Le révolutionnaire
En 1955, à Mexico, il fit la rencontre de Fidel Castro, leader du mouvement du 26 juillet, ou M26, admirateur du poète-indépendantiste cubain José Martí. Il fit partie des 82 hommes qui partirent avec Castro en novembre 1956 pour Cuba, sur un petit yacht appelé Granma et des 12 qui survécurent aux premières attaques subies. Ils organisèrent la guérilla contre le régime du dictateur Fulgencio Batista, sous influence américaine. Le Che commença au sein de la guérilla comme médecin, mais vite il prit de l\'importance dans l\'organigramme de celle-ci. Après que les hommes du « 26 juillet » eurent repoussé les forces de Batista dans la Sierra Maestra, base de départ de la guérilla, le Che fut envoyé dans la province de Las Villas, pour couper les forces gouvernementales en deux. De là, il lança l\'offensive sur Santa Clara. Batista s\'exila à Saint-Domingue avant l\'arrivée triomphale des guérilleros (dits Barbudos) dans la Havane en 1959.


Le 22 mai 1959, le divorce avec Hilda Gadea est prononcé, ce qui lui permet de régulariser la situation avec Aleida March, qu\'il épouse le 2 juin de la même année. Il l\'avait rencontrée dans la province de Las Villas.


Mausolée du Che à Santa Clara, Cuba
Guevara devint alors d\'abord l\'un des principaux dirigeants du nouvel État cubain avec l\'aide de son second Nathanael Bennoit : ambassadeur itinérant, président de la banque centrale, ministre de l\'industrie. Il s\'inspira largement des théories et analyses marxistes pour mettre en place à Cuba une économie socialiste, et contribua à rapprocher l\'île du bloc soviétique par la signature d\'accords économiques. Il fut confronté à de nombreuses difficultés dans ses tâches, l\'économie cubaine étant souvent archaïque et décousue donc peu encline à une rationalisation des moyens de production. En outre, Guevara fit une de ses priorités de lutter contre la bureaucratie naissante. Mais rapidement, il en vint à s\'opposer à la politique du régime castriste, et fut marginalisé.


En 1965, Guevara quitta Cuba afin de propager la révolution, soutenu par des volontaires cubains. Il se rendit d\'abord au Congo où il rencontra Laurent-Désiré Kabila) et avec qui il organisa le maquis d\'Hewa Bora. Cette expérience africaine ne sera pas concluante. Rentré à Cuba, il repartit pour la Bolivie où il tenta de constituer une guérilla.Faute de pouvoir s\'appuyer sur la logistique de ses partisans, il fut finalement capturé en 1967 et exécuté par l\'armée bolivienne, selon certains, sur ordre de la CIA.


La mort du Che
De nombreuses questions restent sans réponses concernant la mort d\'Ernesto Guevara. Le Che était devenu gênant pour beaucoup. Une entrave même pour certains. Électron libre ingérable aux yeux des Américains, il avait également critiqué publiquement le régime communiste soviétique, notamment à travers son célèbre discours d\'Alger qui précédait sa dernière guérilla, mettant Castro et le pouvoir révolutionnaire cubain dans une situation délicate vis-à-vis de l\'URSS suite à ses déclarations de 1964 à Alger. Il a été assassiné (ou exécuté) par l\'armée bolivienne en présence d\'un agent de la CIA, Felix Ramos, dans une petite école où il était retenu prisonnier. Cependant, certains émettent l\'hypothèse qu\'il ait été trahi ou simplement abandonné par son vieil ami Fidel Castro. Le rapatriement très tardif de sa dépouille à Santa Clara (Cuba), trente ans après sa mort (1997) est étonnant. Toutefois, ses proches défendent que le Parti Communiste de Bolivie a fait acte de propagande contre le Che (désigné comme un bandit) en représailles de son discours d\'Alger où Guevara proclama que l\'URSS n\'était pas socialiste ! De fait, en Bolivie les guérilleros devaient être nourris par les paysans qui au lieu de les cacher les dénoncèrent...


La légende
Il est indéniable que le Che a été auréolé d\'un certain mystère. Son histoire et sa soif de justice lui ont conféré une aura de martyr qui ne doit pas masquer la complexité du personnage et son attrait pour une certaine forme de violence. Les opposants au castrime soulignent qu\'il fut chargé d\'organiser les exécutions capitales après le triomphe de la révolution cubaine, lorsqu\'il fut nommé par Castro commandant de la prison de San Carlos de la Cabaña. Cette intransigeance du Che doit être reliée à sa conception de la révolution et de l\'histoire du monde, à savoir que, pour le Che, le monde était le terrain d\'affrontement permanent entre capitalistes et communistes, et que toute faiblesse de la part des révolutionnaires serait chèrement payée. Les défenseurs du Che soulignent pour leur part que cette intransigeance et cette violence n\'étaient jamais gratuites et qu\'elles étaient liées aux nécessités de la révolution.