lenquetederalredacDepuis la publication de notre enquête, nous avons reçus de nouveaux témoignages et un droit de réponse, que nous vous présentons ici.

 

Nous tenons à signaler que devant la complexité et la gravité de certains témoignages, documents et autres éléments nous étant parvenus, cet article sera le dernier concernant cette affaire tant que la justice n’aura pas éclairci la situation. 

 

 

Droit de réponse de Fabien G., co-fondateur de TEA :

 

Bonjour à tous,

 

Depuis dimanche, j'hésite à sortir du silence. Parce que j'ai tourné la page depuis près d'un an, et que je n'ai plus eu aucun contact avec The eSport Academy depuis près de 8 mois. Mais je reste malgré tout fondateur de la structure, et en ai été le co-gérant pendant une année. 

 

Toutes les accusations lancées me poussent à venir m'exprimer. Mais plutôt que de créer un twitlonger et chercher à faire le buzz, j'ai préféré proposer à aAa de publier ma réponse, et de répondre, si besoin, à leurs questions.

 

Tout commence lorsque deux personnes que je considérais comme des amis à l'époque me proposent de fonder avec eux la première école d'eSport. Un projet unique et bien ficelé, sur le papier. Je me laisse séduire par l'idée, et investis toutes mes économies dans le projet. Il faut savoir que monter une société, en France, c'est extrêmement compliqué et coûteux. Bien plus qu'on ne pourrait le croire tant qu'on n'a pas vécu l'expérience. Mais je suis confiant. Je me dis que c'est plusieurs mois de paperasse et de démarches pour ensuite permettre à plusieurs jeunes de vivre de leurs rêves. 

Moi, je suis issu du domaine du jeu vidéo et de l'organisation d'événements (jeux vidéo et eSport), et je crois en la formation. Je sais que pour percer dans l'eSport, des formations ne suffiront pas, qu'il faut travailler dur, et ce, quel que soit le métier que tu vises. Et c'est toujours ce que j'ai pu dire aux personnes qui sont arrivées en formation chez nous. 

 

Malheureusement, mes économies ne suffisent pas pour lancer le projet. Et la plupart des banques ne souhaitent pas financer le projet car l'eSport (début 2015) ne bénéficiait pas encore de l'aura actuelle. Mes anciens amis décident donc de lancer un financement participatif sur la plateforme Ulule. Je ne suis pas pour cette idée, mais je ne m'y oppose pas fermement non plus. Le projet est créé, et nous demandons 10 000€. 

 

Les jours passent, et la cagnotte augmente (pour atteindre un maximum d'un peu plus de 4 000€). Puis, sans vraiment nous y attendre à ce moment là, nous trouvons un investisseur privé, qui nous apporte la somme dont nous avions estimé avoir besoin. N'étant à la base pas pour le financement participatif, je décide donc de l'annuler. Ulule gérant ça vraiment bien, toutes les personnes ont été remboursées dans les 15 jours. (Nous ne touchons d'ailleurs pas l'argent tant que la cagnotte n'a pas atteint sa limite. C'est Ulule qui reçoit l'argent). Le tweet posté dans l'enquête de aAa est d'un ami proche, à qui j'avais promis une bonne bouffe pour le remercier de son don, malgré l'annulation de la cagnotte. 

 

Nous trouvons un local en banlieue nantaise. Un ancien site industriel que mes anciens associés s'imaginent très bien rénover. Après tout, ils n'ont pas tort. Le local est spacieux, et une fois rénové, l'espace pourra être utilisé de façon optimale. Par souci d'économies, on décide donc de réaliser les travaux nous-mêmes. Mais c'est un métier, et on prend vite du retard... Finalement arrive le jour de la rentrée. Le gros des travaux est réalisé, mais il reste quelques finitions pour que l'espace soit habitable. Nous avons tous les meubles (lits, tables, bureaux, chaises, etc), mais ils sont en cartons. Nous n'avons pas eu le temps de les monter. 

 

Les premiers étudiants arrivent et nous proposent spontanément leur aide pour monter les meubles. Le tout se passe dans une ambiance super conviviale, et chacun choisit l'emplacement de son lit et de son bureau. Nous laissons aux étudiants cette première semaine comme "semaine d'intégration". Après tout, ils sont censés vivre ensemble pendant 10 mois, donc autant qu'ils se connaissent et choisissent bien leurs compagnons de chambre. 

