Allez, je met remet à l\'activité sur mon blog, et pour le 4e épisode, ce n\'est pas véritablement un article comme les 3 premiers, mais un point de vue, un sentiment...un manifeste :)



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Nous sommes le 8 Juillet 2007, un dimanche après-midi à Versailles... Dans une salle surchauffée, la bande à Sunde vient d\'égaliser contre les PGS dans cette grande finale CS de l\'ESWC 2007. Une finale épique, un événement sublime, tout va bien. Chaque année, l\'ESWC qui est en quelque sorte la tête de pont du sport électronique marque de la plus belle des manières la fin de la saison. Chaque année, les dotations sont en hausse. Chaque année, le nombre de joueurs augmente. Je joue à Battlefield, et bien que « mon » jeu ne soit pas représenté, j\'ai passé 4 superbes journées à la Porte de Versailles. L\'eSport avance...ouais !...


Nous sommes en 2011, fin du mois d\'Octobre, et l\'ESWC vient juste de se terminer. Pour la première fois, je n\'ai absolument pas suivi l’événement. Est-ce que je me suis rangé, fini le sport électronique ? Absolument pas, mais ce n\'est plus pareil. Un peu plus de 4 ans après l\'ESWC 2007, je ne suis plus un joueur Battlefield, mon jeu a disparu ; et après avoir réfléchi, je me rends compte que beaucoup de choses ont disparu, et que ce sport électronique qui m\'enthousiasmait tant s\'est tassé ces dernières années, surtout en France.



Où sont passées les équipes ?



EmuLate, GoodGame, webOne, oXmoze et tant d\'autres... Ces équipes qui ont animé pendant des années les différentes scènes esportives en France ont successivement disparu ! aAa reste le dernier des dinosaures, le dernier nom avec une vraie légitimité. Alors certes, il y a une équipe qui a explosé auprès du grand public : Millenium. Oui, Millenium est une grosse équipe, parfaitement gérée et très performante, mais M ne représente pas encore, à mon avis, ce que pouvait être GoodGame au niveau français. Les derniers venus dans le petit univers du sport électronique n\'ont sûrement pas connu cette rivalité entre aAa et GG, cette guerre qui séparait en deux les fans en France, et qui se déroulait à chaque sortie de leurs sections, que ce soit sur CS, PES ou Warcraft 3. Aujourd\'hui il y a une rivalité aAa / M, certes, mais ce n\'est plus pareil... car aujourd\'hui ça ressemble plus à un combat entre deux rédactions, entre deux webTV, entre deux visions différentes du sport électronique...mais pas réellement entre deux équipes qui se battent pour la place de « Top Fr » sur les divers jeux.



Des jeux sur le déclin



Depuis plus d\'un an, Starcraft 2 est devenu LA discipline phare du sport électronique, mais ce jeu, qui dans l\'eSport a remplacé de manière assez logique Warcraft3, est « l\'arbre qui cache la forêt ». La plupart des jeux qui étaient les affiches de l\'ESWC 2007 ont soit disparu, soit...perdu leur place ! CS, le monstre absolu du sport électronique des années 2000 est sur une phase descendante, et voit ses stars se retirer petit à petit. Les joueurs CS restants continuent à se fritter avec les joueurs CSS à propos du « jeu d\'après », qu\'il s\'appelle CSPromod ou CSGO. Remarquez, au fond dans leur désaccord qui semble sans fin, ils sont toujours ok sur un point : le prochain CS, il sera parfait quand ça sera leur CS actuel, mais avec un autre nom. Autrement dit, il n\'y aura pas d\'après CS/CSS commun, car même si Valve prend un jour les choses en main, pour pondre un 3e opus, cela ne fera que diviser encore un peu plus une communauté qui est certainement celle qui a été, ces dernières années, la moins capable de se remettre en question. Bref.


Les franchises BF et CoD, qui n\'ont certes jamais eu leur place à l\'ESWC, mais qui ont toujours été présentes dans un « contexte global » de sport électronique, ont complètement succombé aux sirènes capitalistes, à la volonté de faire du chiffre, comme le montre l\'accélération exponentielle de la fréquence des sorties de ces deux jeux (Mention spéciale pour Call of Duty). Impossible donc pour un jeu qui voit un nouvel épisode à des fréquences si proches d\'être une discipline forte du sport électronique, EA et Activision mettent donc directement hors-jeu le fruit de leur labeur.


