La sortie de Counter-Strike: Source semble bien lointaine désormais. La beta tournait il y a 6 ans pour les rares possesseurs de Counter-Strike: Condition Zero. Cette euphorie avait même poussé certains fans à acheter cette suite râtée juste pour avoir l'opportunité de jouer quelques semaines au tout nouveau CS.

La suite, on la connait. La sortie du jeu provoque rapidement un engouement puis des doutes. La communauté CS 1.6 dans sa grande majorité refuse le passage à ce nouvel opus, car le jeu n'est pas "prêt" et, à leurs yeux, il ne le sera jamais. Depuis, la masse de joueur CS:S a surpassé celle de son aîné, une communauté parallèle s'est formée mais n'est pas parvenue à atteindre le même prestige en compétition que son aîné, des cashprizes inférieurs, peu de grands tournois mondiaux, etc...

Valve avait pourtant fait beaucoup, en débugguant le jeu, en améliorant le code réseau, en sortant de nouvelles cartes (inferno, nuke, train, port, tides, militia, compound, assault), en modifiant le radar et en assouplissant les mécaniques de jeu... jusqu'en 2006. Le développement de l'Orange Box accapare désormais tout le temps-homme du studio de Bellevue, laissant Source en l'état : abandonné.

Et puis soudain, en 2010, Valve patche le jeu vers le Source Engine 2007. Cette migration laborieuse (la première version ayant causé de nombreux crashes) transforme le GUI pour le rendre plus proche de celui de Team Fortress 2, intègre le jeu à Steam Community, rajoute les succès. En plus de bénéficier d'un léger lifting graphique - les spécifications minimales ayant d'ailleurs été revues à la hausse - le jeu devient plus orienté social et incite de nombreux joueurs à réinstaller "pour voir". La sortie récente de la version Mac de CS:S relance vivement l'intérêt, ou à défaut, la curiosité.

Car il n'en fallait pas assez, Valve décide de lancer une beta permanente du jeu, destinée à accueillir de nombreuses mises à jour testées en masse par les joueurs (et certainement pour éviter les désagréments de la migration vers Source 2007). C'est un aveu à moitié dissimulé montrant qu'ils ne comptent pas s'arrêter là. Une équipe semble effectivement travailler désormais à plein temps au rajeunissement de leur ex-jeu phare.

Depuis, chaque semaines, CS:S a le droit à sa mise à jour. Au menu : corrections massives de bugs et d'exploits, améliorations du code réseau, nouvelles CVars, optimisation pour le matériel récent, léger ajustements de gameplay.

Aujourd'hui, la dernière mise à jour a attiré mon oeil expert :

 

Grenades fumigènes

  • Epanouissement plus rapide
  • Plus opaques
  • Correction du "one-way" exploit (le fait de mieux voir dans la fumée que depuis l'extérieur)

 

Ralentissement de la vitesse de marche modifiée à 0,52 fois la vitesse de course (comme dans CS.1.6)

 

Cette mise à jour majeure de gameplay (la première depuis longtemps) a pour but avoué de faire marche arrière sur des choix effectués par Valve en 2004, en rapprochant les mécaniques du jeu de ceux de son ainé. D'après les dires des joueurs sur les forums officiels, cette mise à jour fait l'unanimité et rend les matches plus rythmés.

Ces nombreuses mises à jour ont la possibilité d'ouvrir de nouvelles perspectives pour ce FPS si populaire mais plus très jeune. Est-ce une tentative de Valve de reprendre sa place de n°1 du FPS online, désormais détenue par Call of Duty: Modern Warfare 2 ? De faire oublier le Promod en corrigeant les défauts reprochés à CS:S ? De tenter de redévelopper le jeu en compétition à une période où l'esport est en pleine transformation, et où CS 1.6 est devenu un jeu d'élite, peu apprécié du grand public et des nouvelles générations ?

Apporter une réponse aujourd'hui serait sans doute présomptueux, mais il semble acquis que Valve a décidé de changer de politique concernant le FPS qui l'a rendu célèbre, et que cette toute nouvelle écoute de la communauté n'est peut-être si innocente que cela.