[EDITO] L'article qui suit est un édito, représentant le point de vue du rédacteur. La rédaction et le reste des rédacteurs ne pourront être tenus responsables du contenu.
Loin de moi l'idée de me lancer dans une rétrospective claire et objective de ce qu'a été le sport électronique depuis ses balbutiements. En écrivant ces quelques lignes, j'espère simplement ouvrir les yeux à bon nombre de personnes qui se détournent de plus en plus des valeurs véhiculées par une passion devenue obsession. Car, en effet, depuis plusieurs mois, voire années, la foule s'est mise en tête une folie que les plus fous d'entre nous n'espéraient pas il y a encore cinq ans : pouvoir vivre du sport électronique. Cette idée, ancrée au plus profond de l'esprit de certains les poussent à des actes qu'il est raisonnable de questionner. La plupart de ces agissements proviennent de personnes que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam et qui semblent profiter d'une légitimité douteuse. Considérés comme des pionniers par certains, comme des usurpateurs par d'autres, je ne sais même pas si cela vaut la peine de les qualifier. A grand coup de communication, ils avancent leurs projets, en appellent à chacun, pour finalement tomber dans un anonymat bien mérité. En s'inventant une place, en tentant de profiter d'un système, où on est talentueux et on s'impose, où on est médiocre et on explose.
Mais le fond du propos n'est même pas là. La question n'est plus de s'imposer pour avoir une légitimité et faire passer un message, une information. Non, le but du jeu c'est d'aller chercher de l'argent sans se préoccuper du fait qu'il soit mérité ou non. L'objectif est de téter la mamelle jusqu'à épuisement. Et tous ces enfants issus de je ne sais quelle mère n'ont pas pu se rendre compte, du haut de leur cupidité morbide, que ce sein adoptif n'est pas prêt à les nourrir. A la tête d'une WebTV, d'un site "d'information", joueur, aucun n'a compris que le sport électronique n'est pas vecteur de réussite financière. Il n'est que vecteur d'un message, d'une façon de penser qui ne sera jamais celle de la société, quoiqu'on puisse en dire. J'en veux pour exemple les récents débats qui secouent notre pays. Un des actes les plus pratiqués par la population, l'un des actes source de notre condition d'être humain, ne peut être toléré sur la place publique. Notre propre sexualité est en question, et d'aucun s'offusque qu’elle soit débattue, transmise, et remise en question. Certes, le débat se tourne davantage vers la famille et l'éducation, mais ne nous voilons pas la face, nous ne sommes que des hypocrites qui ne ferons jamais face aux sources même du problème. Ce que je cherche à dire, c'est que notre société est hermétique à toute forme d'évolution. Si on ne peut pas montrer des gens "à poil" à nos enfants, pouvons-nous encourager un mode de vie des plus autarciques, à mille lieux des valeurs sociétales ?
Outre le blocage inhérent qu'impose notre histoire culturelle, il est d'autres questions que nous sommes en droit de nous poser. L'une des plus importantes est pour moi la suivante : doit-on faire de notre passion une vitrine commerciale, loin de nos valeurs ? La réponse n'est pas aisée, et je comprends les deux points de vue. Je vais commencer par le premier, que je critique vivement.
Le sport électronique doit évoluer, et pour évoluer, il a besoin d'argent, de liquidité, de l'investissement des sponsors pour toucher toujours plus de monde, et permettre aux gens d'en vivre. Mais, à cet argument, j'oppose une idée. Le sport électronique a-t-il besoin de faire vivre ses pratiquants ? La question est légitime. Faisons l'analogie avec le sport. Bon nombre m'avancera que le football, comme beaucoup d'autres sports collectifs permet un certain confort de vie à ses pratiquants. Reste que le sport, dans sa grande majorité ne fait pas vivre les athlètes. Combien de participants aux jeux olympiques, d'hiver comme d'été, peuvent se targuer de vivre décemment grâce à leur passion ? Beaucoup font des études, beaucoup travaillent, beaucoup s'investissent énormément pour une reconnaissance quasi-béante.
Mais est-ce là l'important ? Pour de nombreuses personnes, oui. Et c'est bien là le problème. Nous ne sommes plus tant dans la recherche de la pratique d’une passion, de la transmission de valeurs, que dans une quête folle de reconnaissance. La société nous l'impose, et je comprends que cela nous fasse sentir vivant. Mais là n'est clairement pas l'essentiel. Dans notre pratique, comme dans les autres, l'important n'est pas de se voir acclamer par les foules, mais bien de faire passer un message à une échelle raisonnable. La société n'accepte pas la réussite par le sport. Regardez le débat autour du salaire des footballeurs. Elle n'accepte même pas la réussite par la culture, là encore, regardez la polémique autour du salaire des acteurs français. Et alors que deux vecteurs d'émotions comme le football et le cinéma ne parviennent pas à imposer leur légitimité, que peut-il bien en être du sport électronique ? Je vous vois venir. Le meilleur moyen de transmettre ses valeurs, c'est de les diffuser au plus grand nombre. Vraiment ? Ne préfère-t-on pas notre microcosme effervescent à un méga Cosme sans saveur ? Nous étions des passionnés voulant se retrouver pour partager, nous ne serons que des mercenaires, à la recherche d'une gloire déjà dévalorisée.
