Icone Retrouvez l'intégralité des aventures du plus imprévisible agent du S.I-7 en suivant les liens ci-dessous !


Chroniques I & II - LIEN

Bois vert, S.I-7 et ragondin.
Une mission, c'est sacré...


Chronique III  - LIEN (Première partie) & LIEN (seconde partie)
Va y avoir de la filoche.

Chronique IV - LIEN
"La montagne noire, enfin..."'

Chronique V - LIEN (Première partie) &  LIEN (Deuxième partie)
"Le donjon, c'est avec ou sans l'assurance ?"

Chronique VI - LIEN
"Tenue correcte exigée !"

Chronique VII - LIEN
"Du rififi chez les nains"


 

Chronique VIII - Une bonne correction !

 

 

« FEUUU ! »

 

’escarmouche n’en finissait plus dans les obscurs couloirs tapis au plus profond de la montagne. Une rage froide vibrait à l’intérieur des cœurs qui battaient encore. Une hargne aveugle habitait les combattants, abrutis par la violence et la liqueur de prunelline, un alcool fort que l’on donnait aux guerriers sombrefer avant de monter au front des hostilités.

 

Trois coups secs éclatèrent et rebondirent sur les murs des cavernes en un écho étourdissant.

La salve qui venait d’être tirée par un petit groupe de fusiliers fit mouche.

Plusieurs fois.

 

Une balle.

Le nain qui croisait habilement le fer avec Sémiramis s’effondra se tenant l’épaule de son bras valide. Sacrés tireurs ces nabots ! Une belle bande de bras cassés…De vrais fils de chasseurs…

 

Deux balles.

L’agent Lessien poussa à nouveau un grondement de mauvaise augure et enfonça la tête de son adversaire d’une dizaine de centimètres dans son armure, tandis que ses pieds s’enterrèrent dans le sol meuble. En un instant, elle avait repris sa forme elfique et se tenait le côté. Ses vêtements s’imbibaient lentement mais inexorablement de sang…

 

Trois balles.

Le Darw sentit son épiderme se déchirer tandis qu’un objet oblong et chauffé à blanc se frayait un chemin pavé de chairs.

Son épaulière avait volé en éclats.

Il recula sous le choc de l’impact et entendit distinctement l’omoplate exploser sous la percussion de la balle.

La douleur était insoutenable. Un instant, il manqua défaillir. Mais son instinct de survie prenait toujours le dessus dans ces situations-là. L’agent du S.I-7 porta la main à sa sacoche de poudre éclipsante. Elle l’avait déjà tiré de plusieurs mauvais pas dans des rixes de taverne. C’était pas un nain qui lui ferait la peau auj…

 

Le Darw cria à pleins poumons, plié à nouveau sous la douleur. Haletant dangereusement, suant littéralement sang et eau, il sentait son raisiné battre à ses tempes en faisant un vacarme assourdissant.

 

Une quatrième balle ?

Un projectile venait de traverser sa cuisse en sectionnant de nombreuses fibres musculaires.

Il s’effondra.

Ses pensées s’accélèrent comme sous le coup d’une poussée d’adrénaline. Pour moitié confuses.

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Trois balles tirées. Une seule sur moi et deux blessures à l’angle de pénétration ubuesque et à la géométrie improbable.

Dans quelle merde on s’est fourrée encore ?…Un coup des services secrets sombrefer ? Du Front de Libération Troll ? Un nouveau développement à la fameuse « théorie de la balle magique » ?

 

Putain. Arrête…Tu délires complet là…».

 

Le Darw fut secoué d’un brutal et incœrcible hoquet sanguinolent. Les dents rougies, sa bouche s’emplit d’un goût prononcé et entêtant de fer. Respirer devenait difficile.

Il ferma les yeux. Pour enterrer la douleur. La mettre six pieds sous terre.

Oublier. Faire le vide. S’effacer aux yeux de tous.

