Virus est née d'une fusion entre trois petites structures qui ont rejoint mon association. L'idée de lancer virus est née d'un triumvirat basé entre moi et deux potes irl fans inconditionnels de jeux vidéo. Depuis 2005, virus a toujours évolué dans le bon sens, pour devenir aujourd'hui ce clan solide. Pour l'avenir je le vois plutôt bien, nous avons pas mal de projets sous le coude et pour le moment tout se déroule selon nos plans . Nous avons une situation financière posée et viable jusque fin 2012 et bientôt une révolution chez virus. Notre avenir se fera sur trois jeux incontournables qui sont CS Dota et sc2. De plus virus va investir de grosse sommes pour monter une équipe compétitive et forte.

 

Voilà comment Kévin "Skyboot" Besson, président de l'association Virus Gaming, nous parle de sa structure lors du recrutement de Sein et Laukyo en janvier dernier. Depuis, l'équipe a grossi et continue encore actuellement sa croissance. Elfi, Naama et Bly, avec eux, Virus a de quoi se mettre au rugby à XV.  Tout semble donc aller pour le mieux pour cette structure sortie de nulle part, et qui n'avait jamais fait parler d'elle pour ses résultats. Nerf de la guerre en cette période de bulle starcraftienne, l'argent coule à flot, permettant des recrutements de qualité. Sacrée bulle ! Celle là même qui voudrait que tout joueur du top 30 fr soit "payé" pour jouer, celle là même qui fait promettre à certains shoutcasters qu'ils seront rémunérés pour poser leur voix sur des streams, toujours plus nombreux.

Néanmoins, d'aucuns s'interrogent en voyant les recrutements successifs et les "salaires" qui, logique starcraftienne, en découlent. Et oui, un Naama, ça coûte bonbon ! Les doutes portent le plus souvent sur la provenance des fonds de l'équipe. Affichant des sponsors que certains jugent indigents, que d'autres estiment bidons, la structure pourtant recrute du lourd. Avant d'être "sportive" la guerre des écuries sur Starcraft II est économique : c'est à celui qui aura le plus de fond pour recruter encore et toujours plus fort. D'habitude, enfin disons, du haut de sa dizaine d'année d'existence, l'esport a principalement fonctionné grâce au sponsoring, véritable ponction dans les budgets com' des entreprises qui s'intéressent au gamer dans son ensemble. C'est donc sur ce sujet précis que pas mal de personnes de notre petit monde se questionnent : D'où sort la planche à billet de Virus ? Voyage au coeur d'une bulle esportive.

 

 

C'est un peu par hasard que nous sommes tombés sur Juha-Pekka "Zoultx" Heimo, ancien manager inter de Virus, lors de son transfert vers Origine-Online. L'échange fut prolixe, un peu plus de 200 lignes de quakenet, mais ce dernier a accepté de répondre à des questions pour lesquelles, d'habitude, nous n'obtenons aucune réponse. Ce finnois de 25 ans, ancien Syn3rgi.eSports puis Homeless pendant un temps, était du voyage en Corée lorsque l'équipe avait pour ambition de "contaminer" ce pays. Morceaux choisis :

 

Team-aAa : Quel type de contrat te lie avec la structure Virus ? Quel type de contrats lient les joueurs et Virus ? Est-ce un contrat légal ?

Zoultx : Et bien, plus rien ne me lie à Virus actuellement et j'en suis plutôt heureux.  Pour être honnête, le potentiel légal d'un contrat de Virus pourrait être équivalent à celui d'un bout de papier toilette. [...] Je voudrais aussi pointer une chose qui m'avait dérangé quand j'ai rejoint Virus, c'est qu'il y a un manque total de protection du joueur - rien ne protégeant le joueur s'il est renvoyé sans raisons, sur seul bon vouloir du management.

 

Mais les joueurs de Virus reçoivent de l'argent de la structure, non ?

Oui en effet, ils reçoivent de l'argent. Mais la provenance de ces salaires c'est une toute autre histoire. L'origine de ces fonds ...

 

Quels sont les sponsors de Virus ? D'ou proviennent leurs fonds ?

D'une manière générale, je ne pense pas qu'aucun sponsor de Virus puisse assumer les salaires que les joueurs perçoivent. J'ai voyagé avec Skyboot, d'abord en France pour la Spirit lan #8, et ensuite en Corée pendant 4 semaines ; pendant ce temps j'ai eu un bon aperçu d'où vient l'argent. Un exemple prouvant que Virus ne possède pas de véritables sponsors : lorsque j'ai demandé des t-shirts pour les joueurs, skyboot m'a informé que nous devions les payer nous même, ce qui n'est pas vraiment raisonnable si on prend en compte la visibilité qu'on offre aux sponsors. [...] Aussi à une époque, Redbull était censé nous sponsoriser et un joueur français a contacté la société pour savoir si c'était vrai, ce à quoi on lui a répondu par la négative.

 

Mais alors, l'argent provient d'investisseurs privés ?

Et bien, mon sentiment personnel est que l'argent provient de deux sources, de Skyboot et d'un manager SC2. D'après ce que j'ai pu voir, Skyboot paye l'essentiel des dépenses. C'est sa stratégie pour obtenir de bons joueurs, d'abord payer pour ensuite espérer décrocher de réels sponsors pour de l'argent réel.

 

Combien sont payés les joueurs ?

Je ne peux pas dire les chiffres exacts de qui est payé combien puisque je connais les gars (ndlr : Zoultx est resté proche des finlandais de l'équipe malgré son départ litigieux). Mais disons que certains dans l'organisation touchent 1000 euros. 1000 euros par mois. Mais je ne veux pas dire qui.

