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Entrée en bourse à Hong Kong il y a 7 mois, la firme singapourienne voit le prix de son action baisser séance après séance, les investisseurs sont inquiets.

 

Lors de son introduction en bourse en novembre 2017, le singapourien Min-Liang Tan, PDG et cofondateur de Razer, était tout sourire : sa société pesait alors 6 milliards de dollars. Trois mois plus tard et malgré son symbole prometteur en bourse (1337), Razer a perdu plus de 60 % de sa valeur et ne pèse plus que 2 milliards. La société est devenue emblématique d’un mal qui frappe de nombreuses start-ups asiatiques qui entrent en bourse à des valorisations trop élevés. Une baisse qui peut également s’expliquer par la sortie de certains investisseurs historiques qui étaient au capital depuis des années et ont réalisé une partie de leurs plus-values.

 

Alors que Razer semblait constituer un pari idéal sur le développement du sport électronique en plein boom, son premier investissement suite à son entrée en bourse s’avère discutable et hasardeux. Un téléphone dédié au gaming, cela rappelle en premier lieu l’accident industriel de la N-Gage de Nokia qui a marqué le virage complètement raté du Scandinave vers les smartphones.

 

Si le Razer Phone a reçu les applaudissements des critiques, on peut s’interroger sur l’intérêt des développeurs à préparer des titres utilisant les capacités supérieures de cette machine de guerre plutôt que de se cantonner à celles d’un téléphone Android standard au public bien plus large.

 

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Performances catastrophiques pour l'action Razer

 

Depuis, Razer a multiplié les investissements dans des fournisseurs de paiement et des portails esport en ligne afin de développer l’usage de sa monnaie virtuelle, le zGold. Mais cette activité se heurte aux limites des micro-transactions, souvent utilisées pour des paris ou des loot boxes que les régulateurs voient désormais d’un très mauvais œil. En raison notamment de ces investissements, la société a doublé sa perte nette au deuxième semestre 2017 à 112 millions de dollars, mais dispose toujours de réserves de cash de 500 millions de dollars.

 

Si Razer constitue un pari sur l’Asie, c’est également une société assez atypique puisqu’elle ne compte aucun des géants de l’Internet chinois (Alibaba, Tencent, JD, Weibo,…) ou autres champions nationaux à son capital. Son modèle d’investisseurs privés indépendants ressemble davantage à celui de la Silicon Valley et la pénalise dans l’accès aux capitaux et aux partenariats très lucratifs en Extrême-Orient. En Europe, les ventes de Razer ont quant à elles fondu de 40 % entre 2016 et 2017.

 

Le patron charismatique de Razer parviendra-t-il à inverser la tendance ? Pour l’instant, la présence d’actionnaires majoritaires empêche sa société de devenir la cible d’une acquisition hostile, mais la situation pourrait évoluer si un activiste entrait au capital pour forcer un changement de stratégie.