 

Puis commencent les cours. Il y en a eu, tous les matins, de 9h30 à 13h. Gestion de projets, communication, organisation d'événement, community management, etc. Mais nous n'imposons pas la présence à ces cours. Nous partons du principe que si les personnes paient pour un service, elles sont assez matures pour y assister. Pas de chance, "S4CH4" ne se lève pas. Enfin, pas avant midi. Sachant que tous les après-midis sont réservés pour les entrainements sur LoL. Difficile d'assister aux cours théoriques de la sorte, effectivement. 

 

Je vous invite également à prendre avec des pincettes tout ce que dénonce "S4CH4" dans son twitlonger. En effet, il n'a été présent que 3 mois au sein de TEA, et non pas plus de 6 mois comme il pourrait le laisser croire. (Pour preuve, il est arrivé le 13 janvier 2016, comme il l'indique bien, et a été renvoyé de la structure le lendemain de la Gamers Assembly 2016). Si "S4CH4" a été renvoyé, c'est pour plusieurs raisons, notamment pour non paiement de son inscription, mais également car il posait souci à une majeure partie des autres étudiants, sur le plan personnel. Je ne reviendrai pas sur les autres éléments dénoncés par "S4CH4", puisque le staff actuel de TEA y a déjà apporté une réponse.

 

En revanche, effectivement, mea culpa, je n'aurais jamais dû demander à "Axel" d'avancer les frais d'inscription pour la DreamHack. Je venais de payer les frais d'hôtel pour 10 personnes (ce qui fait une jolie somme tout de même !), et, comme une grande majorité des personnes ici, j'ai une limite de paiement par semaine sur ma CB personnelle. Mais j'aurais dû chercher une autre solution.

 

Le temps passe. Et je ne peux toujours pas me prendre la moindre rémunération. J'ai un loyer à payer, et j'habite à plus d'une heure de route des locaux. C'est donc un budget monstrueux que je perds chaque semaine. Je ne peux plus continuer de la sorte, mon compte personnel sera bloqué d'un jour à l'autre. J'expose la situation aux étudiants, qui comprennent parfaitement, et me disent que cela ne les dérange pas si je passe uniquement le soir pour donner mes cours de gestion de projets et de communication. Je pars donc en quête d'un nouvel emploi, que je décroche rapidement, à Nantes. Pratique. Je peux donc passer 2 ou 3 soirs par semaine.

 

Avec mon absence, tout se dégrade rapidement. Les décisions sont prises dans mon dos, et l'argent manque toujours. J'apprendrai plus tard pourquoi. Les relations entre mes anciens associés et les étudiants sont tendues, et ils entrent parfois (souvent) en conflit. Les étudiants me disent qu'ils ont des doutes sur mes anciens associés. Je m'arrange donc pour recruter Madame G. en tant que responsable administrative, pour une courte durée, qui sera chargée de veiller sur tout ça, et de m'avertir si des erreurs sont commises. 

 

Il s'est avéré qu'effectivement, des erreurs (volontaires ou non) ont été commises. Et nous sommes, toujours aujourd'hui, en procédure contre mes anciens associés. Mes anciens associés ont donc été poussés à démissionner de leurs fonctions. Je suis resté gérant pendant quelques mois supplémentaires, le temps d'organiser une vraie "passation de pouvoirs" avec Madame G. Être gérant d'une entreprise est un vrai métier, et ça n'est pas le mien. C'est donc pour le bien de TEA que j'ai transmis ce poste à Madame G., qui a su aujourd'hui redresser la barre et améliorer le quotidien de tous les étudiants. 

 

Vous pourrez demander à toutes les personnes qui sont passées par TEA, anciens étudiants comme partenaires. J'ai toujours donné le maximum pour que chacun se sente le mieux possible. Et souvent même, en me positionnant à l'encontre de mes anciens associés.

 

Bien sûr, tout n'est pas encore parfait. Les locaux sont un facteur limitant au développement de TEA. 

 

De mon côté, ayant été trahi par deux personnes que je considérais comme des amis, j'ai préféré totalement tourner la page, et laisser Madame G. et le nouveau staff en place faire en sorte que TEA fasse de l'eSport une place française forte.

 

Merci de votre lecture.

