Les 10 et 11 juillet prochain se tiendra la finale de la seconde édition des Masters Clash. L'occasion d'évoquer, avec son créateur, la compétition et de l'avenir de la scène compétitive.

Touchée par l'arrêt de la scène compétitive par son éditeur, Blizzard, en 2019, la scène de Heroes of the Storm tente de se reconstruire par l'intermédiaire des influenceurs, des joueurs, ou les passionnés. C'est le cas des Masters of Clash, compétition crée en 2019. 

Bonjour Eppsi ! Merci d'avoir accepté notre invitation. Dans un premier temps, peux-tu te présenter à nos lecteurs qui ne te connaissent pas forcément ?
Moi c'est Romain Pelletier alias « Eppsi ». Je suis fondateur et chef de projet pour l'association Masters Clash qui collabore de manière très étroite avec la communauté d'agglomération de Val d'Europe, ainsi que les diverses communes qui l'entoure. C'est un projet assez global qui vise à développer sur le territoire, et sur plusieurs années tout ce qui est lié aux jeux-vidéo, gaming et même plus large tel que la pop-culture.

Peux-tu présenter le principe des Masters Clash sur Heroes of the Storm ?
C'est une compétition européenne, comme un championnat d'Europe, pour faire simple, regroupant les meilleurs joueurs européens dans un championnat qui s'étale sur un total de 14 week-ends, semaines hors phase de qualif et qui prendra fin lors des phases finales qui auront lieu sur scène, devant un public, comme en « LAN », les 10 et 11 juillet prochains à Bailly-Romainvilliers comme lors de la précédente édition. On est resté sur les mêmes bases avec le même endroit, la même salle. 

Comparé au tournoi de 2019, le format a évolué. Pourquoi ce changement ?  
En 2019, nous avions fait des qualifs, et les vainqueurs de ces qualifiers étaient directement invités à l'événement final. Pour cette édition, on a fait ça sous forme de championnat. À l'issue de la première phase, le top 4 est directement invité pour en découdre sur place. Pourquoi ce changement ? Tout simplement pour avoir plus de visibilité ! Qui dit championnat dit que, rien que la compétition en elle-même, c'est 14 week-ends. Elle s'étale sur une période beaucoup plus longue sur l'année. Cela veut donc dire plus de visibilité aussi bien sur Twitch que sur ES1. Ainsi, pour les partenaires, aussi bien locaux tels la ville, la communauté, l'agglomération, c'est beaucoup plus intéressant. Cela donne aussi pour la scène de HOTS une stabilité et une meilleure « émulation » pour les équipes, les joueurs. 

Combien d'équipes y participent ? 
Huit équipes ont participé à ce championnat, avec 25-26 autres formations qui ont tenté de se qualifier. quatre équipes, à la fin accéderont à la finale. 

Avez-vous prévu d'autres changements, des nouveautés, par rapport à l'édition précédente de 2019 ? 
Sur l'événement en tant que tel, cette année, on a fortement augmenté le budget régie vidéo pour avoir une production de bien meilleure qualité et une scène « plus belle ». L'événement cette année est gratuit. C'est en accès libre, il n'y a pas de ticketing. Les gens, les familles, les curieux peuvent venir, se promener, rester un peu, revenir et ainsi de suite.  

D'où vient votre financement ?
On a une belle partie qui vient de sponsors. L'autre via une subvention de l'agglomération.  De plus, une avons une aide de la ville qui nous met à disposition, gratuitement, le centre culturel pour tout le week-end. 

Quelles équipes sont attendues pour ce tournoi ? Est-ce qu'il y a de grandes équipes qui ont participé à cette édition? 
Il y a vraiment un top 3 qui s'est très vite dessiné au vu des joueurs qui composaient les équipes. Cela s'anticipait a minima. Il y a la structure américaine 30k qui a terminé en tête du championnat. Ensuite, il y a une autre équipe, qui s'apparente plus à une bande de copains, puisque chacun des joueurs appartiennent à une autre équipe. Ce sont les Hardos qui sont globalement composés à 80 % d'ex joueurs pro HOTS à l'époque des HGC, le circuit pro officiel Blizzard. Forcément, vu l'expérience, c'est du lourd. Enfin, la troisième équipe, plus jeune, qui a le même profil, qui s'appelle Les Donuts. Ce n'est pas une structure propre pour un peu les mêmes raisons et qui est composée de gros joueurs. Ces trois équipes se sont détachées très rapidement. La quatrième équipe qui s'est qualifiée pour la finale est Chilly Mountain.

