Cet article est la traduction d'un article publié en Anglais sur Team-Liquid, lui-même traduit du coréen. Il a été rédigé à l'origine par Han Yoon Hyung et aborde la vie des pro-gamers sud coréens qui n'est pas aussi rose qu'un clip de Girls Generation. Cet article est intitulé Avant de critiquer les pro-gamers, regardez la réalité ! et est un des très rares témoignages disponibles sur ce monde difficile à aborder pour un occidental.

 

Les salaires peuvent vous paraître très bas et ils le sont, mais à relativiser toutefois par le coût de la vie plus faible en Corée et la dévaluation récente du won suite à la crise avec la Corée du Nord autour de la corvette Cheonan.

 

 


 

 

Le monde du sport électronique a été plongé dans un état de choc le 16 Mai dernier lorsque le scandale des matchs truqués impliquant des pro-gamers actuels a été révélé. Beaucoup de fans ont été très déçus d'apprendre que même un champion de starleague gagnait de l'argent en utilisant des sites de paris illégaux et en truquant les matchs.

 

Les gens ont critiqué les pro-gamers impliqués pour leur perversion de l'esprit sportif, mais peu de gens disent pourquoi ils ont pris de telles décisions. Les pro-gamers sont acclamés par de nombreux fans, mais derrière l'écran et derrière la scène se trouve un système très compétitif. Le problème empire du fait que la plupart des gens pensent que "gagner de l'argent en jouant n'est pas du travail".

 

Nous ne devrions pas arrêter de critiquer les pro-gamers impliqués, mais aussi regarder la "réalité" qui constitue leur mobile. Cet article montre les vies et les conditions de travail de pro-gamers.

 

Je ne savais pas par où commencer. J'étais un fan vétéran de la starleague, et un membre du parti politique progressiste, mais je ne savais pas comment les pro-gamers le prendraient. Les vies des pro-gamers sont un sujet très sensible. Les pro-gamers et même les fans pourraient dire "ils parlent de quelque chose qu'ils ne connaissent même pas" si le parti progressiste soulevait le problème des droits des pro-gamers.


15 Mai 2010, Samedi soir. C'était la veille de la déclaration officielle sur les matchs truqués. Est-ce que l'interview aurait été plus dure à faire si je l'avais faite après la déclaration ? Je faisais très attention à leur dire que leur identité resterait confidentielle. Le candidat aux élections du parti progressiste Noh, le chercheur politique Hong et le journaliste e-sport Kim (alias pain) étaient présents lors de la réunion.


Starleague, la loi du plus fort

Han : Avez-vous lu "Mookhyang" (un roman d'arts martiaux) ?

Pro-gamer "A" : Oui.

"A" répondit plus volontiers que je ne pensais. Même si nous vivions dans des mondes complètement différents, nous étions tous les deux de jeunes hommes de la même époque.

Han : Dans le roman, le personnage principal apprend les arts martiaux et grandit avec les autres enfants sans même avoir de nom. Un par un, ses compagnons commencent a disparaître, et il se développe de plus en plus et monte dans la hiérarchie. Je pensais que les starleagues fonctionnaient comme celà. Depuis que vous avez commencé à jouer jusqu'à aujourd'hui, que pensez-vous des vies des pro-gamers, que ce soit votre vie ou celles de vos compagnons qui ont disparu à cause de votre succès .

 

La première chose qui vient quand on parle de la vie d'un pro-gamer est le conflit avec les parrents. Le pro-gamer le plus connu, BoxeR, a dit que ses parents ne savaient pas qu'il jouait à StarCraft. A cette époque "pro-gamer" voulait juste dire quelqu'un qui cherchait à gagner de l'argent en jouant, avant que les matchs ne soient diffusés. De l'autre côté, le joueur au sommet aujourd'hui, Flash, a persuadé ses parents et est devenu un pro-gamer avec le soutien de ceux-ci. Néanmoins, c'est l'histoire d'un pro-gamer qui a grandi à l'époque où un joueur gagnant plus d'une centaine de milliers de dollars par an en jouant à des jeux-vidéos étaient un modèle.

