Un passé glorieux en e-Sport

 

 

La Corée a découvert le professionnalisme dans le monde de l'e-Sport bien avant les Occidentaux. Jeu phare de ce développement, BroodWar a permis lamise en place de fondations solides et a fait émerger un "modèle coréen" de l'e-Sport. L'arrivée de League of Legends sur les serveurs coréens fin 2011, quelques mois après avoir vu la finale de la Saison 1 battre des records d'audience n'est pas un hasard. De nombreux joueurs coréens jouaient déjà sur les serveurs américains et se sont empressés de revenir afin de former les premières équipes coréennes de haut niveau.

Yellow, légende de BroodWar

 

Un jeu remportant un tel succès dans le monde occidental ne laissa pas les coréens indifférents, et c'est un tsunami qui s'est abattu sur les serveurs Riot lors de leur ouverture : plus de 300.000 comptes créés lors de la première journée. Face à cet engouement populaire qui ne cesse de croître, les grosses structures e-sportives coréennes (ndlr: les équipes KESPA et ESF) commencent à s'intéresser à ce jeu. Elles côtoient de petites nouvelles, telles que Najin, Xenics, MiG, Azubu qui essaient de se faire leur place au soleil. L'intérêt est d'autant plus grand qu'il ne faudra que quelques mois pour qu'un championnat de haut niveau soit créé par OnGameNet.

 

Un système d'entraînement complet hérité de BroodWar

 

 

Les équipes professionnelles à Séoul ont récemment reçu la première vague de superstars retraitées de l'histoire de l'e-Sport. Leur arrivée en tant que coach leur permet d'enseigner, non seulement sur la manière de s'entraîner, mais surtout comment le faire de manière efficace.


MonteCristo, Commentateur OGN, au sujet de l'e-sport coréen

 

Arrivant sur League of Legends un an après les formations occidentales, les équipes coréennes récupèrent pourtant vite leur retard. Les nouveaux venus font appel à d'anciennes gloires de BroodWar, en tant que coach, dont le seul but est de former des champions. C'est ainsi que des légendes telles que Yellow ou encore Reach rejoignent respectivement Xenics et Najin. Et c'est en s'inspirant de BroodWar, où le travail des coachs et analystes est prépondérant dans la préparation des matchs, que la scène League of Legends va évoluer.

 

Nombre de structures ont désormais à leur disposition managers, coachs et analystes. Prenons l'exemple de MVP, dont l'équipe Ozone a récemment gagné les OGN Spring 2013. On trouve la présence d'un manager et plusieurs coach/analystes. Le manager définit l'emploi du temps, les entraînements, les activités communes pour renforcer les liens au sein de l'équipe et met aussi en place un entraînement physique quotidien. En appliquant une fois de plus le fameux adage "Mens sana in corpore sano" (ndlr: Un esprit sain dans un corps sain), MVP part du principe qu'un joueur e-sport est un athlète et qu'une bonne santé physique et mentale est particulièrement efficace pour performer au meilleur niveau. Les coachs et analystes ont, eux, plusieurs rôles : l'analyse des replays de l'équipe adverse, la préparation des futurs matchs ainsi que la mise en place de nouvelles stratégies. Toutes ces informations sont fournies aux joueurs, ces derniers peuvent alors essayer les dernières stratégies mises au point face à leur équipe soeur (ndlr: ici les MVP Blue) lors de matchs d'entraînements.

 

En plus d'un manager, SK Telecom T1 embauche deux coachs à plein temps, Kkoma (ndlr: ancien capitaine de l'équipe LoL Startale) et L.I.E.S. dont la seule fonction est d'aider les joueurs à se préparer pour leurs prochains matchs et d'ajuster le gameplay de l'équipe.


MonteCristo, Commentateur OGN

 

 

MVP Ozone, un exemple de coaching gagnant

 

Cette importance grandissante des coaches et analystes au sein de League Of Legends s'est vu lors des derniers OGN. Les deux équipes en finales, MVP Ozone et CJ Entus Blaze ont montré à de multiples reprises à quel point leur préparation aux matchs était parfaite. L'exemple le plus marquant est sans doute le changement de visage de MVP Ozone entre les demi-finales et les finales de ces OGN.

 

 

Face à une équipe très agressive et portée sur l'early game telle que SK Telecom T2, les Ozone n'hésitent pas à prendre des héros plutôt late game tels que Vayne, Karthus ou encore Ryze. Grâce à une bonne analyse des stratégies early de SKT, les Ozone réussissent souvent à ralentir la progression des SKT en utilisant le bon positionnement de leur jungler. Utilisant le fait que les SKT aiment bouger en petits groupes durant le mid game pour split push, les Ozone font de gros efforts de warding et arrivent à attraper des teamfights très avantageux qui sont très vite convertis en objectifs. Le passage en late game n'est alors qu'une formalité pour une composition bien supérieure late game à celle de leurs adversaires. Lors de la finale, les MVP Ozone montrent cependant un tout autre visage.

 

Alors que durant les demi-finales l'équipe s'était appuyée sur le late game de leur AD carry Imp, lors de ces finales les MVP Ozones créent le jeu par le biais de leur jungler et mid laner. Face à des CJ Entus Blaze excellents en late game mais très peu actifs en early, les MVP Ozone choisissent des compositions très agressives en utilisant des junglers tels que Lee sin ou Elise couplées à des assassins comme Zed ou Kha'zix mid lane. Le roam incessant et la pression de la part du jungle et midlane sont tels que Blaze ne sait comment réagir. Au final, les MVP Ozone remportent ces OGN en montrant un gros niveau de performances personnelles, mais aussi un gros travail de préparation et d'adaptation aux stratégies adverses. Leur adversaire n'avait rien vu venir et a été incapable de réagir.