Une interview de Hong "MadLife" Min-gi, réalisée par Inven Global, a été publiée peu après que ce dernier a annoncé sa retraite.

 

Vous partez maintenant, mais il semble que vous en ayez gros sur le cœur. Quelle est la principale raison de cet arrêt ?

Après avoir échoué deux fois lors des qualifications (tournoi de promotion nord-américain, ndlr) l'année dernière, je n'ai pas arrêté de me dire : " Tu échoues encore à ce stade ?" Après avoir quitté l'équipe et pris une pause lors du Spring Split, j'ai commencé à me préparer pour le Summer Split. Je pensais vraiment que j'allais revenir au plus haut niveau. Cependant, lors de ma préparation, j'ai commencé à être assailli de nombreux doutes, j'ai perdu confiance et je n'étais pas sûr de pouvoir être à la hauteur si je rejoignais une nouvelle équipe. Je suis vraiment désolé pour les fans. Je leur avais promis de revenir pour le Summer Split, mais je ne pourrai pas tenir cet engagement.

 

Vous avez passé beaucoup de temps à chercher une nouvelle équipe.

Les résultats de la saison précédente comptent énormément pour la saison suivante. Mes résultats en 2017 n'étaient pas si bons que ça. J'étais très préoccupé, je cherchais soit une équipe qui pouvait faire de bons résultats, soit une équipe qui m'assurerait un futur. J'ai reçu quelques offres de bonnes équipes, mais je les ai fait attendre car ces offres ne correspondaient pas à mes standards. J'ai laissé passer l'occasion de signer avec une bonne équipe lors du Spring Split, j'ai donc juste streamé pendant cette période. J'ai même envisagé de jouer en Turquie. Bien sûr, je regardais aussi les offres en LCK, LPL, LCS NA et EU, mais je n'ai pas eu beaucoup de contacts, et je me suis probablement montré trop gourmand lorsque j'ai eu des propositions.

 

Vous avez dû évoquer ce sujet avec vos proches. Que vous ont-ils conseillé ?

J'en ai seulement parlé à une personne, l'entraîneur des RNG, Son "Kezman" Dae-young. Je pense que les autres l'apprendront uniquement quand cette interview sortira. Kezman a pris le temps de m'écouter malgré son emploi du temps très chargé. Je l'ai aussi rencontré une fois pendant la pause que j'ai prise durant le segment de printemps. Je lui ai parlé de mes doutes, et il m'a répondu que d'après lui, je me trouvais à un croisement. Il m'a conseillé de davantage me consacrer à mon avenir en général, plutôt qu'à mon futur en tant que joueur, car les carrières sont assez courtes et que je pouvais envisager une reconversion en coach ou streamer. Il m'a suggéré d'en choisir une et de me concentrer dessus. Il m'a aussi dit que je ferais un bon commentateur. J'avais peur de l'avenir, mais après lui avoir parlé, j'avais repris confiance. J'avais essayé de rejeter l'idée comme quoi continuer ma carrière serait difficile, mais après notre conversation, j'ai compris qu'il fallait que j'y mette un terme.

 

Comment les gens réagiront-ils à cette annonce ?

Tout le monde est très occupé avec le calendrier du Summer Split, alors je pense qu'ils s'en ficheront un peu (rires). Je suppose qu'ils penseront juste que ce qui doit advenir se produira. Je serai très reconnaissant s'ils en parlent un peu.

 

MiG (première équipe de Madlife, futurs Azubu Frost, ndlr) faisait partie de la première génération d'équipes sur League of Legends. Comment cette équipe s'est-elle constituée, et comment était ce de jouer dedans ?