 

"A" ne pouvait pas non plus éviter ce conflit. Ses parents ne l'ont pas autorisé à devenir un pro-gamer parce que le futur était trop incertain, et "A" comprenait aussi ses parents. "Quel type de parent voudrait que son enfant vive une vie difficile ? Le futur est très sombre quand vous devenez un pro-gamer..." Après quelques mois, ses parents lui ont permis de poursuivre ses rêves, et après avoir passé le test, il a rejoint une équipe.

 

Désormais, afin d'obtenir les connexions permettant de passer les tests pour rejoindre des équipes de pro-gamers, les gens passent beaucoup de temps dans des clans. Une fois que vous avez 20 ans, il devient presque impossible d'être testé pour rejoindre une équipe. Quand on lui parle de ceci, "A" répond "Vous devez avoir entre 10 et 20 ans, 20 ans est l'âge maximum que vous pouvez avoir."

A propos de la vie quotidienne et de l'entraînement


Après l'avoir rejointe, la vie avec l'équipe a commencé. C’était avant que les gros sponsors apportent les fonds nécessaires pour créer leurs propres équipes. "Plus de 10 personnes vivaient dans un appartement. Il n’y avait pas de place pour que nous puissions manger ensemble. Il y avait environ 10 ordinateurs dans le salon, et quelques couchettes dans la chambre. Si il n’y avait pas assez de lits, nous dormions à même le sol…" Ca n’arrivait pas souvent, mais les co-équipiers changeaient. Peu sont partis, et peu ont rejoint l’équipe. Certains sont partis au service militaire obligatoire en Corée, ont laissé tomber, ou sont retournés à l’école. Bien sûr il y en avait quelques uns qui étaient exclus parce qu’ils n’étaient pas assez bon. Aujourd’hui encore, des joueurs de l’équipe B viennent et repartent sans que quiconque le sache.


Le dortoir s’est amélioré, les sponsors ont commencé à regarder le sport électronique. Les grandes équipes ont recruté des joueurs d’autres équipes, d’autres ont accepté beaucoup de partenaires d’entraînement afin de trouver de nouveaux talents. Je commençais à me demander comment cela faisait de vivre dans une équipe.

 

Han : Est-ce que la hiérarchie est stricte ? Je pense qu’elle doit l’être avec uniquement des hommes vivant ensemble.

 

"A" : Non. Il y a des joueurs plus âgés et plus jeunes, mais ce n’est pas une hiérarchie stricte.

 

Hong s’est enquis des horaires d’entraînement. Le cycle quotidien des pro-gamers est différent de ceux des gens "normaux". Ils se lèvent environ à 10heures et leur vie commence après le petit-déjeuner et continue jusque tard dans la nuit. Si vous demandez à "Nal_rA's Oldboy" d’OGN, l’équipe SPARKYZ déjeunait à 16 heures. Je pense que c’était afin d’obtenir des conditions optimales pour participer aux ligues qui avaient lieu le soir. Le temps d’entraînement, sans compter les pauses-repas, était de 11heures 30 pour les membres de l’équipe A et de 13heures 30 pour les membres de l’équipe B. C’était obligatoire.

 

Pouvez-vous manquer des entraînements ? Si vous le voulez, vous devez avoir une raison. Un pro-gamer d’une équipe voulait assister au concert de Beyonce et n’est pas venu à un entraînement. Ce jour-ci était un mauvais jour pour l’équipe. Il a été puni et rétrogradé en équipe B, et a du réessayer de monter en équipe A. "Je pense qu’il y avait d’autres raisons, mais il a dit que c’était la raison principale".

