La rédaction aAa a décidé de changer la forme de certaines news pouvant porter à polémiques ou pouvant amener trop de jugements personnel dans son contenu. Ainsi ces articles porteront maintenant le sigle [Edito] devant son titre, pour le lecteur rien ne changera hormis le fait que cela le préviendra que l'article présent engagera uniquement le rédacteur et moins la rédaction au complet. La rédaction a jugé utile de faire cette manipulation pour prévenir certains lecteurs qui n'arrivaient pas à faire la part des choses en lisant certains articles.
A l'heure où le premier contrat professionnel entièrement dédié au gaming a été signé en France par une équipe française (Stephano chez Millenium), il était temps de faire un petit point récapitulatif de la santé de notre chère vieille scène française au niveau international sur Starcraft 2. Bien loin au niveau des résultats comparées aux scène de Counter-Strike : Source, Trackmania ou même WoW PvP, la scène du RTS semble connaître un manque flagrant de résultats pour nos français. Dans l'esprit de vouloir gratter un petit peu plus loin que le bout de son nez sans pour autant vouloir détenir la vérité absolue, cet article montrera certains défauts mais aussi certaines améliorations de notre scène.
La France, le cul entre deux chaises
Ce n'est un secret pour personne, il reste très difficile d'avoir un train de vie rentable en jouant à Starcraft 2 en France. Hormis pour les lan-winners, et encore, rentrer dans ses frais en passant ses journées à jouer semble être encore aujourd'hui très utopique. Pourtant les cash-prizes ne font qu'augmenter (en règle générale) et l'avènement des webtvs est très très très lucrative pour les équipes et/ou les joueurs. Pour autant le niveau de vie français reste cher, beaucoup plus cher que dans les pays de l'Est où l'on peut voir des Dimaga, White-Ra ou autre Nerchio assurer leurs trains de vies tout en jouant à temps plein. Bien sûr le SMIC local ou du moins son équivalent est beaucoup moins important que chez nous avec un 348€ en Pologne, 245€ en Ukraine alors que la France atteint au mois de juillet le chiffre de 1365€ (chiffres datant de l'année 2011, cf sources en bas de page). Avec un salaire de grandes équipes et quelques cups online voir un tournoi offline on peut facilement penser qu'un joueur de l'Est peut donc bien gagner sa vie en faisant quelques performances par-ci par-là. Ce qui ne semble pas du tout être le cas pour un français.
Pour autant les joueurs français possèdent quelques choses que beaucoup d'autres pays nous envie, le circuit des Masters. Avec grosso-modo une lan par mois plutôt bien payée par rapport aux évènements internationaux et leurs visibilité, la France peut se targuer de pouvoir subvenir aux meilleurs joueurs français sans pour autant que leurs structures respectives n'aillent les envoyer aux quatre coins de la planète. De plus en France, il y a énormément de structures qui ont des moyens pour payer ces joueurs et ce même si cela n'atteint pas un salaire viable pour vivre dans le pays. Sans faire de recherche plus approfondies, des structures comme Millenium, aAa, Cybernation, Virus, BLAST, Origine-Online ou encore SYPHER prétendent pouvoir payer plus ou moins bien un salaire à ses joueurs. Pas sûr que dans les pays ayant un niveau de jeu mineur ou même majeur en Europe, il y ait autant de structures pouvant faire cela.
De ce constat, on pourrait donc se demander pourquoi nos frenchies sont-ils si nuls en compétitions internationales ? Il y a une base salariale qui permet de "survivre" et aussi un manque d'argent qui donne la motivation pour se défoncer en compétition. Que demande le peuple ?
Qu'est-ce que le génie ? - Avoir un but élevé et vouloir les moyens d'y parvenir.
Friedrich Nietzsche
Vous avez noté que le rapport à l'argent reste pour l'instant omniprésent dans toutes les précédentes lignes, essayons donc d'aller un peu plus loin. Prenons deux exemples, un international et l'autre français, HuK et MoMaN. Le protoss canadien mondialement connu a explosé au grand jour il y a quelques mois alors qu'il restait un éternel challenger malgré sa victoire aux MLG Raleih de 2010 devant KiwiKaki et Socke. Pour autant le joueur a voulu se donner les "moyens de réussir", entraînement coréen, transfert chez TeamLiquid, volonté de fer. Les résultats ? Une victoire à la DreamHack Summer 2011 ainsi qu'à la HomeStory Cup 3 à moins d'une semaine d'intervalle et une qualification pour le crème de la crème, le Code S. Après ces quelques semaines/mois de folies, le joueur décide de partir chez EG pour l'argent, il décide carrément de rejoindre son ennemi juré Idra avec qui il s'amusait à se faire des doigts en plein tournoi, voyez le niveau. Après ce transfert plus que douteux, regardons de plus près ses résultats ... Ne passe pas les poules de l'Assembly Summer, ne passe pas le premier tour de la DreamHack Valencia, fait troisième de poule de l'IPL, ne passe pas les poules du Code S August (pourtant il avait bien un groupe en papier mâché). Alors que le joueur venait d'atteindre une stabilité financière à toute épreuve, là où il n'avait plus qu'à se soucier de son jeu, c'est à ce moment là qu'il s'effondre complètement sur lui-même...