Se fondre dans l’ombre. Douces ténèbres environnantes.

Protectrices. Salvatrices.

 

Ses membres ne s’évanouirent pas progressivement, ses mains ne se dissipèrent pas non plus dans une étrange et faible lueur diaphane…

Non, rien de tout ça. Il disparut soudainement.

 

Caché à la vue de tous, Darwinfugu comptait bien utiliser un quelconque élixir de régénération dont sa besace était largement pourvue. Outre ses talents reconnus et recherchés de distillateur de picole, spiritueux et autres gnôles, il était également passé maître dans l’art obscur de l’alchimie. Mais avant que le Darw ne pût esquisser un geste, il se sentit inondé par une douce chaleur irradiant les deux plaies béantes qui parcouraient son corps profondément blessé.

 

La druidesse…

 

Lessien en mauvaise posture tantôt ne portait apparemment plus aucune blessure de ses combats. Elle lui souriait, le regard désarmant et débordant de bonté. Cet être proche de la nature demandait l’aide des esprits de la terre pour invoquer un sort de restauration.

 

De fines particules de sable vinrent recouvrir ses plaies.

Tu es né poussière…

Au fur et à mesure que se dissipait cette gangue apaisante, ses blessures se refermèrent comme s’efface un mauvais cauchemar.

Tu retourneras poussière…mais ton temps n’est encore pas venu.

 

Mouvement brusque et agile des jambes et du bassin.

 

Le Darw était à nouveau sur pieds, galvanisé par des forces nouvelles. Il fit un signe de tête en direction de la druidesse en guise de remerciement.

Une nouvelle fois, certainement pour la dernière, ils repartirent à l’assaut.

Ou plutôt se furent les nains qui tentèrent…

 

 

Le nain Lambda dans un langage commun peu sûr mais incroyablement phonétique – « É vou‘spèsse eud’battar, d’cules* et d’pitanches*, j’vè vou pourrir la goule moua ! Suce ô intru ! Suiv… »

 

Hurlement de rage…

De ceux qui résonnent d’une colère glaciale, implacable et déterminée.

 

…provenant d’une voix féminine…

Aïe…Cela change tout…

Des fois que ça soit un ongle cassé…misère…

 

Un court instant, le temps sembla figé.

Tout comme les différents protagonistes de cette histoire. Même le nain quelconque qui souhaitait sonner la charge sur les grands bazus* d’en face avait fermé son nid à chicots.

 

Darw observa du coin de l’œil la magicienne esquisser un geste. Elle avait le poing fermé et blanc comme si son sang s’en était retiré.

Elle prit la parole. D’une voix de convaincue.

 

Sémiramis, Magister ès Lettres – « Non mais, vois tu moi le lui* ! Si ce n’est pas malheureux de voir ça ! M’en vais t’apprendre l’orthographe, et prestement ! La prochaine fois, tu feras peut-être attention à ce que tu mets dans tes bulles de dialogue. Sombre crétin ! »

 

La mage déploya lentement ses doigts fins et agiles.

 

Bwouf !

 

Au premier abord, la scène pouvait paraître tout à fait saugrenue voire ahurissante et pourtant elle commençait à devenir étrangement familière à nos compagnons.

 

Le sombrefer, qui s’était exprimé tantôt et au mieux de ses capacités dans un langage qu’il ne maîtrisait pas, venait de se volatiliser pour réapparaître sous la forme d’un livre.

 

Et tandis qu’au sol le petit nuage de poussière se dissipait, le Darw pu reconnaître le bouquin à sa couverture caractéristique pour l’avoir pratiqué maintes et trop de fois à son goût.

 

Un Bescherelle

 

Cette femme est un monstre…

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Lexique

 

Pitanche, cule - poivrot

Bazu - taré, fou

« Vois tu moi le » - regarde le lui

 

A la s'maine prochaine pour la suite les bazus !