 

Il n’y a quasiment pas de jours de congés. Il y a des matchs les week-ends, vous avez donc des entraînements même le week-end. L’équipe de "A" avait un jour et demi de congés dès la fin des matchs du week-end. MBCGame et OGN ont des emplois du temps très chargés, dans l’année il n’y a qu’un mois où il n’y a aucune ligue. C’est devenu de pire en pire, les joueurs ne sont pas contents, mais n’ont aucun moyen de s’exprimer. Kim l’a exprimé ainsi :


"La KeSPA a été formée par des entreprises qui sponsorisent les équipes. Etant donné que çà les aide à faire de la publicité, ils essaient d’augmenter le nombre de matchs. Ils remplissent toute l’année de matchs, ce n’est pas comme si ils devaient payer plus pour obtenir plus de matchs". 


Les droits d’un pro-gamer qui crée le contenu pour son jeu ?

Hong a parlé du problème de droits d’auteurs sur les replays. Si il y avait quelque chose en ce sens, la KeSPA n’essaierait pas de simplement augmenter le nombre de matchs. Si une série télé est rediffusée sur une chaine différente, cette chaine doit payer une commission au distributeur. Si un musicien joue un morceau, cette musique appartient au musicien, la même chose devrait avoir cours pour les pro-gamers et les replays.

 

Ce problème est très compliqué. La vidéo montrée à la télé n’est pas seulement le replay du pro-gamer, mais elle contient aussi les explications des commentateurs et l’angle de vue pris par l’observateur. Quand on regarde ces matchs, beaucoup de gens sont impliqués. Il y a Blizzard, les joueurs, et les diffuseurs du match.

 

Actuellement, les matchs sont la propriété des diffuseurs, et les droits des joueurs sont gérés par les sponsors qui payent ces joueurs, via la KeSPA. Blizzard essaie de faire valoir ses droits sur le marché du sport électronique avec la sortie de StarCraft II. Ces organisations puissantes réduisent à néant les droits du pro-gamer moyen.

 

Si les sponsors payaient les pro-gamers de manière décente quand ils s’appropriaient les droits, çà ne poserait pas de problème, mais les pro-gamers ne sont même pas considérés comme des travailleurs. Noh a étudié les mécanismes de travail dans le pro-gaming, il pense que les pro-gamers devraient avoir un vrai contrat de travail avec leurs sponsors. Mais si vous y pensez, cela poserait le problème du travail des enfants. La loi empêche les enfants de moins de 15 ans de travailler, mais les pro-gamers les plus connus ont commencé à 15 ou 16 ans. Des joueurs comme BaBy ont commencé à 13 ans, si vous les voyez comme travailleurs, c’est illégal.

 

Les joueurs entre 15 et 17 ans peuvent travailler, mais le problème devient les horaires. La loi empêche les adolescents de travailler la nuit. Noh a dit "Il y a eu une fois ce problème en Europe. Il y avait une comédie musicale ou il y avait besoin d’un acteur enfant. Néanmoins la fille de ce pays était trop jeune pour pouvoir travailler à l’heure du spectacle. Le pays en entier est entré dans le débat, ce n’est pas un problème pour un cas particulier, mais un problème pour toute la société. C’est pour cela qu’il y a eu tant de débats."

 

Avec un contrat de travail il y a aussi un salaire minimum. En 2010, celui-ci était de 4110Wons (2,77€) par heure. Pour 44 heures par semaine, le salaire minimum est donc de 928860Wons (628€) par mois. Les pro-gamers doivent s’entraîner environ 60 à 75 heures par semaine, et plus de la moitié de ces heures à lieu les week-ends ou dans la nuit. Le salaire minimum le week-end et la nuit est 1,5 fois plus grand qu’en semaine en journée, à 6165Wons (4,19€) de l’heure.

 

Si on dit que les pro-gamers s’entraînent au moins 60 heures par semaine, et si seule la moitié de ces heures est payée 1,5 fois plus, il faudrait qu’ils soient payés 308250Wons (208€) par semaine, 1339345Wons (905€) par mois et 16027155Wons (10869€) par an. Le salaire minimum pour un joueur de l’équipe A serait donc de 16027155Wons (10869€) et pour celui d’un joueur de l’équipe B environ 20 Millions de Wons (13526€). Cela montre à quel point ces pro-gamers travaillent.