Autre exemple, MoMaN. Manu a été le fer de lance de l'équipe Millenium pendant un bon bout de temps. Meilleurs joueur français de la béta, il a gagné un bon nombre de coupes onlines ainsi que la première lan française sur SC2 chez Bob à Marseille. Quelques temps après le joueur s'en va pour Cybernation avec un CDI à la clé, en contrepartie le joueur doit s'occuper du cybercafé parisien à mi-temps. Une aubaine à l'époque surtout que le joueur avait tout de même pas mal de temps pour se consacrer au jeu et avait surtout des conditions dantesques pour s'entraîner. Oui mais voilà, le joueur s'est lui aussi complètement écroulé. Étant condamné à ne faire que des semi-performances mensuelles, MoMaN annonça la fin de ce contrat quelques mois après pour aller chez Virus et tenter de se remémorer son passé glorieux. Bien lui en a prit puisque le joueur semble revenir très fort ces derniers jours avec quelques cups online de bon niveau. Pourtant lui aussi avait semble-t il trouvé la stabilité et le confort financier pour ne plus s'intéresser qu'au jeu. Bizarrement, la stabilité financière pour certains joueurs semble indirectement montrer une baisse de performance, une baisse d'ambition et de motivation.
Cet argent que tous les joueurs semblent aduler serait-il donc le fameux graal tant attendu pour se lancer "professionnellement" dans l'eSport ?
A l'heure où Stephano a annoncé ne jouer que pour l'argent (4:00 de la vidéo), que les joueurs français ne font que passer de structures en structures pour grappiller quelques euros. Il semblerait donc que l'argent soit le principal moteur de la scène. Alors premier réflexe, on bourre. "Tu veux du cash ? Ok pas de soucis. Quoi il t'a proposé ça en plus. Attend chez moi il y a ça aussi, tu va pouvoir faire une lan de plus t'inquiète." Puis on se rend compte que de toute façon, qu'elle est l'intérêt de se "couper une couille" pour un joueur alors que celui-ci peut tout simplement cracher sur le semblant de contrat et aller voir en face pour une augmentation de 50€ ? Et puis il ne faut pas se leurrer, le projet sportif dans la négociation avec un joueur est complètement délaissé à l'heure actuelle. On va au plus offrant, pas au plus formant. Et pourtant tous le monde sait que dans le sport conventionnel, tous vos coachs vous diront de ne pas brûler les étapes, il faut apprendre pas à pas. Combien de joueurs se sont brûlés les ailes à vouloir trop grand trop vite ? Combien n'ont pas pu tenir le rythme ? Beaucoup trop je présume.
Mais à ce petit jeu là, il reste très facile de taper sur les joueurs. Des mercenaires ? Oui. Mais cela semble compréhensif puisque comme dit plus tôt, il reste difficile de vivre de cette passion à l'heure actuelle en France. Alors nous sommes tous condamnés ? Oui et non.
Le facteur motivation
Une des premières choses qui m'est apparue sur Starcraft 2. C'était l'étonnante passivité des joueurs avant les matchs importants, après des victoires ou même des défaites. Bien sûr comme tout sport à variable intellecte l'explosion de joie ou le coaching est différent d'un sport de contact par exemple, mais quand même. Pour égayer ce changement voici deux vidéos, la première présente un speach d'un coach d'une sous-équipe de football américain dans un sous-championnat dans une catégorie de jeune. L'autre présente la victoire de MorroW sur Idra lors de la première Gamescom.
"Don't fuck with us"
"Victoire !"
Sans être un professionnel de la psychologie sportive, il est facile de dire qu'il y a une différence de motivation et de satisfaction dans ce parallèle. A ce petit jeu là, ce sont même les coréens qui nous mettent la pâtée et ce alors que ce n'est pas spécialement bien vue dans la culture du pays de taunter son adversaire ou encore de fêter trop joyeusement sa victoire. Pourtant tout le monde se souvient de firebathero sur BroodWar ou même de MC sur le deuxième opus.
En France c'est à peu près la même chose sauf pour deux ou trois exceptions. Les joueurs sont principalement amorphes autant dans la défaite que dans la victoire. Certains diront que c'est purement par respect de leurs adversaires, d'autre par manque d'ambition et de préparation de match. Un peu des deux semble être la meilleure réponse. Tout cela sans parler qu'un joueur expressif montrant sa rage de vaincre, sa joie, sa tristesse est beaucoup plus vendeur auprès du grand public puisque cela rend le jeu beaucoup plus vivant. Mais ceci est un autre sujet.