J'étais un peu un outsider dans cette équipe. Je ne jouais quasiment que des parties normales avec quelques copains. Je pensais commencer les ranked après avoir remporté 1000 parties normales. Alors que je pensais cela, j'ai découvert un site communautaire, et c'est là que j'ai rencontré Jang "Woong" Gun-woong. Il m'a demandé si je voulais rejoindre son équipe pour une compétition, car ils avaient encore une place de libre. Comme je n'avais pas d'expérience dans ce genre de groupe, j'étais très inquiet, mais je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal de faire un essai, et c'est ainsi que je me suis retrouvé à jouer une compétition offline appelée les préliminaires de la WCG. J'étais le seul "mutant" à monter sur scène avec un chapeau. Il y avait une durée assez longue entre les préliminaires et les finales et c'est durant cet intermède que l'entraîneur Kang "OnAir" Hyun-jong nous a rejoints. Les MiG se sont réellement formés durant cet intervalle.

 

C'était la première fois que tu vivais avec d'autres joueurs au même endroit. Était-ce difficile de s'adapter à ce nouvel environnement ?

Ce n'était pas trop difficile parce que j'avais déjà joué avec ces gens sur le net. En y repensant maintenant, je ne sais pas trop à quoi je pensais à l'époque, que ce soit en jouant ou en vivant en général. Je me suis juste laissé flotter au fil de l'eau. Aujourd'hui, je ne pourrais pas le refaire, je pense que j'ai pu endurer cela car je n'y réfléchissais pas du tout. C'était quand même une bonne expérience. Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles tout se passait bien en 2012. Comme j'ai traversé des moments difficiles, je pourrais faire mon vieil homme et dire "De mon temps..." (rires), mais je ne pourrais pas le refaire. Si je parlais à quelqu'un de ces conditions aujourd'hui, il se moquerait de moi.

 

Puis quand l'équipe fut sponsorisée par Azubu, tu as atteint le sommet. Le premier pas de ta carrière professionnelle était excellent.

Ben, tout d'abord j'ai eu beaucoup de chance. J'avais l'impression d'avoir été pris par chance, à un moment où ils avaient vraiment besoin d'un joueur. Il n'y avait que des bons joueurs dans l'équipe, et grâce à l'aide de Locodoco, nous pouvions nous entraîner contre des équipes étrangères. Même si nous étions dans une toute petite maison, nous avions un endroit pour jouer grâce aux parents de Woong, et nous avions un vrai entraîneur, donc une bonne hygiène de travail.

Bien sûr, rien n'était acquis et notre futur était incertain. Nous étions là par passion, et nous avons reçu beaucoup d'aide. Les choses se sont bien passées, et Azubu nous a repérés. Pour la première fois de ma vie, je recevais un salaire mensuel, et nos conditions de vie et d'entraînement se sont beaucoup améliorées. Malgré cela, je pense que les difficultés rencontrées m'ont aidé à bien jouer sous les couleurs d'Azubu. En y réfléchissant davantage, je pense que le début de ma carrière a été idyllique.

 

Vous êtes encore proche de vos anciens partenaires. Est-ce à cause des difficultés que vous avez traversées ensemble ?

C'est vrai que nous avons connu des moments difficiles, et comme chacun de nous stream encore, nous connaissons bien nos situations respectives. Ce sont des gens qui n'ont pas d'emploi, mais ne sont pas en dehors du monde du travail. Les joueurs pro sont très occupés et sont donc difficiles à contacter. Comme nous avons partagé la même expérience, nous pouvons évoquer nos souvenirs et nous entretenir cœur-à-cœur.

 

Comment était la vie chez MiG pour vous ?

Je dirais que c'était une loterie. J'ai eu la chance d'avoir un ticket gagnant. Je pense que j'ai utilisé toute ma chance à cette occasion, et que je ne gagnerai plus jamais à la loterie (rires). Sérieusement, je n'ai jamais gagné depuis ce moment, à chaque fois que j'ai rejoué.

 

Madlife est alors conduit à porter le maillot CJ  Entus.

Comment vous sentez-vous en portant votre ancien maillot ?

Je pense qu'il est confortable, mais c'est parce que je ne dois pas jouer avec. Sur scène, c'était un peu comme une armure, parce que j'étais nerveux. Je ne suis pas si content que ça de le revoir.