 

Si ces règles étaient appliquées dans le pro-gaming, le nombre de pro-gamers dimunuerait significativement, et certaines entreprises laisseraient tomber. L’augmentation du paiement des pro-gamers au cours de leur carrière diminuerait aussi. Néanmoins, cela augmenterait grandement les conditions de vie des pro-gamers.

 

C'est la réalité, les joueurs de l’équipe B disposent d’un dortoir, mais ils ne sont pas payés. Ils ne signent rien, encore moins un contrat. Si ils partent, il y a un large choix pour les remplacer, les plus grosses équipes les paient 500 000Wons par mois (338€).

 

Que se passe-t-il si vous jouez en pro-league ? Ils signent un contrat, ce n’est pas un contrat de travail mais un contrat civil. Même dans ce cas ils sont payés en moyenne 10 Millions de Wons (6763€) par an et ne dépassent pas en général 20 Millions de Wons (13526€). Quelques joueurs "stars" gagnent plus de 200Millions de Wons (135260€) par an. Je suis sûr qu’il y a quelques pro-gamers qui sont payés entre ces deux chiffres, mais je ne sais pas exactement combien il y en a. Leur salaire n’est pas donné au public, même "A" ne sait pas combien ses coéquipiers gagnent.

 

Hong a demandé si les heures d’entraînement étaient mentionnés dans le contrat civil. "A" a répondu que non. Hong a dit que si certaines heures d’entraînement étaient obligatoires, ce devrait être un contrat de travail. Même si les heures ne sont pas détaillées dans le contrat, un contrat civil peut-être annulé par les sponsors à tout moment, les joueurs doivent donc respecter les horaires.

 

Même si StarCraft est un sport individuel, un pro-gamer ne peut participer ne serait-ce qu'aux qualifications sans faire partie d’une équipe de pro-gaming. Le système est mis en place pour que les sponsors disposent d’un contrôle total sur les pro-gamers. Si c’est trop demander que de passer à des contrats de travail, il devrait au moins y avoir une garantie des droits et du futur des joueurs. Les joueurs ne sont ni traités comme "créateurs" de leur contenu ni "travailleurs" pour leurs équipes de jeu.

"Quel sont mes plans pour le futur ? C’est mon propblème numéro un"

Le problème le plus sensible pour les pro-gamers est le service militaire obligatoire. Il y a beaucoup de joueurs de l’équipe B qui sont inquiets du service militaire et la quittent. Les pro-gamers les plus connus vont à l’université pour retarder celui-ci. Boxer a même été diplômé avant de rejoindre l’Air Force, en formant l’équipe Air Force ACE.

 

Les joueurs moins connus souscrivent à l’Université Coréenne en Ligne afin de retarder leur départ au service militaire. "Nous laissons vraiment tomber les cours et nous entraînons. Nous ne nous en préoccupons vraiment seulement peu avant les examens, et passons les tests en ligne. Nous n’écoutons pas les cours attentivement." Ils n’ont pas le temps d’apprendre. "Si ils nous donnaient quelques heures par jour, je pense que je pourrais me préparer pour mon futur…"

 

"A" semble s’être préoccupé de ce problème depuis quelques temps déjà. Il a dit qu’il était inquiet de son propre futur quand on lui en a parlé. Qu’est-il arrivé à ses coéquipiers retraités ? "Ce n’est pas comme si votre expérience de pro-gamer vous aidait. La plupart deviennent coach où présentateurs, certains partent étudier à l’étranger, d’autres retournent à l’école. Les autres ne s’en sortent pas très bien." Je lui ait demandé ce qu’il voulait dire par "pas très bien". "Ils n’ont pas de travail, il n’y a rien qu’ils puissent faire."

 

Une autre opportunité pour les pro-gamers est de devenir pro-gamer pour StarCraft II. Néanmoins, Blizzard a fait StarCraft II avec l’aspect e-sport en tête, contrairement à StarCraft.  Vous ne pouvez même pas jouer l’un contre l’autre sans vous connecter à Battle.net. (Dans StarCraft c’était possible en LAN).

