La Penny Arcade eXpo, évenement américain célèbrant le jeu vidéo et la culture geek, a posé ses valises à Paris ce 21 & 22 avril. Deux raisons : Un, les américains sont croissancivores. Après un webcomic à succès, une convention, des jeux et la création d'une salle d'arcade en orbite : il leur fallait conquérir le vieux continent. Deux, le Paris Games Week est devenu un espèce de salon de l'agriculture électronique dont le ticket d'entrée donne le droit de faire des heures de queue pour tester des jeux qui sortent la semaine d'après, tout en étant perfusé de publicités par le nerf optique. Il y a donc un créneau pour les joueurs roots, et le calendrier d'avril étant relativement léger : banco.





C'est donc le coeur empli d'espo.ir.rt que je me suis pointé avec mon ado à la Grande Halle de la Villette, habituellement réservée par Tin-tin-le-tatoueur-d'Alizé pour le mondial du tatouage, 30 000 visiteurs en moyenne. La Halle est agréablement clairsemée, ce qui permet de se sentir entouré par ses semblables tout en déambulant facilement et de tester les jeux sans attente. Il y a beaucoup de machines justement : une cinquantaine de PS4, des bornes d'arcade, des PC de gaming, des consoles rétros et du vieux CRT des familles. Car la PAX, c'est d'abord un musée vivant du jeu vidéo, consciencieusement animé par plusieurs associations de passionnés. 


Au centre, un espace avec des exposants de jeux de plateaux/de rôles et une trentaine de développeurs indépendants venus montrer leurs bébés. Parmi eux, des gros calibres comme Behemoth ("Castle Crashers") ou Motion Twin ("Dead Cells"), mais également des créations originales comme ce jeu de stonb avec des vaisseaux spatiaux, stratégiquement situé à côté de la vente des donuts. *Avec un ton d'hotesse de l'air* Sur les espaces latéraux, des parties de jeux de société et des rangées de bornes d'arcade vintage. A l'avant et à l'arrière de l'appareil, des scènes sur lesquelles se sont déroulées de nombreux d'évenements d'esport, dont la prestigieuse finale Nation Wars V de Starcraft 2. Ancien roliste, je jette mon dévolu sur un étal de dés en pierre & métaux précieux. Le tenancier, un australien, me fait soupeser un d20 en tungstène, magnifiquement gravé à l'intérieur d'une petite cage rombohédrique elle-même en tungstène. 30 heures d'usinage, 1400$, une paille. Je le repose en lui disant que, malheureusement, je ne joue qu'avec des dés en or.



Petit tour des exposants. L'occasion pour moi de montrer à mon gamin à quoi ressemble la GameGear sur laquelle je speedrunnais Sonic à son âge, accroupi à côté d'une prise en raison de la misérable autonomie du biniou. Puis direction le petit amphi pour assister à la finale de Dissidia NT. Le jeu est assez incompréhensible et l'équipe qui semblait avoir gagné perd, ou l'inverse. Le MVP est très content de lui et marmonne dans le micro du commentateur. Côté charisme on repassera, le star-system en esport reste clairement une exception plutôt que la norme. Puis c'est la finale de Mario Kart, commentée par deux membres du staff de Nintendo France venus la fleur au fusil. Qu'importe, Mario Kart se suffit à lui même. On part avant la fin pour ne pas rater le clou du spectacle car la finale SC2 va bientôt commencer.

On arrive en fin du concert du Toxic Avenger puis c'est l'heure du lancement de swag dans la foule. Je ne sais pas ce que c'est mais c'est gratuit donc j'en veux. Je reviens malheureusement brocouille. Les casters sont déjà en place, la salle est pleine (500 personnes environ), l'air est mouate de testostérone (où sont les femmes avec leur justaucorps de charme...) : nous sommes tous prêts à voir la Corée, nation reine de la discipline et double tenante du titre, dévorer la Hollande dans un best of 9. La Hollande mène 2 à 0, grosse ambiance. Puis INnoVation, un des meilleurs joueurs de l'histoire de SC2, prend place dans le box coréen. Il entame une extraordinaire remontée, ravageant l'équipe d'en face 4 fois d'affilée. Le format de jeu est assez interessant, il s'agit d'équipes de 3, et quand un joueur perd il est remplacé par un autre membre de l'équipe sauf s'il est ressuscité. Tous les matchs sont torchés en moins de 10 min et on comprend assez vite comment ça va se finir car la différence de niveau, et même d'attitude sur le banc de touche, saute au yeux. Les casters changent aussi et à mon grand plaisir c'est le facétieux Pomf qui termine le match. Score final 5 à 3, les coréens marmoréens remportent 50k$ + 10k$ environ de crowdpricing et soulèvent le trophée dans une salle en délire. Après le non-évenement Webédia à Poissy, je suis heureux de montrer à mon fils le vrai visage de l'esport...et attends tu vas voir comment les MSI ça va déchirer.




La journée touche à sa fin. Je suis presque sûr que PAX n'a pas atteint l'équilibre financier. A vue de nez, 5000 visiteurs max, et 15€ l'entrée c'était cadeau. A moins d'être perfusé l'an prochain, pas sûr que les ricains retentent l'aventure. Dommage, peut-être que cette chouette manifestation n'aura été qu'une étoile filante...en tout cas, nous, on y était !