L’évolution de la nationalité des joueurs professionnels Europe, la fin de l’ère nordique ?

 

Avec les récentes annonces sur la LFL et la surprise de certains de voir Misfits proposer une équipe sans joueur francophone, la rédaction s'est demandée quelles nationalités sont et ont été les plus représentées dans l'histoire des LCS. Nous allons donc étudier l'évolution du nombre de joueurs par pays et par split, afin de déterminer quels sont les contrées fournissant le plus grand nombre de talents en Europe. Notre étude ne porte pas uniquement sur les titulaires officiels mais également sur les remplaçants et les joueurs arrivés en cours de split, pour faire une moyenne. La présence de chiffres décimaux ne signifie donc pas que certains joueurs avaient les bras cassés, mais bien qu'ils n'ont pas joué tous les matchs du split, ceci afin d'avoir les statistiques les plus précises possible.

 

 

Analyse par pays

 

Commençons par notre premier graphique des 6 pays ayant fourni le plus de joueurs LCS depuis la saison 3.

 

Evolution par saison du nombre de joueurs par pays (6 plus gros pays fournisseurs de joueurs pro)

Évolution par saison du nombre de joueurs par pays (6 plus gros pays fournisseurs de joueurs pro)

 

Cette saison, l’Europe voit une augmentation des joueurs coréens qui avaient un peu disparu lors de la saison 8. On peut penser que les structures ont plus d’argent et sont plus attractives pour les joueurs expérimentés de Corée. L’augmentation temporaire importante du nombre d’imports coréens en saison 6 peut être liée aux très bonnes performances des rookies de la saison 5 (Huni et Reignover par exemple), motivant les équipes à recruter d’autre jeunes Coréens. Ces rookies ont un peu moins bien performé les années suivantes, ce qui peut expliquer la baisse progressive du nombre d’imports.

 

Pour le reste, on peut voir que les Danois sont toujours au top, le Danemark étant le 1er fournisseur européen de joueurs LCS depuis la saison 5 (leur moyenne est de 6 par split), et que leurs voisins suédois et allemands déclinent doucement depuis la saison 6. La France est le pays qui a le plus souffert du dernier mercato. La Pologne ressort la tête de l’eau depuis son plongeon en saison 7. La moyenne de ces cinq derniers pays tourne autour de 4 joueurs.

 

Carte des ligues nationales

 Analyse par ligue nationale

 

Certaines régions d’Europe constituées de pays plus petits se sont groupées pour former une unique ligue nationale (comme la ligue nordique ou encore la ligue balkanique), ce qui sera l’objet de notre prochain graphique ou l’on parlera également des pays de tiers 2 en termes de provenance de joueurs LCS. Tout d’abord, voici la carte des ligues nationales (ainsi que des ligues russe et turque) :

 

La ligue germanique n’ayant eu qu’un seul joueur non allemand (francophone en plus) pour la représenter, on ne reviendra pas dessus sur le graphique suivant :

 

Evolution par saison du nombre de joueurs par ligue nationales

Évolution par saison du nombre de joueurs par ligue nationale

 

Pour la CEI, la chute s’explique facilement par la difficulté pour les Russes d’obtenir des visas pour Berlin ainsi que par la création de la ligue LCL et la relocalisation de Gambit.

 

L’âge d’or de l’Espagne remonte à l’époque où certaines équipes étaient nationales, mais aujourd’hui, toutes les équipes sont européennes et il faut parler anglais. Or, l’Espagne est un des pays de l'’Union européenne où la maîtrise de l'anglais est la plus faible. De plus, sa ligue nationale comporte très peu d’Espagnols car les équipes font beaucoup d’imports européens. Cela en fait la ligue nationale la plus compétitive d’Europe et il est donc difficile pour les jeunes joueurs espagnols de se faire une place au milieu de la crème de la crème du subtop EU.

 

À l’inverse, les Britanniques sont en légère progression depuis la saison 3 et le fait qu'ils soient les seuls à s'exprimer dans leur langue maternelle au sein de leurs équipes peut être un atout expliquant la petite progression... ou juste un hasard statistique vu que l’augmentation n’est pas considérable.

 

La courbe la plus marquante est celle des pays balkaniques : en constante hausse depuis le début, elle atteint son record cette année avec 8 joueurs, se rapprochant des pays nordiques plutôt sur la pente descendante depuis leur apogée en saison 6. Cette augmentation est difficilement explicable. On pourrait mettre plusieurs hypothèses sur le tapis comme le fait les joueurs de l’est auraient progressivement compris qu’ils pouvaient devenir pros et qu’il fallait jouer sur le serveur EUW, ou encore le fait que l'apaisement des tentions politiques dans la région permettrait de créer des équipes avec des joueurs de plusieurs nationalités différentes et donc de bâtir une ligue balkanique (il est quasiment impossible pour un de ces pays de trouver 5 joueurs aux 5 postes de très bon niveau de la même nationalité). À l’inverse des Balkans, le Benelux ne décolle pas, ce qui peut s’expliquer par le fait que la région n’a pas suffisamment de joueurs.

 

 

 

Conclusion

 

La maîtrise de l’anglais par les jeunes d’un pays semble être un critère intéressant pour expliquer certaines tendances. D’ailleurs, les pays nordiques sont les pays non anglophones parlant le mieux l’anglais, ce qui, allié à leur forte culture de l’esport, pourrait expliquer leur domination sur l’ensemble de l’Europe. Néanmoins, cette dernière semble quelque peu décliner tandis que les pays balkaniques montent doucement. Si la tendance se confirme, ils pourraient même contester la première place. Les résultats des imports coréeens ainsi que leur adaptation dans les mois qui viennent seront à observer, car si lesdits imports réussissent à performer et se plaisent en Europe, il est possible que les structures ciblent plus souvent des Coréens. À l'inverse, un échec pourrait mettre un coup d’arrêt à cette tendance. Les pays peuplés comme la France, eux, semblent avoir une dynamique assez neutre avec de légères variations.