Battus 3-1 par Movistar KOI en finale du LEC Spring Split 2025, les G2 Esports ont vu leur rêve de récuperer leur titre s’envoler. Dans l’After Show d’OTP, leur General Manager Romain Bigeard a livré une analyse franche de la rencontre et de ses conséquences à l’approche du MSI.
« Ce n’est pas bien, pas ouf quand même » : G2 tombe, Romain assume
Dans une ambiance encore marquée par la fraîcheur de la défaite, Romain Bigeard n’a pas fui ses responsabilités au micro d’OTP. Quelques minutes après la fin du BO5 remporté 3-1 par Movistar KOI, le General Manager de G2 Esports est venu livrer un débrief lucide et direct, sans chercher d’excuses ni gommer la performance de l’adversaire. S’il reconnaît que ses joueurs ont été loin de leur meilleur niveau, il insiste surtout sur la supériorité du vainqueur du jour. En ligne de mire désormais : le Mid-Season Invitational, où G2 et KOI représenteront ensemble l’Europe.
KOI au-dessus, G2 trop tard
« J’avoue que c’est un peu dur. Ça fait même très, très chier ». Le ton est donné dès les premières secondes. Romain Bigeard ne masque ni la frustration ni la déception. G2 visait un doublé Winter/Spring après son titre en février, mais a été largement dominé. Le GM reconnaît sans détour : « Très, très gros BO de Elyoya, qui mérite cette victoire. Il a démarré le BO comme il fallait, et je pense qu’il nous a un peu scotchés ».
L’équipe espagnole a rapidement pris l’ascendant. « On n’a pas réussi du tout à se réveiller avant la game 3. Même en game 4, il y a eu des hints… on a mal joué, on n’a vraiment pas bien joué ». Malgré quelques ajustements en draft, G2 a peiné à concrétiser. « Je pense qu’on avait commencé à avoir de très bonnes drafts en game 3 et 4, donc il y avait de l’espoir. Mais il y a des erreurs de gameplay qui font que ça ne passe pas en finale ».
Bigeard n’en fait pas un drame, mais pas non plus un détail. « C’est la 11e finale qu’on joue… donc c’est frustrant de ne pas réussir à clutch, surtout qu’on a deux joueurs, SkewMond et Labrov, qui n’ont jamais gagné ». KOI, de son côté, a su enchaîner deux jours parfaits. « Ils ont été underdogs les deux jours, et ils ont gagné les deux jours. C’est très propre. Il n’y a pas à dire ».
« Cette fois, on n’a pas sous-estimé l’adversaire »
Interrogé sur l’état d’esprit de G2 en amont de la finale, et sur le risque d’excès de confiance, notamment après avoir vu la Karmine Corp chuter prématurément, Bigeard balaie cette hypothèse. « La KC, ils ont hard troll. Ils sont rentrés du First Stand, ils ont cru que ça te donnait un ticket pour le MSI. Ils l’ont appris à leurs dépens ». Pour G2, les erreurs du passé ont servi de leçon. « Ce sont des erreurs qu’on a faites dans d’autres splits, où on s’est crus un peu beaux en revenant du premier événement. Mais pas cette fois. On était très carré ». Il reconnaît néanmoins que la préparation n’a pas été optimale. « On n’a pas eu la meilleure semaine de scrims, comme tu pourras le voir dans les résultats que je vais publier demain. »
G2 ne s’attendait pas à une finale facile, peu importe l’adversaire. « On pensait honnêtement que ce serait l’un ou l’autre. On avait fait nos petits paris internes. Moi j’avais misé sur KOI, d’ailleurs ». Et il l’admet : « Ça me frustre un peu qu’on mette autant de temps à se réveiller, qu’on commence seulement à montrer des signes de vie en game 3 ».
Drafts serrées, gameplay décevant
Bigeard souligne aussi la difficulté à préparer ce BO face à une équipe comme Movistar KOI. « C’est dur de se préparer contre une équipe qui a des drafts secrètes, des trucs de sorcier ». Il évoque notamment l’absence de Rumble, que KOI peut flex à plusieurs postes, rendant les drafts compliquées à anticiper. « On savait plus ou moins ce qu’ils allaient faire, et eux savaient ce qu’on allait faire ».
