Si les paladins sont connus pour leur sens de la vertu et leur demande insatiable de justice, les employés de Blizzard Entertainment ne sont pas loin derrière. C'est l'histoire folle d'un américain nommé Alfred Hightower recherché par la police fédérale de l'Indiana pour trafic de stupéfiant. Le shérif s'occupant personnellement de l'affaire avait réussi à réunir toutes les preuves nécessaires pour faire inculper ce M. Hightower et, avec la loi des "trois coups" (three strikes), il risquait de rester un long moment derrière les barreaux. 

 

 

Cependant ce dernier réussi à s'enfuir vers le Canada. Malgré la forte coopération entre les services de police canadiens et l'U.S. Marshall, le fugitif n'a put être localisé. C'est alors qu'après investigation poussée, le shérif découvrit que l'homme recherché était un grand fan de World of Warcraft à tel titre qu'il passait plusieurs heures par jour à s'occuper de son avatar et ce sans trop se préoccuper des autorités activement à sa recherche. Mais c'est bien avec ce détail que notre homme de justice comptait mettre la main sur Hightower. Après avoir découvert que son pseudonyme dans le jeu était "Rastlynn" (lien armurerie lol!), notre shérif envoya une requête à la société créatrice du jeu, à savoir donc Blizzard, pour demander un maximum d'informations sur ce Tauren ascendant Chaman. 

 

Problème étant que cette requête était complètement en dehors de la juridiction de l'USMS et que, par conséquent, Blizzard Entertainment n'avait aucune obligation de livrer ces informations. C'est donc sans y accrocher d'espoir que le shérif s'était lancé dans cette entreprise. Mais pourtant ! Trois mois après, voilà que ladite requête fut satisfaite. Coordonnées, factures et adresses IP ont permis aux autorités locales d'appréhender Alfred Hightower afin de l'extrader aux États-Unis afin qu'il soit jugé.

 

On rappellera que ce n'est visiblement pas la première fois que Blizzard donne un coup de main aux autorités. En effet, un avertissement de Blizzard au bureau fédéral a permis à ce service d'enquêter sur un jeune joueur qui annonçait vouloir détourner et écraser un avion. Autre cas, un jeune adolescent menaçait un Maître du Jeu de vouloir se donner la mort si son compte n'était pas exempté du bannissement qu'il venait de subir a pu être arrêté par la police après que Blizzard ait donné l'alerte en appelant le 911. En plus d'être un délit, cette menace de suicide indiquait visiblement un malaise chez ce jeune homme de 17 ans et cette intervention a pu prévenir une tragédie.

 

Une question se pose : Blizzard est-il en bonne posture lorsqu'il livre des informations aux autorités ? Lorsqu'il s'agit de porter assistance aux personnes en détresse, l'exemple du gosse suicidaire, oui, ils ont devoir de le faire. Mais lorsqu'il s'agit de livrer les coordonnées d'un fugitif, on peut se poser la question. Dans le principe où World of Warcraft n'a pas été utilisé pour commettre les crimes en question, Blizzard se voit protéger de toutes obligations, excepté s'il y a ordonnance du tribunal, ce qui ne fut pas le cas pour Alfred Hightower. Bien que la charte d'utilisateur stipule bien que toute information peut être utilisée en recours nécessaires, il y a bien présence d'un dilemme moral : préserver la confidentialité des joueurs ou aider à faire justice.

Dans nos pays développés, on se doute bien que ce dilemme n'est pas très pesant car rare sont les individus fortement séditieux et, par delà tout cela, fugitifs. Mais de telles investigations dans un pays où liberté d'expression et d'agissement sont beaucoup plus entravées, par exemple la Chine, pourraient créer un réel malaise au sein même de la communauté Warcratienne car se sentant épiée même dans leurs moments de distraction.