 

Résumons : D'après ses propos, Zoultx affirme que Virus paierait ses meilleurs finlandais jusqu'à 1000 euros par mois, sans contrat légal. Les fonds nécessaires aux "salaires" seraient d'origine privée, des poches même du dirigeant et les sponsors affichés ne seraient pas en mesure d'assumer financièrement la structure, voire mieux, certains d'entre eux comme Redbull seraient particulièrement bidons.

 

 

Niveau méthodologie, il convient ensuite de vérifier ces informations, histoire de confirmer ou d'infirmer tout ou en partie les dires de Zoultx. En toute logique nous tapons d'abord à la porte de Virus pour obtenir leur version. Après une réponse sous forme de "No comment" sur IRC, nous tentons par mail avec un peu plus de succès : Au lieu de réfuter les affirmations de Zoultx, Skyboot se contente de dénigrer directement la personne.


Zoultx a été renvoyé de virus, pour mensonge auprès du staff, vol de bien et d'argent appartenant au clan. Cette personne ne mérite aucun crédit, c'est un très mauvais joueur, qui essaye juste de se faire une pub sur le dos de aAa, un beau drama quoi de mieux.

 

Réponse classique et attendue, tant la séparation entre l'ex manager et la structure semble houleuse. Ce n'est pourtant pas ce qui fera avancer nos investigations. Nous décidons alors de contacter les partenaires actuels et passés de Virus et de leur poser de multiples questions sous couvert d'anonymat. Les réponses ne tardent pas. D'abord concernant Redbull. L'ex joueur de l'équipe, Shayers, affirmait déjà par commentaires sur notre site avoir obtenu de la marque de boissons énergisantes qu'elle ne sponsorisait pas Virus alors qu'à l'époque, courant novembre, Virus annonçaient des tournois et évènements en France sponsorisés par Redbull allant même jusqu'à demander un partenariat avec Cybernation pour organiser une animation chez eux. Aux dernières nouvelles, les joueurs Virus consomment bien du Redbull en LAN, mais payé de leur poche ... Les dires de Zoultx à ce sujet étaient donc vrais.

 

Vérifions le reste. Les sponsors affichés par l'équipe sur son site ne sont pas traditionellement connus par le petit monde de l'esport, hormis Kaspersky. Nous avons donc contacté un ancien collaborateur de la structure pour en savoir plus sur les revenus du sponsoring chez Virus, société par société : Ouikos est une nouvelle société créée l'année dernière, elle ne donnerait pas de cash mais sûrement un petit pourcentage sur le chiffre d'affaire généré  ou bien encore des réductions sur leurs offres ; peanuts donc. Louvre hôtel permettrait à l'équipe de réserver à moindre coût des chambres dans les hotels, nulle mention là aussi d'argent versé. Kaspersky, aux dernières nouvelles, ne souhaitait plus investir dans l'esport, l'inconnu subsiste donc à son sujet. Watercooling.fr serait un partenariat média, sans budget alloué. Et pour finir, web-area.fr désignerait les concepteurs du site de Virus à venir, dont l'affichage en tant que sponsor leur aurait permis une ristourne sur le prix du développement. Là aussi, Zoultx semble toucher juste : les sponsors actuels de Virus ne leur permettent pas d'assurer financièrement comme il le font ; pourtant la planche à billet fonctionne bel et bien.

 


 

C'est donc du côté d'un investisseur privé qu'il faudrait se tourner pour comprendre d'où proviennent les fonds de l'équipe. C'est à ce sujet qu'un partenaire de la structure nous a fourni des détails. En effet, Skyboot, log à l'appui, lui aurait affirmé que Virus posséderait 4 joueurs de poker, en s'incluant dedans, que ces joueurs seraient sponsorisés par la célèbre room de poker, full tilt, et enfin, que l'argent de la structure viendrait de leurs gains. C'est possible, si ces joueurs sont de bons joueurs de Cash Game à bonnes limites et qu'ils ont un contrat de rakeback. C'est d'ailleurs cette version que Skyboot a finalement consenti à avouer après nous avoir menacé d'une attaque en justice pour "diffamation" ou "délation" - plutôt original quand on sait qu'il dit à qui veut bien l'entendre que Zoultx vole et ment à loisir, sans jamais en apporter la preuve : "le poker est une source de notre argent (environ 80%)". Pourtant nous ne savons quel crédit accorder à cette assertion, tant l'esbrouffe dans ce milieu est commune et que le passif de la structure en ce domaine est imposant. Nous retiendrons donc qu'une chose, que le fonctionnement de Virus n'est possible que grâce à un ou plusieurs investisseurs privés, qu'ils tirent leur argent du poker ou non.

 

La stratégie virussienne est claire : lever des fonds privés pour financer une belle équipe en attendant, un jour, une hypothétique alliance avec un partenaire crédible, un véritable sponsor. Ca ne vous rappelle rien ? Oxmoze, à l'époque où un certain Casiiiii mettait en jeu une partie de son héritage pour financer et payer les anciens emuLate avec en fond un projet de société. On connait la suite, celui que certains joueurs en off qualifiaient de "pigeon de l'année" quittait rageusement la structure au bout de quelques mois, emportant avec lui le pognon de son héritage et provoquant la fin d'Oxmoze. A défaut de porter un jugement de valeur, nous pouvons cependant émettre un avis stratégique. Voir trop grand, trop vite, là où certains se sont construits dans le temps pour survivre, car oui l'esport n'est finalement qu'une question de survie, est le plus souvent une erreur. Virus tiendra tant que ses investisseurs tiendront. Et si un jour la structure transforme l'essai et obtient un financement conséquent autre que privé, on pourra dire que ce sera une première en France ...