Et voilà le deuxième point de vue : nos valeurs, notre envie de partage, de nous réunir, de nous amuser doit prendre le pas sur cette quête commerciale, cette quête de réussite vouée à l'échec. Evidemment certains réussissent. Evidemment certains récupèrent de l'argent. Mais à qui cela profite-t-il ? Aux joueurs ? A vous ? A moi ? Je ne le crois pas. Comme tous modèles économiques, ce sont les sponsors qui gardent le gâteau pour eux. S'investir aux côtés de joueurs n'est qu'un moyen de vendre. Etre suivi par des sponsors n'est qu'un moyen d'amener du monde sur son site. L'argent est gardé, pas distribué. Et quand on regarde les plus gros sites français, le contenu proposé par cette réussite financière n'est même pas transcendant pour le spectateur. Alors certes, l'argent permet de salarier des joueurs, qui peuvent s'entrainer, mieux jouer, et procurer plus de plaisir. Mais ce plaisir n'a aucune saveur. Il est en réalité la vitrine de ceux mêmes qui financent. Et même si les spectateurs ont l'impression de gouter quelque chose de formidable, il est une question à poser. Les grandes compétitions vous procurent-elles plus de plaisir qu'une partie à laquelle vous prenez part ? Qu'une LAN de garage ou encore que l'ancien modèle amateur ? Je mets aux défis les lecteurs de ce site de me citer des joueurs légendaires. Combien parleront de joueurs LCS ou WCS ? Moins que ceux qui viendront vous vanter les frags de KabaL au scoot sur une vidéo connue, moins que ceux qui auront une érection en repensant aux génies suédois de Counter Strike.
De plus en plus d'acteurs du sport électronique cherchent le profit là où il n'y a que passion et fraternité. Cette mentalité tue un modèle amateur génial pour le remplacer par un modèle professionnel sans saveur. C'est triste, et le pire dans cette histoire, c'est que la vitrine de ce nouveau modèle n'est même pas jolie. Je dirai qu'avec une société hermétique, des valeurs qui se perdent, et une monétisation sans limite, le sport électronique n'est plus. Il ne reste qu'un business que je vous laisse volontiers.
Amicalement vôtre,
Appréciez le début de "l'eSport"
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Je me suis pas mal demandé si je pensais comme ça parce que j'étais plus dans le coup. Je ne vais plus sur IRC notamment, et je me demandais si c'était encore utilisé, ou si la communauté existait via d'autres réseaux sociaux.
Il y a sans doute un peu de ça, mais malgré tout l'esprit n'est vraiment plus là. Comme dit Moonty, les shoutcasters sont lisses. Avant c'étaient des Lewellys, des Armor, des Chobo ou les mecs de NetG (PorCo et Nomalz) qui shoutcastaient, c'étaient des gens de la communauté qui étaient là en leur propre nom et qui shoutcastaient pour la communauté - ça faisait grande bande de potes. On se connaissait à peu près tous via IRC ou les forums de WGTOUR, et ça faisait des dramas d'anthologie :)
Maintenant ce sont des professionnels qui portent l'image d'une entreprise et qui s’adressent à un public aussi large que possible, mais du coup ça devient très impersonnel. Je comprends pas pourquoi les gens s'extasient devant les shoutcasts de Day9 ou des autres pinpins.
Et d'ailleurs c'est marrant car à l'époque je me sentais plus proche des GoodGame et j'aimais pas trop aAa (à part Kyo le dieu sur zone jeux). Et aujourd'hui c'est sur aAa le seul endroit où je retrouve encore l'esprit bande de potes qui aiment l'e-sport (notamment sur la galerie avec toutes ces belles incrustations). Bref, belle ironie :)
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Tout ca me rappelle l intervention d un mec de Nolife Tv (dsl j ai oublie son nom) dans le reportage Suck my Geek (must see) qui disait en gros en parlant des jeux video, mais c est generalisable a toute passion "marginale" : "avant on etait bien, on etait pas beaucoup, c etait notre passion a nous, on l a vivait comme on voulait, on etait sur la meme longueur d onde, et puis apres des gens exterieurs avec des intentions differentes sont arrives, ca a grossi, c est devenu populaire, et du coup on se sent un peu comme depossede de son bebe". Pour moi c est exactement ca.
