou une autre, c'était beaucoup plus difficile que les entraînements habituels.

C'est comme le split que j'ai joué avec Unicorns of Love, où après deux semaines j'ai été forcé de quitter les LCS à cause de problèmes de visa, donc je suis un peu habitué, mais quand même, ça fait mal.

J'essaie de tirer le meilleur parti d'une situation compliquée. C'est triste car nous voulions travailler dur pour Team Spirit mais tous ces projets n'ont abouti à rien. C'est un peu déprimant de penser à tous les efforts qui ont été faits pour ce split et qui n'ont rien donné. Mais il faut aller de l'avant et j'aime être ici en Europe.

Vous voyez-vous évoluer vers un rôle d'entraîneur après votre carrière de joueur ?

Absolument, je me vois devenir entraîneur un jour. J'ai regardé quelques opportunités pour ce split et les précédents, mais rien ne me satisfaisait, mais je suis ouvert à cette possibilité ; la chose que j'aime le plus dans League of Legends est de s'améliorer en tant qu'unité. Je peux vivre sans jouer et sans les aspects mécaniques, donc je me vois bien devenir coach un jour.

Source Esports News.uk