Un coup de pied au cul et c'est parti ?
Les coachs français sont en règle générale plutôt bon techniquement, SarenS n'a jamais manqué une interview pour lancer des fleurs à son coach Kaoru, Llewellys semble bien comprendre le jeu et Shiba semble être tellement présent dans le jeu qu'il en oublie certaines règles officielles, etc, etc. Pourtant le facteur psychologique et l'approche mentale du match est complètement mise de côté. Le joueur peut consulter son coach pour une approche tactique, mais en aucun cas celui-ci lui inculquera la rage de vaincre, ce petit plus qui ne vous fera pas gagner face à un joueur beaucoup plus fort mais qui augmentera considérablement vos chances de victoire face à un joueur d'un niveau équivalent.
Les coréens sont-ils plus fort que nous ? Oui il n'y a rien à redire là dessus. Mais pourquoi ? Ils ont un bras de plus ? Un cerveau différent ? Un entraînement différent ? Oui ils ont un entraînement différent mais c'est surtout dans la culture de la gagne que la Corée domine tant le reste du monde. Aucun match prit à la légère, préparation complète d'avant match et consultation du coach avant chaque map (cf : GSTL). Pourtant cela arrive régulièrement que certains européens les battent, pourquoi ? Parce que la motivation pour battre un top coréen est grande, elle est signe de respect. Dire que l'on vient de battre Nestea n'a pas la même valeur que de dire que l'on vient de battre MoMaN ... normal. Mais quel serait l'état d'esprit d'un SarenS qui rencontre un MoMaN et d'un SarenS qui rencontre un Nestea. Dans un des deux matchs il se dira qu'il lui est supérieur et qu'il peut le battre s'il ne fait pas de bêtises et dans l'autre qu'il doit tout donner pour espérer le battre. Et c'est à ce moment précis que le coach doit entrer en jeu pour le remettre dans le droit chemin avant chaque partie, ou du moins chaque BO3. Il faut que le joueur puisse donner le meilleur de lui même avant chaque rencontre.
A force d'entendre nos frenchies en interview dire qu'ils sont contents d'eux quand ils sortent des poules de tournois européens, on peut se poser la question de la culture de la gagne et de la suffisance de ces résultats moyens sur le plan internationale. Stephano le compense grandement par un talent exceptionnel mais il n'en reste que notre génération de pépites comme SarenS, Laukyo, MoMaN, Adel ou encore biGs soit vouée à rester une génération de losers. Une génération de joueurs d'un talent certain qui s'autosuffit à la moindre demi-performance qui pourra lui rapporter une récompense et peut-être espérer augmenter son capital salaire de quelques euros. Mais en aucun cas je n'ai entendu de la bouche d'un français, "cette lan est pour moi, je vais la gagner".
Se donner les moyens de réaliser ses rêves
A l'heure où j'écris ces lignes, un duel à distance entre deux plans de carrière est en train de s'affronter. ToD a décidé de quitter Millenium pour une grosse structure internationale, fnatic. Stephano quant à lui a décidé de rester en France après un épisode plutôt malheureux. L'un est engagé dans le Samsung European Championship et est en finale, l'autre vient de passer les poules de l'IGN Pro League 3. Même s'il semble y avoir une différence de niveau entre les deux tournois il reste très intéressant de comparer les performances de ceux qui tentent leurs chances ailleurs et ceux qui restent à la maison. ToD est très connu pour son côté professionnel acquis durant de longues années sur Warcraft3 et Stephano par son talent vraiment exceptionnel.
Alors qui sortira vainqueur de ce duel ? Celui qui a sûrement compris que ce n'est pas encore en France qu'il verra sa carrière s'envoler ou celui qui reste sur cette scène qui souffre tant ? Une chose est sûre, c'est que si l'un des deux est amené un jour à percer au niveau mondial, ce ne sera sûrement pas grâce à la scène locale mais bien grâce à son ambition personnelle qui fait si mal ... à la scène française.
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Pas très difficiles les autres pays !
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Donc en fait l'excuse pour lacher les redacteurs, c'est que certains lecteurs sont trop con pour faire la part des choses...
Assez deçu de voir comment les mentalités changent sur aaa
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
mais peut etre n'ai je pas compris ou tu voulais en venir.
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
La comparaison de la fin casse un peu toute la chronique qui était pourant intéressante.
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Non mais en fait il était réaliste, c'est juste toi qui le prend mal car quand tu vois ce genre d'article, on accusait la rédaction spécifiquement et non pas le rédacteur. Mais bon, si tu te croyais malin sur ce coup-la, c'est rapé.
Modifié le 17/04/2019 à 13:52
Modifié le 17/04/2019 à 13:52