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La rédaction fait le point sur quelques chiffres concernant l'esport.

 

De plus en plus de noms connus investissent dans l’esport à travers le monde. Les Français ont bien sûr entendu parler de l’investissement du PSG dans League of Legends, rachetant le slot Challenger Series de Huma. Outre-Atlantique, les Sixers de Philadelphie ont racheté Dignitas et Apex Gaming pour un contrat estimé entre 5 et 10 m$. Récemment, Raptor Group (AS Roma, Boston Celtics) ou encore Hannes Wallin (PDG de Fractal Design) ont pris part aux 7 millions de dollars investis chez Fnatic. De gros investissements nous direz-vous. Dans un milieu où Ocelote veut faire de G2 une marque à un milliard et où Blizzard vend des slots Overwatch League à de gros bonnets de la NFL,  l’esport semble être un milieu où investir peut aller de la meilleure affaire de l’histoire des affaires à se tirer une balle dans le pied. Mais alors, bon plan, ou faux plan ?

 

L’esport, c’est pas cher

 

Comparons déjà ces investissements à la masse salariale d’un club bien connu : l’Olympique de Marseille. Sur la saison 2015-2016, celle-ci s’élève à 92,6 m€, soit environ 110 m$. Alors oui, l’effectif n’est pas le même, le volume du staff n’est pas le même… Le rayonnement non plus. Même si l’OM est connu en France, voire en Europe, son rayonnement s’arrête là. Son image de marque aussi. De l’autre côté, Fnatic, avec des équipes présentes sur une douzaine de jeux, est connue mondialement par tout joueur suivant un tant soit peu l’esport. La marque, basée à Londres, a un rayonnement international et a même développé sa propre ligne de matériel informatique pour gamers : Fnatic Gear.

 

Fnatic constitue le fer de lance de l’avancée de l’esport avec des politiques d’engagement et de monétisation innovantes […] qui, nous pensons, transformeront le sport.

Chris Pallotta, Agent d'investissement chez Raptor Group

 

Sur le plan salarial, une équipe de foot ne coûte pas la même chose qu’une équipe esportive. Dans le milieu du jeu vidéo, les meilleurs joueurs des EULCS ou NALCS reçoivent entre 500k$ et 800k$ par an, le premier joueur à avoir dépassé le million annuel étant Faker. C’est ce que gagne Lionel Messi en 10 jours avec son salaire annuel de 36 millions de dollars (hors primes et revenus extérieurs : pub, etc…). Et encore, les salaires annoncés ne concernent que les meilleures équipes au monde.

 

Une étude pour les gouverner tous

Newzoo_Logo

 

L’esport est un milieu en pleine expansion, avec un nombre de spectateurs et d’acteurs croissant chaque année. Selon certaines estimations, investir dans l’esport pourrait valoir triple dans 5 ans. Qu’est-ce qui rassure les investisseurs qui se lancent dans l’esport ? Une récente étude de Newzoo Esports nous donne des réponses.

 

Avec ou sans patates ?

 

L’esport rapporte 493 millions de dollars aux entreprises ayant investit 350 millions en 2016, retombées en 2017 donc. Les revenus sont en augmentation de près de 52% par rapport à ceux de 2015 ! Pour l’année 2017, les entreprises devraient investir plus de 515 millions de dollars répartis en 155 millions pour leur publicité, 266 millions en sponsoring et le reste en droits à l’image (95 millions). Ce qui rassure, ce sont les prévisions à moyen terme, soit pour l’an 2020 : l’investissement des entreprises devrait doubler, poussant le chiffre au-delà de la barre du milliard investi : 1,2 milliard de dollars, pour des revenus flirtant avec le milliard et demi. Ça en fait des patates.

 

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Les revenus de l'esport – Source : Newzoo

 

Une audience rajeunie et globale qui peut rapporter

 

La répartition des revenus de l’esport mondial est aussi intéressante pour les investisseurs et prouve l’impact global qu’ont leurs investissements. Même si la Chine et les États-Unis à eux seuls constituent 52% des revenus en 2017, 51% de l’audience « enthousiaste » est située en Asie-Pacifique. Cet impact global présente un réel intérêt pour des clubs de sports traditionnels plus localisés : traverser les frontières grâce au numérique étend l’image de marque d’un AS Monaco par exemple. Cette image globale permet d’obtenir plus facilement des soutiens des quatre coins du monde et d’entretenir un rayonnement mondial.

 

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Esport et audience – Source : Newzoo

 

L’audience globale est jeune, ce qui peut faciliter la fidélisation des spectateurs. Avec plus de la moitié de l’audience (52%) située entre 21 et 35 ans et 20% entre 10 et 20 ans, cela peut vraiment redonner un coup de jeune au public de vieilles écuries sportives dont les supporteurs sont vieillissants. Renouveler la clientèle et la fidéliser aisément, merci la popularisation des jeux vidéo grâce aux téléphones portables (coucou les 2000) ! Les clubs communiquent avec leur nouveau public via de nouveaux medias, et touchent ces personnes regardant de moins en moins la télé.

 

Bien qu’il faille différencier les spectateurs occasionnels des spectateurs « enthousiastes », cette répartition a tendance à s’égaliser d’ici à 2020, à mesure que l’audience globale grandit. En effet, ces deux catégories n’ont pas la même façon de consommer l’esport (Newzoo considère des spectateurs enthousiastes comme des spectateurs regardant du contenu esport au moins une fois par mois, NDLR). En moyenne, les spectateurs enthousiastes vont dépenser 3,64$ par an là où le reste dépense environ 30 centimes.

 

Avec des prévisions de croissance des dépenses des spectateurs enthousiastes aux alentours de 5,20$ par an d’ici 2020, l’esport pourrait générer 1 milliard de revenus annuels si le spectateur standard venait à dépenser deux petits dollars par an. Et c’est tout à fait réalisable, la majorité des spectateurs étant constituée d’hommes (71%) ayant un emploi à plein temps (60%) leur rapportant un revenu confortable (48.5%).

 

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Revenus apportés par spectateur – Source : Newzoo

 

Sur quoi investir ?

 

Bien qu’il soit peu probable que les futurs gros poissons de l’esport lisent cet article, on peut rêver. Plusieurs pistes sont possibles :
-    Investir dans une équipe existante ou former son propre roster.
Cette option est plutôt la cible de férus d’esport, s’agissant de la moins rentable
-    Investir dans les éditeurs de jeux vidéo ayant le vent en poupe dans le milieu de l’esport : Tencent ou Activision/Blizzard sont de solides candidats. Les retombées économiques les plus sûres sont de ce côté-là.
-    Investir dans des marques développant des produits « gamer » : BenQ Zowie, Razer, SteelSeries… Fnatic Gear ? 
-    Les paris sur l’esport.
Les paris sportifs sont un milieu sacrément lucratif : par exemple, la NFL rapporte chaque année 13 milliards de dollars, là où les paris sportifs à propos de la NFL rapportent plus de 50 milliards ! Aucune surprise qu’il en aille de même pour l’esport.