 

La KeSPA a négocié avec Blizzard au sujet de StarCraft II dans le sport électronique, mais çà ne s’est pas bien passé. Ils ne permettent pas aux pro-gamers de jouer à StarCraft II. Hong a demandé, « Est-ce que cela a un sens pour eux d’être capables de nous empêcher de jouer ? Ce n’est qu’un jeu". "A" a répondu, "Je ne sais pas." StarCraft II est actuellement en bêta-test.

"Je pense que cela me posera un problème si ils ne nous laissent pas jouer après la sortie officielle. Comme lorsque StarCraft a été lancé, il y en a quelques uns d’entre nous qui migreront vers ce jeu si il y a des tournois rémunérés. StarCraft II est dans la lignée de StarCraft, ceux qui sont bons à StarCraft le seront également à StarCraft II. Ce n’est que la bêta mais il y a déjà des tournois mondiaux. Les pro-gamers retraités participent déjà aux tournois StarCraft II, et s’en sortent bien. Quand il sortira officiellement, ceux qui ne sont pas payés seront tentés d’essayer StarCraft II en compétition.

 

Il y aura peut-être des joueurs qui quitteront le système e-sport actuel pour essayer quelque chose de nouveau si les négociations de la KeSPA avec Blizzard échouent."

 
L’incident des matchs truqués et l’e-sport après la sortie de StarCraft II

Quand quelque chose comme les matchs truqués arrive, les médias critiquent l’intégrité des joueurs. Evidemment, le fait d’être forcés de jouer plus de 10 heures par jour à un jeune âge peut poser des problèmes. J’ai demandé comment étaient acquises les connaissances sur le milieu du pro-gaming.

"Il y a deux leçons données dans l’année. Vous devez y assister pour conserver votre licence. Ils parlent d’améliorer la ténacité des pro-gamers, de l’esprit que le sport devrait avoir". J’ai demandé si les joueurs appréciaient ces leçons. "Pas vraiment… Les jeux et le sport sont différents…"

 

J’ai pensé aux soldats qui étaient entraînés mentalement dans l’armée. L’environnement précaire, le futur flou, le bas salaire, et être traités comme un bien matériel avait un effet trop préjudiciable pour que deux jours de leçons puissent le réparer. L’appât de l’argent sale devait être trop tentant quelque soit la somme qu’ils étaient payés. Cela brisait d’autant plus le cœur que ces joueurs, qui plaçaient tout le temps le jeu et la compétition au centre, seraient impliqués dans les matchs truqués. Ce dont ils avaient besoin n’était pas une leçon, mais des droits humains de base. Hong a parlé de cela.

Hong : Connaissez-vous le terme "L’ère des 880 000Wons ?  [NDLliane : L’ère des 880 000 Wons désigne le début de la décennie 2000 où le salaire moyen mensuel en Corée du Sud était de 880 000Wons]. Que penseriez-vous si le salaire minimum des joueurs de l’équipe B était de 880 000Wons (541€) par mois ?

"A": Ce serait bien. Si vous gagnez autant, ne serait-ce pas un travail décent ? Nous vivons ensemble et pourtant certains ne gagnent rien pendant que d’autres sont payés 200 Millions de wons. Il y a beaucoup de joueurs qui ne recevaient même pas d’argent de poche… Les sponsors essaient de dépenser le moins d’argent possible. Après quelques années, l’argent donné par les sponsors a commencé à diminuer. Comme nous n’avons pas d’argent, nous sommes forcés de vivre ensemble. Entre 3 et 8 personnes vivent dans chaque pièce.

 

Hong : N’est-ce pas problématique de partager une chambre avec autant de gens ?


"A" : Ce n’est pas un problème, étant donné que nous ne faisons que dormir dans ces chambres.


Notre discussion touchait à sa fin, chacun à fait un commentaire.