 

 

L'équipe a changé de nom pour CJ après Azubu et vos résultats ont décliné d'année en année. Avez-vous des regrets ?

Je suis réellement désolé pour ça. J'ai commencé chez MiG, puis Azubu, et enfin CJ. CJ est une grosse boîte, et c'est là que nous avons été le mieux traités. Si j'avais continué à bien jouer, j'aurais pu gagner à la fois de l'argent, de la gloire et de la reconnaissance publique. En y repensant, j'étais assez jeune, j'aurais peut-être dû écouter mes entraîneurs plus attentivement. Je pense que j'étais un joueur difficile à gérer, surtout que je me posais beaucoup de questions à l'époque. En plus, d'excellents joueurs ont éclôt, ce qui a rendu les choses encore plus difficiles. Ça n'a pas été une saison facile pour moi.

 

Beaucoup de joueurs avec qui vous avez joué ont quitté la scène et d'autres les ont remplacés.

Jusqu'en 2016, il y avait beaucoup de vétérans. Dans l'équipe, j'étais le n°2, le bras droit de Shy. Après, il a fait une pause, de nouveaux joueurs sont arrivés et j'ai commencé à m'inquiéter. Je pensais que si je tombais, l'équipe serait ébranlée. Même si nos résultats n'étaient pas très bons, je me suis entraîné plus que jamais. Je m'entrainaîs presque aussi durement que chez MiG, mais j'étais épuisé. Comparé aux efforts que je faisais, les résultats étaient mauvais. Nous avons aussi eu beaucoup d'embêtement (rires). Après quelques saisons dans ce schéma, je n'en pouvais plus. J'avais l'impression de porter le top/jungle sur mon épaule gauche et le mid/jungle sur mon épaule droite. Paradoxalement, c'est là que je me suis le plus amusé. Mes équipiers étaient géniaux, et j'ai découvert une partie de moi que je ne connaissais pas. Il y avait même un joueur qui avait 10 ans de moins que moi. J'ai gagné avec MiG alors qu'il était encore à l'école primaire. Même si c'était difficile, je me suis beaucoup amusé, cependant, les années passant, la pression que je ressentais était de plus en plus importante.

 

Vous étiez à la fois le joueur le plus âgé et celui qui était le plus expérimenté. Ce rôle vous a-t-il fait gagner en maturité ?

J'ai fait de mon mieux pour apporter aux autres ce dont ils avaient besoin à la fois dans le jeu mais aussi en-dehors du jeu. Beaucoup d'entre eux étaient malicieux, ils me répondaient en m'appelant "Mamen". Je ne pense pas que je rencontrerai encore des gens aussi bizarres. C'est étrange de dire ça avec ma propre bouche, je pense qu'ils comptaient beaucoup sur le nom "Madlife".

Mais il y avait aussi des désavantages. Avec la grande différence d'âge, les jeunes joueurs faisaient très attention à ce qu'ils disaient quand j'étais dans les parages. Même si un joueur est un rookie, il est capable de voir les erreurs de ses partenaires. Dans cette situation, le rookie doit prendre la parole et faire des retours. Même si son partenaire est plus âgé et plus expérimenté, il doit lui dire quand il estime qu'il a fait une erreur. Ne pas écouter leurs retours aurait fait de moi quelqu'un d'égoïste et de fermé d'esprit. Cependant je peux comprendre qu'ils n'aient pas osé, je n'aurais probablement pas eu ce courage moi non plus.

La différence d'âge est une des principales raisons de ma retraite. Je voulais vraiment progresser en tant que joueur, mais plusieurs facteurs m'en empêchaient. 

 

Regrettez-vous l'époque où vous étiez considéré comme l'un des meilleurs, voire le meilleur joueur au monde ?

