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L'un des mastodontes du web a décidé dernièrement de se lancer dans le sport électronique. Yahoo, la célèbre entreprise américaine en difficultés, tente actuellement par tous les moyens de relancer sa croissance : alors l'esport saura-t-il sauver la société ?

 

Yahoo est une entreprise historique dans l'univers d'internet, site le plus visité du monde en 2004, la société a depuis connu une longue période compliquée qui, jusqu'à aujourd'hui, mine l'avenir du groupe. Le 17 février dernier d'ailleurs, ils annonçaient la fermeture de plusieurs de leurs publications numériques : Yahoo Food, Yahoo Health, Yahoo Parenting, Yahoo Makers, Yahoo Travel, Yahoo Autos et Yahoo Real Estate. Mais dans le même temps un nouveau bureau faisait son apparition : Yahoo esports. Cette nouveauté n'en est finalement pas vraiment une, elle s'inscrit dans le choix qu'a fait la société de se concentrer sur certains secteurs où ses résultats sont encore corrects : le sport, l'actualité, la finance et les modes de vie.

 

Esport et sport, même combat

 

Si le secteur du sport est l'un de ceux qui se portent le mieux chez Yahoo, l'arrivée de l'esport en tant qu'onglet additionnel à leur site a clairement pour but d'étoffer l'offre et de booster la croissance. Alors à notre niveau on peut penser que l'entreprise a mis les grands moyens afin de se lancer au mieux dans l'univers du sport électronique, pourtant parmi les nombreux investissements consentis depuis l'arrivée de Marissa Mayer (ex-vice-présidente de Google) en juillet 2012, l'esport n'est qu'une goutte d'eau dans une stratégie globale de recentrage des activités en quête d'un retour aux bénéfices.

Pourtant ils ont tout de même dépensé un peu, notamment afin de s'attacher les services de Travis Gafford ancien journaliste chez Gamespot spécialisé sur League of Legends et désormais consultant esport pour Yahoo, ou encore Dylan Walker de chez TeamLiquid plus spécialisé sur Counter-Strike. Des émissions en direct, des vidéos à la demande, des articles, une interface qui se veut proche du public, le portail jeux vidéo compétitifs démontre une réelle envie de bien faire même si, à l'heure actuelle, il reste assez peu pourvu en expertises. On peut toutefois faire confiance à Matt Edelman, ancien patron du média en ligne Glossi et nouveau chef de produit du portail esport, pour tenter par tous les moyens d'imposer son nouveau bébé au moins aux États-Unis.

 

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Cinq jeux et une cible américaine

 

Le but premier de ce nouveau site est en effet de concentrer dans un premier temps les actualités sur cinq jeux parmi les plus populaires. On retrouve ainsi Counter-Strike: Global Offensive, Dota 2, Heroes of the Storm, Street Fighter V et, bien entendu, League of Legends. Toutefois cette offre devrait très prochainement s'élargir avec l'arrivée annoncée de Hearthstone et Super Smash Bros, sans qu'une date n'ait encore été divulguée à leurs sujets. Mais qu'à cela ne tienne, nous pouvons malgré tout dès à présent constater la stratégie assez agressive mise en place par le géant américain. Son objectif n'étant absolument pas de concurrencer des sites comme Team aAa, mais plutôt deux ogres dans l'univers des jeux vidéo : Twitch et Youtube, et exclusivement aux États-Unis pour commencer.

Dans le même temps, et de l'aveu même de Matt Edelman, la partie écrite aura également la part belle car l'objectif affiché est de centraliser les informations sur les jeux traités puisqu' « Aujourd'hui, les fans d’esport vont de site en site pour s’informer sur le jeu vidéo professionnel ». Avec un contenu pour le moment 100% anglophone, Yahoo espère bien réunir les communautés dans un seul endroit où elles pourront s'informer, visionner et apprendre grâce à un contenu exhaustif réalisé avec beaucoup de professionnalisme. Contrairement aux plus petites structures familiales et, comme ici, encore peuplées de passionner qui font vivre les sites selon leur rythme, Yahoo veut s'imposer comme un média de qualité sans cesse mis à jour.

 

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Un coup d'épée dans l'eau

 

Il faut dire que l'audience du sport électronique chez nos voisins d'outre-Atlantique a de quoi faire saliver une entreprise qui, justement, est à la recherche de nouveaux secteurs où s'imposer. Bloquée dans ses attaques frontales, c'est donc par un chemin détourné et sans réelle concurrence à la hauteur qu'elle espère convaincre les millions de joueurs et fans américains. Certainement inspiré par l'ouverture en janvier dernier d'un portail esport par ESPN, une chaîne de télévision sportive propriété du groupe Disney, Yahoo a l'espoir de trouver assez facilement et sans se ruiner un nouveau levier de croissance qui lui permettrait justement de se relancer dans une stratégie plus globale. Tout comme la filiale de Disney d'ailleurs, il semble que le succès rencontré par theScore Inc. (une entreprise canadienne spécialisée dans l'actualité sportive et esportive) avec son site TheScore eSports et ses applications mobiles, utilisées par quelques 10,5 millions de personnes en moyenne et par mois, aient fait saliver quelques bouches américaines.

Pourtant rien ne sera aussi simple, sur les rangs pour racheter la Major League Gaming fin 2015 la société californienne s'est déjà faite doubler par Activision-Blizzard récemment. De plus les plus grands groupes s'intéressent à l'esport et risquent eux aussi de frapper fort, s'ils ne l'ont pas déjà fait. Or ces derniers n'auront pas nécessairement besoin de créer du neuf, Amazon n'a eu qu'à sortir le chéquier pour racheter Twitch et devenir ainsi le leader mondial des retransmissions de jeux vidéo en direct. Youtube a lancé sa partie gaming qui peine à convaincre, mais ont-ils vraiment placé ce segment parmi leurs axes de développement prioritaires ? Clairement non, et quand cela sera le cas ils risquent également de frapper un grand coup étant donné leur pouvoir d'attraction financier.

 

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ESPN et MLG partenaires pendant les X Games

 

L'offensive de Yahoo dans l'univers du sport électronique semble donc aujourd'hui bien faiblarde pour parvenir à s'imposer voir même à détrôner les poids lourds du secteur. Faute de moyens financiers suffisants pour racheter des marques déjà existantes, ils espèrent capitaliser sur leur audience correcte dans le domaine de l'actualité sportive aux États-Unis pour, avec la même recette, récupérer des parts de marché. En se positionnant comme un concurrent direct d'ESPN, Twitch et Youtube, Yahoo a le mérite dans tous les cas d'oser affronter des adversaires coriaces. Auront-ils les reins suffisamment solides pour y parvenir ? La lutte s'annonce dans tous les cas acharnée et l'esport n'a pas fini de faire parler de lui cette année. D'autres investissements devraient suivre, reste à savoir qui parviendra à récupérer la plus belle part d'un gâteau qui grossi à vu d’œil années après années.