 

 

Témoignage de Julien, ayant participé aux premiers travaux et s'estimant floué par les co-fondateurs :

 

En novembre 2015 je découvre qu'un centre de formation sur le domaine du jeu vidéo va ouvrir à côté de chez moi. Etant débutant sur le domaine du jeu en compétitif mais en plein apprentissage (j'étais manager d'une line-up de joueurs amateurs qui cherchaient à évoluer) je me suis dit "C’est l'opportunité allons se renseigner..." Donc me voici dans les bureaux de TEA en entretien avec Cédric et Fabien. On m'en met plein les yeux. Je n'y connais pas grand-chose, Heroes Of The Storm est le jeu du moment et c'est par ce jeu que j'apprends le milieu compétitif. Il n'a donc pas été difficile de m'embrouiller l'esprit avec des phrases comme « J'ai travaillé des années pour l'ESWC », « Je connais énormément de monde » ou encore « L'esport c'est notre domaine ». Ce à quoi je réponds, « ok mais il y a quoi pour moi ? » Étant quelqu'un assez entreprenant et me débrouillant bien dans le commerce et le management, ils me proposent donc de rejoindre TEA pour former une équipe qui transformera cette ancienne imprimerie en internat.

 

Au départ, forcément on pose les bonnes questions du genre : « Mais le centre de formation va former à quoi ? Et à la sortie les "élèves" auront quoi comme bagage ? » On me répond que tout est vu avec l'État et que la première année va servir d'exemple afin de faire valider les diplômes par l'Éducation Nationale. Le tout saupoudré de noms qui transpirent le milieu du jeu vidéo et qui devaient fournir les "coachs" de chaque section : Millenium, Eclypsia, Melty, etc. De quoi faire rêver (je parle de leur notoriété et ne porte aucun jugement sur ces structures). Je pourrais vous citer d'autres noms dont certains sont très influents dans le milieu mais aujourd'hui je n'ai aucune certitude quant à toutes ces conneries.

 

Bien entendu c'était du travail au black mais bien payé (500€ la semaine). Étant père de deux enfants et ne trouvant pas de travail j'ai accepté sans hésiter puisqu'une place pour manager leurs équipes esport m'était promise à l'ouverture. J'ai alors formé une équipe de 4 personnes qui me sont très proches et maîtrisant les métiers du bâtiment. 

 

Au départ je ne vais pas vous mentir j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec eux. J'étais clairement dans leurs petits papiers et ils m'ont permis de prendre confiance en moi dans le milieu. Je n'avais jamais pu assister à la PGW et ils m'avaient proposé de m'y envoyer pour trouver des partenaires. « GÉNIAL » me suis-je dit ! La PGW se passe très bien et je reviens avec pas mal de contacts. À mon retour, mon équipe se met au travail (nous sommes donc 5 en tout et payés 500€ la semaine). Les travaux avancent bien le premier mois, il faut dire aussi que nous y mettons du nôtre vu la taille du chantier. On se lève à 5h du matin pour commencer à 7h ou 8h et on rentre à 21h max à la maison. Je profite de beaucoup de choses là-bas et je ne m'en cacherai pas : soirée jeux vidéo à gogo, sushi, KFC, Mcdo, c'est limite à volonté et je paye rien ! Qui s'en serait plaint ?

 

Bref, plus le temps avance et plus je leur rappelle que le chantier est considérable et qu'il sera très difficile d'ouvrir en février. On me répond que les élèves ont déjà payé et qu'il faut assumer. Les sanitaires n'étaient pas faits, pas de salle de bains, pas de fenêtre aux chambres, pas de cuisine (oui parce que la cuisine actuelle n'est prévue que pour le staff) (c'est pourtant pas faute de leur dire que les microbes  prolifèrent dans le noir et qu'il est important d'aérer une pièce pour une question d'hygiène.) En clair nous avions bossé comme des dingues mais n'étant pas professionnels nous ne pouvions nous engager sur la durée de fin des travaux vu que tous les jours ils nous en rajoutaient. 

 

Ne les voyant pas réagir à mes alertes, je finis par hausser le ton. Je ne veux pas que mon nom soit associé à un truc bancal, et ce jour-là Cédric m'annonce qu'il ne peut plus nous payer. Dans la pièce il y a la première secrétaire, Cédric et Fabien. Mon équipe étant sur le chantier dans l’autre partie du bâtiment. Je lui rappelle notre engagement et le fait qu'il m'a lui-même dit qu'il y avait (si mes souvenirs sont bons) 2 prêts de 16k euros en cours. J'ai moi-même géré les devis travaux et il y en avait pour un peu moins de 7k. Donc il manquait quand même beaucoup. Cédric a fini par me parler comme si j'étais son chien, mais je ne suis pas le genre à me laisser insulter ou agresser gratuitement. Au moment où je prends un « TA GUEULE », je finis par lui proposer de sortir pour en discuter (non ce n'est pas pour lui cogner dessus, nous sommes sur le point d'ouvrir quelques chose d'attendu au tournant il ne faut donc pas faire n'importe quoi avec l'argent). Je me suis retourné pour prendre ma veste et celle-ci avait disparu et je n'ai plus jamais revue depuis. Fabien finit par me rejoindre dehors, je suis à bout de nerfs, les larmes aux yeux; ça fait 2 mois que je travaille comme un fou et je me rends compte que les doutes qui pesaient depuis quelques semaines étaient justifiés. Où sont les sous ? Les prêts ? Et c'est là que tout s'enchaîne. J'ai été exclu du projet sur le champ, les travaux n'étant pas finis je me dis qu'ils n'ouvriront plus... Et pourtant vous connaissez la suite…