C'était génial quand je gagnais tout le temps. Pourtant, si quelqu'un me demandait si je souhaite retourner à cette époque, je répondrais non. En fait, je ne veux pas redevenir un joueur professionnel, c'est trop fatiguant (rires). Je veux juste stream. Je n'empêcherai pas mes enfants de devenir pro s'ils le veulent, mais en ce qui me concerne, c'est terminé.

 

Vous avez joué à plusieurs All-Star. Quelles étaient les différences entre votre première et votre dernière participation ?

En 2013, je sentais que je représentais vraiment la Corée. Le tournoi était considéré comme un événement international majeur, et il y avait beaucoup d'attentes. J'ai fait de mon mieux pour gagner. Heureusement, Thresh était meta à ce moment et je pense que ça m'a aidé à marquer les esprits. Pour moi, c'était comme un championnat du monde. Les tournois suivants sont devenus plus funs pour moi. Je parlais davantage avec les joueurs étrangers, et je faisais du tourisme. Mes derniers All-Star étaient ceux de Barcelone. 

 

Vous avez rencontré beaucoup de joueurs étrangers durant votre carrière. Y en a-t-il un qui vous ait particulièrement marqué ?

J'étais très mal à l'aise... je ne parlais pas bien anglais, et en plus j'étais timide. J'ai finalement été inspiré par CloudTemplar sur comment parler avec les joueurs étrangers, après l'avoir observé discuter avec eux. Puis en 2015, j'ai eu envie d'apprendre l'anglais. J'ai utilisé des programmes de traduction, et j'ai participé à tout les événements où je pouvais croiser des étrangers. J'ai beaucoup travaillé là-dessus, et je suis devenu proche de Doublelift et Rekkles. J'ai aussi essayé de parler à la presse étrangère.

De toutes mes expériences, c'est avec Doublelift que je me suis le plus amusé. Il arrivait toujours à briser la glace et à plaisanter avec moi. Par contre, quand on jouait ensemble, il voulait toujours jouer Vayne (rires).

 

Alors que vous jouiez chez CJ, vous avez dû dire au revoir à vos équipiers et votre entraîneur quand ils ont décidé de partir.

C'était comme être frappé par la foudre. Je pensais que nous resterions ensemble, alors cela m'a vraiment blessé. Après leur départ, je n'arrêtais pas de me demande ce que j'allais faire au prochain split.

Mais par chance, même si avec le recul, c'est un peu triste, j'ai pu m'adapter rapidement à mon nouvel environnement. Peut-être était-ce parce que j'avais déjà connu beaucoup de départs dans ma carrière. C'était dommage qu'on ait à se séparer, mais il fallait que je m'adapte rapidement parce que rien n'est plus important pour un professionnel que ses résultats sur scène. Je me suis concentré sur le travail, alors j'ai pu vite oublier cet événement.

 

Comment décririez votre expérience chez CJ ?

C'était comme gravir montagne après montagne... La seconde était peut-être moins haute que la première et plus simple d'accès, mais avec la fatigue, elle semblait beaucoup plus difficile. J'étais sous pression à cause de ça, et en même temps, de nouveaux talents émergeaient. Quand j'avais la vingtaine, mon entraîneur m'avait dit que les choses deviendraient plus compliquées au fur et à mesure que de nouveaux joueurs apparaîtraient. Je ne m'y étais pas trop attardé à l'époque mais ses paroles prenaient alors tout leur sens.

 

Vous êtes parti chez Gold Coin United. Non seulement l'équipe était américaine, mais elle jouait aussi en Challenger Series. Cette expérience ne vous était pas familière du tout.

Après mon départ de CJ, tout me semblait distant et éloigné. Tout ce qui m'intéressait était des articles. Après quelques temps, j'ai été contacté par GCU, l'équipe que Locodoco entraînait. Même si c'était une équipe Challenger, il y avait beaucoup de joueurs expérimentés et je les ai rejoints en pensant que nous pourrions facilement nous qualifier pour les LCS. Il y avait beaucoup de rumeurs sur les franchises, et j'avais beaucoup d'espoirs quand j'ai signé mon contrat.