Je ne peux pas terminer ce paragraphe sans évoquer le cas de ce type de jeu qui me tient à cœur, le fastfps, avec le cas Quake en particulier. Car oui, Quake est avec CS le jeu phare qui représente la génération des gamers des années 2000, le seul jeu qui avait toujours été présent à l\'ESWC depuis sa création, même en 2009 à Athènes dans une version allégée de la compétition qui faisait suite à la liquidation judiciaire de l\'institution la plus respectée alors de notre microcosme esportif. Le fastfps avait même dans les premières années deux jeux avec Quake 3 (brièvement remplacé par Q4 en 2006 pour offrir un doublé à winz) et Unreal Tournament... Tout cela paraît très ancien aujourd\'hui, avec un ESWC 2011 qui, comme un symbole, ne proposait pas Quake Live, qui a définitivement remplacé Q3. Sans commentaires.


Et les compétitions ?



Il s\'en est fallu de peu pour que l\'ESWC qui était (et non qui « est ») LA grande compétition du sport électronique, la compétition qui offrait officieusement le titre de champion du monde à son vainqueur, disparaisse, un peu comme tous ces noms qui évoquent des souvenirs aux joueurs plus ou moins anciens : CPL, WEG, CGS...


Même les grands World Cyber Games sont dans ce qu\'on pourrait appeler une phase descendante, avec depuis 2008 une baisse du nombre de joueurs, et disons le, de son importance.

Ces compétitions qui ont connu des fortunes diverses ont permis de se rendre compte qu\'il n\'y a pas pour le moment de business model viable pour le sport électronique, donc les recettes ne viennent que du sponsoring (ou éventuellement du mécénat) . En effet, il faut considérer le sport électronique, s\'il veut être « vendu » au public, comme un spectacle, au même titre que les différents sports. Or, on se rend compte que contrairement au sport(s), il n\'y a dans le sport électronique que peu de sponsors, qui apportent des sommes qu\'on qualifiera de relativement limitées (surtout du côté du sponsoring équipes et joueurs, un peu moins pour les compétitions, qui nécessitent évidement plus de fonds), et une quasi-absence de droits de retransmissions.

Ce sont ces raisons qui ont, dans le premier tiers 2009, poussé les responsable de Games-Services à prendre la plume pour s\'adresser aux fans de sport électronique, avec les mots suivants, qui ont sur le moment été un choc :

C’est avec tristesse que nous vous annonçons aujourd’hui que la société Games-Service SA cesse ses activités. Sa liquidation judiciaire a été prononcée au Tribunal de Commerce de Paris le 30 mars 2009...


Cette annonce qui a tant surpris et déçu nombre de joueurs devrait pousser notre petit univers à se poser une question, chose qui n\'a pas été faite...



Finalement, pour la France uniquement, l\'eSport aujourd\'hui, c\'est quoi ?



En résumé, pas grand chose, uniquement la bonne volonté de quelques personnes et associations. En effet, pas de fédération qui gère le sport électronique, pas d\'organisme plus ou moins officiel, rien. Uniquement quelques associations qui s\'occupent de maintenir un circuit de qualification LAN pour l\'ESWC, quelques équipes qui profitent de leurs moyens pour acquérir une équipe de rédacteurs, et s\'improvisent « site d\'actu », et rien. Que se passe-t-il demain si aAa et Millenium ferment leurs portes, que Mr Coutant se rend compte que son investissement dans le sport électronique n\'est pas ce qu\'il attendait ? Il n\'y a plus rien, uniquement quelques LANS parsemées un peu partout, des équipes, et quelques compétitions sur le net, qui ne s\'articulent pas entre-elles.


En fait, ce que je considère comme un déclin, c\'est peut-être aussi tout simplement un changement de génération au sein du sport électronique. Une génération de joueurs représente je pense un laps de temps bien moins important qu\'une génération dans son sens général. Dans les années 2000, nous étions derrière aAa, GG ou aT, à suivre les compétitions CS, Warcraft3 et Quake3, en LAN ou sur le net, considérant des ElkY, Pott1 et autres comme des précurseurs, des « légendes ». Aujourd\'hui, les joueurs ont des attentes peut-être différentes, ils jouent à SC2 et LoL, voient des compétitions dotées sur le net (ce qui n\'a pas existé pendant des longues années, sur CS et les autres jeux, même à leur apogée), un net ou aujourd\'hui tout le monde peut jouer avec un ping décent. Finalement, ce titre de Stephano à l\'ESWC 2011, c\'est peut-être tout simplement comme un passage de témoin, un événement qui fait oublier la « génération ElkY »


Après tout, les joueurs « oldschool », c\'est peut-être tout simplement une génération de joueurs aujourd\'hui frustrés qui se contentent de dire que « c\'était mieux avant ».
Alors, c\'était mieux avant ?... Ou est-ce mieux maintenant ?

Va savoir... :)