La scène Heroes of the Storm a été très touchée par l'arrêt de la scène compétitive par Blizzard. Aujourd'hui, deux ans après, comment ça se passe pour le jeu ? Quel est le diagnostic aujourd'hui  ? 
Sans vouloir faire de mauvais parallèle avec ce que l'on connaît, disons que l'on est sortis de réanimation. Aujourd'hui le jeu se porte beaucoup mieux d'un point de vue compétitif. Il a réussi à se restructurer. La communauté, grâce à des sponsors et des marques qui croient au jeu, a redéveloppé la scène. Il y a la CCL (la Community Clash League, ndlr) qui est un championnat qui a lieu sur les serveurs NA, organisé par une boîte américaine, sur lequel énormément de joueurs EU jouent avec un système de draft américain, 100 % online qui fonctionne bien. Cela a redynamisé, donné un nouvel élan à la scène. À cela, tu ajoutes le Masters Clash qui depuis 2019 fait de la compétition de manière physique. Ce n'est pas que de l'online. Il y a d'autres tournois plus ponctuels qui s’organisent toute l'année. Malganyr, par exemple, notre animateur principal et qui commente la compétition sur ES1, organise la Nexus Cup dans l'année… La scène se reconstruit vraiment de manière assez fiable. Nous-mêmes nous allons mettre en place d'autres compétitions. Celle-ci nous a pris un semestre tout entier de l'année 2021, et on va refaire quelque chose à l'automne avec un nouveau format, concept, avant de refaire un Masters Clash en 2022. La scène se redynamise et il y a de plus en plus de compétitions qui commencent à se recréer. Quand on regarde les chiffres Twitch, l'audience est en hausse. Si on compare au moment où Blizzard a arrêté la scène compétitive et à où elle était en 2019, les chiffres augmentent. Ce qui est positif. 

Est-ce que ce type de tournoi peut donner un coup de pouce majeur à la scène française notamment ? Est-ce qu'il y a une demande des spectateurs qui se traduit véritablement sur le papier ? 
Cela se traduit avec le ticketing pour venir à l'événement. On a vu une demande en hausse assez importante, en physique entre 2019 et 2020 pour venir à Bailly-Romainvilliers pour l'événement, malgré la covid qui n'a pas permis la tenue du tournoi lors de l'édition 2020. Mais cela continue encore d'augmenter, c'est très favorable et on le voit encore plus à l'échelle européenne. En 2019, on avait une douzaine de nationalités présentes à Bailly. Cette année, on devrait être autant voire davantage. C'est vraiment intéressant et c'est pour cela qu'il faut voir le tournoi sous un aspect européen et pas seulement franco-français. 

Est-ce que votre tournoi a eu des répercussions auprès de Blizzard ? Sont-ils au courant de ce que vous faites ? 
Ils collaborent beaucoup avec nous en termes de communication à travers leurs réseaux sociaux. Ils nous donnent des goodies, des codes à faire gagner, aussi bien à destination des spectateurs que des viewers. Ils regardent ce qu'on fait, ils sont au courant, ils sont contents. Ils veulent nous aider dans la mesure du possible globalement. Mais c'est tout ce que je peux dire car on n'a pas forcément des échanges continus avec eux.

Mais il n’y a pas eu plus de leur part ?
Financièrement il n'y a rien. 

Et auprès de la communauté ?
2019 a été vraiment ce premier coup d'essai qui nous a permis d'acquérir une certaine légitimité. On va dire que c'était le « jackpot » avec les retours. Maintenant, tout le monde nous fait confiance, et les gens veulent venir. 

Peut-on n'espérer que du bon pour HOTS ? Comment s'annonce le futur ? Radieux ? En demi-teinte ? 
Cela va être difficile, malgré tout, de revenir sur ce qu'était Heroes sur sa période avec sa scène professionnelle made in Blizzard. On est quand même sur un niveau différent, notamment d'un point de vue économique. Maintenant, on peut faire le parallèle avec Starcraft je pense. Heroes tend à se calquer un peu sur ce modèle concernant sa scène. Elle se développe, elle grossit. Après jusqu'où ? On verra bien. Si on regarde où on était en 2017/2018, forcément c'est négatif car nous ne sommes pas revenus à cette époque-là. Maintenant si on regarde où on en était le jeu après l'arrêt de la scène, oui c'est positif parce que le jeu a repris de l'intérêt, il y a davantage de joueurs, de viewers. Enfin, l'autre effet boule de neige qui se met en place ce sont les partenaires. Il faut rester cohérent, Heroes ce n'est pas League of Legends en termes de chiffres… Mais il a cet avantage de ne pas être « cher ». Donc cela fait écho auprès de certaines marques. 

Merci beaucoup pour cette interview. Chez *aAa*, on laisse le mot de la fin à nos invités. C’est à toi :
Que vous soyez fans ou non, spécialement de Heroes of the Storm, à partir du moment ou vous aimez l'univers Blizzard, si vous êtes dans le coin, en  région parisienne, dans le coin de Marne-la-Vallée, n'hésitez pas à venir les 10-11 juillet à Bailly-Romainvilliers. Sur le site Mastersclash.eu, vous avez toutes les informations pour venir, et aussi celles liés au covid, parce qu'il y a quand même un minimum de protocole sanitaire. Vous avez les horaires, le planning… Cela fait longtemps qu'il n'y a pas eu d’événement physique en  « LAN » en France. Cela fait du bien de sortir. Il y aura aussi pas mal d'animations dans le hall de l'événement. Donc venez !