 

 

En tant que professionnel de la première génération, comment était-ce de jouer dans une ligue étrangère ?

Commme beaucoup l'ont déjà dit, il y a une grande différence avec la LCK, l'ambiance est plus légère. Nous avions davantage de temps de repos, que j'ai pu mettre à profit pour penser à moi et à mon avenir. Certains des joueurs allaient aussi à la salle de sport. J'ai gagné beaucoup d'ambition pour mon développement personnel lorsque j'étais là bas.

J'ai choisi les NA pour apprendre l'anglais. Si j'avais eu de meilleurs résultats, les choses auraient pu tourner bien mieux pour moi... mais comme ça n'a pas été pas le cas, tout s'est compliqué. J'ai arrêté d'aller à la salle et d'apprendre l'anglais, que j'apprenais d'une manière atypique. Quand nous avons échoué à nous qualifier, j'ai utilisé mes heures libres pour m'entraîner, comme je le faisais en Corée.

 

Comment ont réagi vos partenaires quand vous avez rejoint l'équipe pour la première fois ?

Ils étaient impressionnés, mais moins que les joueurs CJ de 2016. Il faut dire que les joueurs de GCU étaient bien plus expérimentés, il y avait même Santorin. Bien sûr il fallait que nous améliorions notre communication pour partager nos pensées et opinions sur la meta. Chacun donnait les siennes et écoutait les autres, ce qui nous permettait de tous nous améliorer. Il y avait vraiment une bonne ambiance.

 

Malgré tout ça, vous n'avez pas réussi à accéder aux LCS.

J'étais très déçu. En plus, une rumeur courait qui disait que même si nous arrivions à nous qualifier, nous ne pourrions pas jouer en LCS avec l'arrivée des franchises. C'était très difficile pour moi, j'avais l'impression que peu importe tous mes efforts, ce serait vain. J'ai même pensé à changer d'équipe. Si nous nous étions qualifiés, tout aurait été très différent et je serais peut-être encore en train de jouer en LCS NA.

 

C'était votre dernière équipe avant votre retraite. Quel genre d'équipe était-ce ?

Jouer avec eux a été ma première et ma dernière expérience par-delà les mers. C'était très différent des All-Star. Ce fut une excellente occasion de rencontrer des joueurs étrangers et de découvrir une nouvelle culture. Je me suis fait beaucoup d'amis là-bas. Je suis encore en contact avec certains d'entre eux, et j'ai aussi de bonnes relations avec le propriétaire de l'équipe. J'ai aussi fait une vidéo musicale là-bas... c'était ma pire expérience (rires). C'était une équipe avec des hauts et des bas.

 

Parlons maintenant du présent. Que faites vous de vos journées ?

Je n'ai pas beaucoup voyagé récemment, j'ai juste rendu visite à d'anciens équipiers à Ilsan et Hongdae. Après mon retour des États-Unis, j'ai passé 4 mois chez moi à ne rien faire. J'ai ensuite repris mes esprits, et j'ai commencé à chercher des équipes. J'aurais dû jouer au Spring Split, mais finalement cette opportunité ne s'est jamais concrétisée. À cause de cette longue pause, j'avais l'impression de rouiller. Le confort de jouer aux NA... mon corps s'était trop habitué à ce style de vie.

Cette longue pause n'est pas naturelle pour moi. J'ai acquis des réflexes en tant que pro, et j'ai l'impression que je devrais être en train de jouer en ranked. Même maintenant, me reposer est encore quelque chose d'étrange pour moi.

Après, j'ai la mauvaise habitude de tout rapporter aux jeux vidéo. Si je commande du poulet ici à Han River, je sais qu'il arrivera dans environ 5 parties d'Hearthstone. Oui, je calcule le temps en partie de jeux vidéo, je devrais sortir plus souvent (rires).

 

Beaucoup de gens avec qui vous avez travaillé ont trouvé leur place dans l'esport, que ce soit en tant qu'entraîneur ou commentateur. Certains y ont même connu le succès. Que ressentez-vous quand vous les voyez, ou qu'on vous parle d'eux ? Comment voyez-vous votre avenir ?