Pour lui, la différence ne s’est pas jouée sur les picks. « En dehors des drafts très one-sided en Fearless, je pense que c’est surtout en gameplay qu’on a fait des trucs… pas beaux ». Un constat qu’il tempère tout de même : « C’est moins décevant que la dernière finale, parce qu’on gagne quand même une game. Et on a un métier pour les deux mois qui arrivent. Mais ce n’est pas bien, pas ouf quand même ».
À la question de savoir si la pression a joué un rôle, il répond sans détour : « Je pense que oui. Quand tu perds une première finale, puis que tu fais un split pas évident, avec un début facilité par le calendrier mais des tournois de scène mal joués… tu as une pression, c’est sûr ». Il y voit tout de même un aspect positif. « C’est une pression qui peut être motivante. Parfois, ça transcende. Parfois, comme aujourd’hui, ça casse ».
Objectif Canada, en collaboration
G2 n’a pas le temps de s’apitoyer. Direction le Canada pour le MSI, où l’équipe partagera le drapeau européen avec son bourreau du jour, Movistar KOI. Là encore, Bigeard adopte une posture constructive : « Ma politique a toujours été : on n’arrive pas à aller au bout, donc autant passer les meilleurs moments ensemble ».
Il précise qu’il connaît bien les autres managers européens : « On se connaît tous. On s’arrange, on s’écupe. On rencontre les mêmes problèmes. Si ça doit se finir en finale entre nous, ce sera un formidable problème ». Il assure d’ailleurs qu’il a déjà commencé à travailler sur les déplacements au Canada et à Riyad. « On va devoir commencer à scrim dans 10 jours, alors que les autres vont commencer leurs vacances ».
Romain Bigeard se projette déjà sur les Worlds. « Si on doit perdre toutes les finales jusqu’à la fin de l’année pour gagner cette putain de Coupe du monde, je signe tout de suite ». La claque du Spring ne doit pas faire perdre de vue l’objectif. « On a une armoire complète de titres à la maison. Le but maintenant, c’est d’aller la chercher, cette Coupe du monde ».
En aparté : une séquence coupée et des excuses
L’interview diffusée en direct par OTP a été coupée à un moment sensible lors de sa mise en ligne sur YouTube. Romain Bigeard avait tenu des propos virulents envers la communauté de la Karmine Corp : « Les fans KCORP à l'heure actuelle, je suis désolé, mais une grosse partie de leur communauté c’est des connards ». Le passage a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, alimentée par un tweet d’OTP relayant l’extrait, lui aussi supprimé par la suite.
Face à la polémique, Romain a rapidement publié une déclaration d’excuses :
Pardon, j’étais un peu chaud après la défaite et j’ai utilisé les mots "une grosse partie de leur communauté", alors que je voulais bien évidemment dire "une minorité bruyante, disgracieuse, vilaine et désagréable". Je parlais des connards qui veulent la tête des joueurs et/ou du staff KC alors qu’ils ont fait un premier split incroyable et un second split très solide. [...] Mes excuses à la grosse partie de la communauté qui avait rien demandé et s’est prise une balle perdue. [...] Vous restez nos meilleurs ennemis, j’espère que si on a perdu aujourd’hui c’est pour mieux prendre notre revanche contre vous cet été.
Le cofondateur et caster d’OTP, Tweekz, a également pris la parole pour apaiser les tensions :
C’est de ma faute, j’aurais dû le corriger. Romain fait indubitablement référence à une petite partie belliqueuse et bruyante. Il sort d’une finale, perdue de surcroît. S’il croyait que toute la communauté était ainsi, il ne serait pas là.
Un épisode tendu, symptomatique des débordements parfois visibles sur la scène européenne, amplifié par une (nouvelle) défaite en finale. Pour Romain Bigeard, le message reste clair : se battre sur le terrain, pas sur Twitter.