Perso j ai toujours voulu que ca grossise pas trop, que ca reste a un niveau financier type 2006, que ca reste un truc de passionne, pas un truc de masse, ultra populaire et donc simplifie, vide de sa saveur. Un peu comme quand tu casses ta tirelire a 20 piges pour aller au dernier Eswc a plusieurs centaines de km de chez toi, et qu au final t as Incolas et Mr Lam qui t expliquent pendant la finale c est quoi un HE et une flash... C est bien gentil mais t es pas venu pour ca, si t avais voulu faire un event grand public tu serais a un salon du JV quelconque... C etait un peu le debut de la fin ce genre de trucs...
Le processus de popularisation et "professinnalisation" a fait perdre a mon sens ce qui etait le sel de l esport par rapport a plein d autres sports. C est bien dommage, la loi du fric a gagne une fois de plus.
Y a plus qu a se remater les vieilles frag movie eolithic, restock4, neo the one and co en esperant que la bulle financiere esport se casse la gueule au plus vite, que tout le monde redescende un peu sur terre, et que les opportunistes degagent.
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Merci aAa d avoir su garder le bon esprit, meme si vos teams sont nulles, font 0 perf :p, et disband tous les deux mois, avant tout restez simples et passionnes ! Apres une petite team cs go a la hauteur ca ferait tout de meme plaisir ;)
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Une chose est sûr c'est que les choses bougent.
À la rigueur ce qu'on pourrait constater, mais peut-on réellement quelque chose contre ça, c'est le fait que finalement le public amateur globalement semble être passé d'actif (joueurs régulier, participants aux LANs/tournois locals, postant des replays sur des sites, etc.) à passif (=les "viewers"). Comme cela a été dit très justement, le vivier s'agrandit qu'on le veuille ou non, entrainant une élévation globale du niveau, et la quasi impossibilité pour les joueurs lambdas de se faire remarquer ponctuellement. Compte tenu de l'investissement en temps et en énergie que ça demande d'être au top, c'est assez facilement qu'on passe d'acteur à spectateur. C'est loin d'être un reproche mais un constat, une réaction somme toute humaine.
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Ici ce n'est pas une question de goûts et de couleurs, depuis 2004 l'eSport est devenu de l'eHandiSport... C'est essentiellement développé pour les attardés et décérébrés incultes. Cette déficience intellectuelle et mentale collective est de plus en plus accessible avec Twitch depuis 2011. Ce dernier acteur a permis de doublé les revenus publicitaires déjà gagnés par des news de "contre-sous-culture", a l'allure dramatique digne de TF1. Cette escroquerie massive de demeurés simples d'esprit, où seule compte la rentabilité, permet plus de sponsors pour payer des péripatéticiennes numériques professionnelles. Ces mêmes "gagneuses" internautes sont payés pour vous faire le marketing de l'eHandiSport.
Bref, l'eSport c'est fini depuis bien longtemps... Maintenant vous pouvez éteindre le PC et reprendre une activité normale.
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Conclusion tout le mondes préfèrent ses ages plus jeunes.
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Conclusion tout le monde préfère ses ages plus jeunes, même si c'est minable et déplorable.
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
Sinon pour en revenir au sujet principal, il faudrait peut-être arêtter de se plaindre à tout bout de champ un jour.
Autant dans le Football c'est normal qu'un mec soit acheté 94M d'euros quand tu sais que son transfert est rentabilisé en 1an juste avec les millions de maillots portant son nom qui ont été vendu 100 euros aux mêmes pèlerins qui trouvaient le montant de ce transfert exorbitant. Sans parler du prix des places au stade, du prix des abonnements aux chaînes TV etc etc...
Autant pour l'eSport c'est normal qu'un mec soit rémunéré une certaine somme quand tu sais qu'il fait payer des milliers d'entrées aux fans pour le voir lors de gros évènements, qu'il fait bander l'équivalent de la population de Paris sur des Streams parce-qu'il a fait un triple kill etc etc...
Nous, fans, sommes les premiers acteurs de cette évolution et c'est indirectement nous qui déterminons les sommes misent en jeu. Donc pour ceux à qui ca ne plaît pas c'est simple vous arêttez de streamer, vous arêttez d'écrire des news sur ce sujet, vous arêttez d'achetter des produits dérivés en tout genre, vous arêttez de payer 15 euros/jour l'entrée de la PGW pour voir l'ESWC, vous arêttez toute autre action relative à l'eSport et au moins vous ne participerez plus à cette évolution que vous detestez tant.
Modifié le 17/04/2019 à 14:31
La question ne porte pas sur la rémunération en elle même, mais sur ce qu'elle apporte réellement... De la quantité, avec une masse de jeux, d'évènements, de publicités, de sponsors, d'argent, de joueurs... Cette quantité aurait du entraîner de la qualité, mais avec le temps cette masse entraîne la médiocrité.
Le vrai problème de l'eHandiSport c'est qu'il est lamentable, et qu'on rémunère des acteurs consternants et affligeants... Mais comme la Télé-réalité, plus c'est mauvais plus on vend car c'est plus accessible aux cerveaux de la masse.