 

J'ai mis un mal fou à récupérer notre argent (2k euro tout de même). Au final j'ai vite compris d'où venaient les soirées sushi, KFC et Mcdo. Cédric n'était que très rarement sur place, il avait l'habitude de sortir mais je n'ai aucune info sur les endroits qu'il fréquentait. Je ne peux dire grand-chose sur celle que vous appelez l'escort girl, je l'ai vue, forcément, elle venait de temps en temps dans le bâtiment. J'ai pas à juger du métier des gens, ce n’est pas mon problème, et jamais je ne l'ai vue draguer, allumer qui que ce soit. Cédric passait du temps avec comme on passe du temps avec un ami, qu'allais-je pouvoir en juger ? J’ai des amis qui ont des métiers étranges, ça ne fait pas d'eux des personnes désagréables, mauvaises ou non fréquentables.

 

Toujours est-il qu'une feuille ne suffirait pas à décrire l'ensemble du problème TEA, mais pour ma part Cédric a retourné le crâne de beaucoup de monde (et le compte bancaire de sa société...). Avant de cracher sur ceux qui ont participé à ce "projet" il faut se mettre à la place de celui qui rêve, on oublie très vite la réalité des choses quand on est absorbé par ça. J'ai des regrets, j'ai démarché des pros, des amateurs pour servir la tchatche et les mensonges que TEA m'avait foutus dans le crâne. Aujourd'hui j'ai récupéré mon argent mais il m'aura fallu me déplacer par surprise afin de me servir en matériel pour me payer. Ce matériel a été rendu quand mon argent m'est revenu. Aujourd'hui je suis sûr d'une chose, la roue tourne et chaque chose se paye. J'en ai souffert, beaucoup.

 

Aujourd'hui je suis bien triste de voir qu'un centre de BOOT CAMP (que je voyais comme une gaming house géante) est devenu la risée du milieu. J'espère sincèrement que les personnes touchées auront le dernier mot. Qu'on mette une fois pour toutes ces enfoirés sur la touche et que leurs noms ne soient plus jamais cités dans le milieu du jeu vidéo.

 

 

 

Témoignage d’une personne souhaitant garder l’anonymat et ayant été élève d’aout à novembre 2016 (sous l'ère de la seconde direction)  :

 

Je n’ai connu que la deuxième direction. La directrice était vraiment chelou. Durant les réunions elle se pointait avec une cravache, qu’elle gardait le reste du temps sur son bureau situé en plein milieu de la pièce à vivre. 

 

Avant d’arriver dans l’école, on nous avait promis coach, cours, nourriture équilibrée et salle de sport. On n’a pas eu de coach, j’ai dû en chercher moi-même sur Egg One School pour la section Overwatch, certains coachs nous ont donné des cours gratuitement puis l’école leur a promis de leur payer les heures effectuées, je ne sais pas s’ils ont été payés depuis. On a eu un manager mais il n’avait jamais managé de sa vie et il était en formation, donc pas très utile. La direction de l’école ne s’occupait pas de nous et venait nous voir seulement pour demander de l’aide concernant la peinture des salles etc. ou pour râler quand le ménage n’était pas fait. Concernant la nourriture, qui était censée être préparée par le manager, elle a été gérée par les élèves. Seule la promesse de la salle de sport a été respectée. 

 

On avait demandé à ce que l’équipe Overwatch soit équilibrée au niveau des joueurs, mais ils ont juste mis six personnes prêtes à payer 650€ par mois et basta, il n’y avait aucun suivi, on devait se débrouiller. C’était juste une gaming house sans aucun encadrement. J’espère que mon témoignage aidera les gens à se rendre compte que l’école est pour l’instant une grosse arnaque.

 

 

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