J'arrive quand même à distinguer les difficultés d'être coach ou commentateur, et Kezman m'en parle aussi.

Je n'ai pas l'impression que je pourrais briller dans un autre secteur de l'esport. Je n'arrive pas à prendre soin de moi-même, alors comment pourrais-je prendre soin de plusieurs joueurs ? Si j'avais un joueur comme moi à gérer, je deviendrais fou (rires).

Je n'ai jamais pensé à devenir commentateur. J'ai commenté des parties dans le passé, mais c'était plus pour expérimenter quelque chose de nouveau que pour me trouver une nouvelle carrière. Je voulais juste essayer quelque chose de nouveau, comme lorsque je suis allé en NA. Et c'était assez effrayant de commenter des matchs officiels de LCK. Après le cast, je regardais moi-même mes commentaires, plutôt que de demander leur avis aux autres. J'ai encore beaucoup de choses à corriger. Si je dois devenir un caster, alors je demanderai beaucoup de conseils à CloudTemplar.

 

Avez-vous pensé à devenir un streamer à temps plein ?

Oui, j'y ai pensé. Quand j'étais chez CJ, je ne pensais pas devenir un streamer, je me disais que je serais entraîneur après ma carrière. Quand je me suis demandé ce que je ferais après avoir pris ma retraite, j'ai commencé à envier CloudTemplar. Au début je pensais qu'il avait du mal avec sa carrière, surtout quand je l'ai vu déguisé en Lee Sin pour les fans. Même quand je vais voir son stream aujourd'hui, je sens le poids de sa famille sur ses épaules (rires). Récemment, beaucoup d'anciens pros m'ont donné des conseils pour le stream. Cela me semble être une bonne idée.

 

Vous avez traversé beaucoup de problèmes. Si vous pouviez croiser le Madlife du passé, quels conseils lui donneriez-vous ?

Même si je ne suis plus un joueur, les gens se souviendront de moi comme étant Madlife. Quand je croise un fan, il me dit toujours : "Hey, vous êtes Madlife !" au lieu de : "Hey, vous êtes Min-ki." Ce que je veux dire, c'est que je ne vais pas disparaître.  Je devrais peut-être changer de patronyme, prendre Mad en nom et Life en prénom. Je ne pense pas que mon histoire soit déjà terminée.

Si je devais donner un conseil à mon moi du passé, je lui dirais : "Une reconversion après une carrière de joueur professionnel est difficile, il faut s'adapter à un nouvel environnement. Mets autant d'énergie et de passion dans tes études que dans le jeu vidéo. Profite de tes points forts, tout en essayant d'acquérir les qualités qui te font défaut. Je sais que tu as les capacités pour le faire, fais de ton mieux comme tu l'as toujours fait."

 

Avez-vous une dernière chose à dire ?

Beaucoup de gens se souviennent de moi comme étant le joueur qui a révolutionné le rôle de support. Je suis très content qu'on se souvienne de moi pour ça. Même jusque très récemment, je recevais des lettres de fans me disant, par exemple, "Je suis fan de toi depuis des années, je suis devenu support grâce à toi", ou encore "Je me suis mis à Blitzcrank grâce à toi. Je me fait flame à cause de ça" (rires). Voir mes fans comme ça me remplit de joie. Je suis le joueur qui a changé l'image du support, alors souvenez-vous de moi ainsi !

Je ne saurais vous remercier suffisamment de m'avoir soutenu pendant toutes ces années. Mais s'il vous plaît, gardez à l'esprit que ce n'est pas la fin, je ne suis pas mort. S'il vous plaît, prenez le temps de vous intéresser à ce que Hong Min-ki deviendra. Je ferai des apparitions dans des streams ou pour commenter des matchs, alors continuez à m'encourager.

Nous nous reverrons, et je serai juste dans une position différente.