 

Noh : L’E-sport vu à travers le spectre de la télévision est extravagant, beaucoup d’adolescents rêvent de devenir pro-gamers. Même si l’e-sport retient l’attention de la nation, les conditions de vie du pro-gamer sont mauvaises. Il y a un "côté obscur" du pro-gaming que les gens ne voient pas même si tant de grosses entreprises sont impliquées. Cela me rappelle les équipes B de baseball, cela pose un gros problème quand des jeunes gens sont impliqués…


"A" : Il y a trop de gens qui veulent devenir pro-gamers...

Noh : C’est pour cela que c’est comme çà. Ils utilisent le fait que les gens veulent tous devenir pro-gamers contre les pro-gamers eux-mêmes.

Kim : Pour les équipes, il devient plus facile de contraindre les joueurs si il y a plus de partenaires d’entraînement. C’est facile parce qu’ils sont tous en compétition les uns avec les autres. Etant donné qu’ils ne paient même pas les partenaires d’entraînement, plus il y en a mieux c’est. La KeSPA elle-même dit que l’augmentation du nombre de pro-gamers est le problème, mais ils ne réduisent pas le nombre de licences semi-professionnelles délivrées via Courage. A la fin, les enfants se jettent dans un champ de bataille sans espoir, c’est honteux.

"A" : Ce problème était connu depuis longtemps, mais a été ignoré.

Hong : Boxer n’a pas dit quelque chose à propos d’un syndicat de joueurs ?

 
"A": Cette discussion a eu lieu il y a longtemps également mais les joueurs ne sont pas assez puissants. Je ne sais même pas que deviendront les ligues dans le futur. Qu’est-qu’un joueur peut faire pour lui-même ? Je ne sais même pas.

Noh : J’ai appris beaucoup sur un nouveau monde aujourd’hui. Je peux maintenant voir ce qu’il est derrière les artifices de la scène. Notre nation est au premier plan de l’e-sport et je suis embetté par la vérité. Dans le futur, je suis sûr que je penserais aux droits des pro-gamers.


Que représente la politique pour eux ?

Beaucoup de gens diraient que "C’est tellement super de gagner de l’argent en jouant à des jeux. Où est le travail là-dedans ? Si vous pensez que ce n’est pas bien, ne le faites pas ! ". La société et les "adultes" disent naturellement "Vous avez commencé parce que vous vouliez le faire. Vous devriez être capables de l’endurer". Si vous pensez comme cela, personne dans le domaine du sport ou des arts ne devrait être capable de gagner autant qu’ils travaillent.

 

Le problème est que lorsqu’un hobby devient un marché, personne ne parle des droits des gens qui en produisent le contenu. Certains disent, pour résoudre le problème, ils ont besoin de "le rendre plus gros". Néanmoins, alors que l’e-sport croit, ceux qui souffrent en bas de la pyramide continuent à souffrir, et seul le salaire des pro-gamers "stars" est augmenté. Ca a en fait eu l’effet inverse lorsque les enfants attirés vers la scène par ces stars se sont retrouvés en bas de la pyramide, incapables de monter. Les "adultes" font des profits sur le dos de la passion des enfants.

 

Après que cette longue discussion soit terminée, nous avons dîné ensemble et bu un verre. Kim et moi parlions des meilleurs moments avec "A" et avons exprimé nos pensées personnelles sur les pro-gamers impliqués dans l’incident des matchs truqués. "A" ne connaît pas grand-chose à la politique, mais a dit avoir un sentiment positif envers l’ancien président Roh. Quand nous lui avons demandé ce qu’il pensait de Noh, il a répondu qu’il savait qui il était et qu’il n’avait pas une image négative de lui. Je n’en ai pas parlé à "A", mais quand il est parti il m’a dit qu’il voterait pour Noh étant donné qu’il connaît au moins son visage. Je ne l’ai pas montré mais mon cœur s’est serré, je me suis demandé ce que le monde politique, celui qui m’intéresse, signifie pour eux. Quand je suis rentré chez moi, je me suis dit que, peu importe pour qui il vote, j’espère que "A" aura le temps de venir voter le 2 Juin.