defensearena

Le jour de la Saint-Valentin, un nouvel évènement de grande ampleur organisé du 5 au 7 juillet prochain à la Paris Défense Arena a été annoncé en catimini. Il signe le retour d'un duo d'organisateurs sulfureux qui a marqué l'année 2010.

 

[MàJ 19/02 : L'association France Esports a réagi sur Twitter]

 

 

 

[MàJ 18/02 : Correction du paragraphe relatif à Games Solution et de celui relatif aux interdictions de gestion]

L'évènement en lui-même

 

Les Numeric Games sont un évènement esport prévu du 5 au 7 juillet en banlieue parisienne qui cherche à  réunir 20 000 spectateurs et 1000 participants sur de très nombreux supports (CS:GO, Dota 2, Apex Legends, League of Legends, Fortnite… pour ne citer que les principaux).

 

 

Un peu d'histoire

 

Pour comprendre les interrogations qui entourent cet évènement, il est nécessaire de revenir 10 ans en arrière, c'est pourquoi nous vous recommandons de découvrir ou de redécouvrir les articles en lien ci-dessous. En effet, il est difficile de résumer en quelques lignes l'épopée de l'ESWC 2010, un feuilleton qui a tenu en haleine la planète esport pendant de longs mois à une époque où la scène française dominait les passions.

 

Il y a dix ans exactement, l’ESWC, terrassée par la crise financière, renaissait de ses cendres, rachetée par un certain Stéphane Cosse, un Toulousain épaulé d’un business angel ayant fait fortune dans l’immobilier, Jean-Marie Coutant. Huit mois plus tard, cette terrible désillusion se soldait par l’échec cuisant de l’évènement organisé à Disneyland, laissant une ardoise de plus d’un million et demi d’euros à régler. Messieurs Cosse et Coutant ont alors mis fin à leur partenariat dans la foulée, une décision sur laquelle les intéressés avaient décidé de ne pas épiloguer.

 

La société LF Conceptions

 

Au cœur de ce nouveau projet Numeric Games, on trouve la société nouvellement formée, ou plutôt activée, LF Conceptions, les initiales d’un certain Luis Fernandez. S’il n’est pas aussi réputé que son homonyme footballistique, Luis Fernandez demeure un personnage central de la saga ESWC 2010, puisqu’il s’agit du préparateur mental de Jean-Marie Coutant qui avait mis en relation Stéphane Cosse et l’investisseur orléanais.

 

L’entreprise a son siège à Mazamet, petite commune de 10 000 âmes située entre Castres et Carcassonne. Son adresse intrigue, puisqu’elle est hébergée dans les locaux d’Emetron, une autre société de Luis Fernandez... qui vient tout juste d’être radiée après une liquidation judiciaire.

 

Son capital social est de 100 000 euros, un montant qui vise à se montrer rassurant, c'est pourquoi il figure d’ailleurs sur les plaquettes et le site web de l’évènement. Toutefois, en consultant les statuts, on apprend que seules 25% des parts ont été libérées, autrement dit seuls 22 500 euros ont été versés par S. Cosse qui détient 95% de l’entreprise, le reste étant repoussé au plus tard au 31 décembre 2022. 5% du capital est également constitué d’apports « en nature », notamment une imprimante Canon Pixma MG5350, un écran d’ordinateur ACER TFT 23 pouces, un site Internet et d’autres accessoires informatiques. Pour les aficionados des augmentations de capital, sachez que ce chiffre de 25 % d'actions libérées n'est pas un hasard, il s'agit du minimum possible autorisé pour ne pas tomber sous le coup de la loi (pour augmentation de capital fictive).

 

La même recette

 

Au-delà des personnalités impliquées, on remarque une étrange ressemblance avec les signes qui laissaient présager l’échec de l’ESWC 2010. Par exemple, aucun sponsor organique provenant du milieu du jeu vidéo n'a pour l'instant été annoncé. Aucune franchise n'est en place pour organiser des qualifications locales pour cet évènement international. Le calendrier des finales est peu opportun, puisqu'il tombe en même temps que la Japan Expo qui cannibalise déjà les festivaliers. À cela on peut ajouter que le montage financier a des assises très fragiles étant donné l'apport modeste de l'actionnaire, que l'annonce est très tardive, encore plus qu'en 2010 alors que les grands évènements s'organisent de plus en plus longtemps à l'avance. Enfin, aucun partenariat avec un éditeur n'a été signé alors que ceux-ci exercent un contrôle quasi-maniaque sur l'utilisation de leurs titres.

 

Nettoyage sur Internet

 

Il est difficile de trouver des traces de ces péripéties passées, les différentes sociétés ont pour la plupart été radiées et de nombreux événements ont fini en eau de boudin avant même d'avoir eu lieu. D'autres ont été créées par des proches et sont donc difficiles à rattacher au protagoniste principal. De fait, team-aAa.com, média référence du sport électronique en France depuis 2000, constitue l’une des rares ressources susceptibles d’éclairer les partenaires potentiels de cet évènement en devenir.

 

Cette annonce surprenante a tout de même fait réagir quelques intervenants sur Twitter :

 

Twitter_Cosse

 

Nous n'avons pas été en mesure de vérifier des possibles interdictions de gérer plus récentes. Celles-ci ne sont pas rendues publiques et seuls les greffes des tribunaux de commerce y ont accès.

 

Si l'engagement réel et précis des partenaires annoncés (TF1, Air France, Secrétariat d'État au Numérique et leurs appareils et marques respectifs) n'a pu être établi par nos soins au moment de la publication de cet article, leur supposée présence interroge sur leurs processus de due diligence, ce mécanisme qui consiste justement à rechercher les antécédents et à ne pas se fier simplement aux plaquettes promotionnelles.