Le Mid-Season Invitational 2018 a été l'occasion pour le public européen de retrouver de vieilles connaissances, les vétérans Edward et Diamondprox, qui ont fait les beaux jours des LCS EU dans le passé. La rédaction vous propose les meilleurs moments de leur interview donnée à Cybersport durant laquelle ils ont fait part de leur quotidien en Russie et de leurs projets d'avenir.

 

Comparé à la bonne vieille époque des Moscow Five/Gambit, qu'est-ce qui a le plus changé ? Vous avez des coéquipiers totalement différents aujourd'hui.

Diamondprox : Ça fait un bail, c'est difficile de bien mesurer la différence. Le jeu a tellement changé qu'on ne peut pas comparer les anciens joueurs avec les nouveaux, notamment parce que les anciens sont à la retraite. Je pense que notre équipe actuelle a un style de jeu bien différent mais qu'elle est aussi forte que celle de l'époque.

 

Et en-dehors du jeu ?

Jouer avec mes nouveaux coéquipiers est vraiment marrant. Et puis les choses n'ont pas tellement changé, puisqu'on a toujours un toplaner à moitié fou (rires). Mais on est vraiment à l'aise quand on joue tous ensemble.

 

Tu penses que PvpStejos est aussi fou que Darien ?

Edward : Pas encore, mais presque ! Si ça se trouve, aux prochains Worlds, il sera le meilleur toplaner du monde.

 

On aura la chance de voir une Muramana sur Aatrox ?

J'espère pas ! (rires)

 

Mais au-delà des similitudes entre l'ancien et le nouveau Gambit, il faut aussi mentionner votre changement de région compétitive pour la CEI (Communauté des États Indépendants, ndlr).

Edward : Oui, et je n'aime pas trop ce changement. J'aimerais bien pouvoir jouer en Europe, c'est là où je prend du plaisir à jouer et faire des compétitions. Mais à cause des règles, on ne peut pas et on doit jouer en CEI. Après, on fait avec, et comme on arrive encore à se qualifier pour les gros tournois, c'est ce qui est le plus important.

 

Diamondprox : C'est triste de ne pas pouvoir jouer aux LCS EU, je ne sais pas comment ça sera l'année prochaine, peut être qu'on a une petite chance... parce que le niveau en Russie est bas, on ne peut pas vraiment s'améliorer. Du coup, c'est compliqué pour les tournois internationaux, on est obligés d'élever notre niveau de jeu et c'est difficile. 

 

Edward : Quand on joue bien, on arrive parfois à avoir des scrims avec des bonnes équipes, qui peuvent continuer à s'entraîner avec nous. Mais il y a des équipes aux LCS EU qui ne veulent pas s'entraîner avec une équipe en-dehors de la ligue européenne, ça ne rend pas les choses faciles. On est obligés de jouer avec des adversaires moins forts et notre propre niveau en pâtit. 

 

Diamondprox : En plus, si les scrims sont importants, le meilleur entraînement, c'est de jouer sur scène en vrai. Le fait de ne pas pouvoir jouer des tournois contre des grosses équipes, c'est vraiment la pire des situations. On a bien joué le MSI, mais on a seulement pu faire un BO5 contre Flash Wolves, on l'a perdu et puis après, c'était déjà fini. 

 

EDward en compagnie de Kira & Lodik - Crédits photo @RiotGames

 

Le système est encore plus brutal qu'avant, lorsque les régions européennes étaient fusionnées ensemble comme pour les IEM. Ce changement n'est en effet pas en votre faveur ...

Diamondprox : La scène était bien mieux avant ! Il y avait a l'époque plein de tournois, les Dreamhack, les MLG, les IEM, où on pouvait affronter des bonnes équipes. Mais maintenant, avec leur système de région et de LCS, on ne peut plus le faire, et c'est une des raisons pour lesquelles on ne peut pas s'améliorer. 

 

Edward : Je me souviens qu'à ce moment, l'un des meilleurs entraînements, c'était de faire les tournois Go4LoL, des tournois à 100 dollars qui commençaient à 4 heures de l'après-midi et finissaient à 5h du matin si tu gagnais tous tes matchs. C'était 12 heures de tournoi non-stop. Il y avait des équipes bidons, mais il y avait aussi des très bonnes équipes et on pouvait tester des stratégies. Maintenant, il n'y a plus aucun tournoi comme ça.

 

J'ai entendu dire qu'en Allemagne, les joueurs professionnels pourraient prochainement être officiellement reconnus comme des travailleurs. C'est peut-être une chance pour vous de revenir en Europe ?

Diamondprox : Si je reviens, c'est seulement pour jouer au niveau LCS, sinon ça ne m'intéresse pas. Et puis je préfererais une équipe de haut de tableau. En plus, je ne partirai que si mon équipe actuelle se dissout. J'ai envie de rester avec mes coéquipiers, donc le mieux serait qu'on puisse jouer tous ensemble aux LCS EU.

 

Edward : J'aimerais aussi pouvoir migrer avec toute l'équipe, j'apprécie vraiment de jouer avec un roster qui parle entièrement russe.

 

Comment évalueriez-vous votre niveau par rapport aux équipes européennes ?

Edward : Si on avait joué le Spring Split, je pense qu'on n'aurait pas fait mieux qu'un top 8 ou un top 6. Le début aurait été lent et il faut un temps d'adaptation. Mais au Summer Split, je pense qu'on pourrait être top 3.

 

Diamondprox : Je pense la même chose, le mois de janvier pour les Russes, c'est n'importe quoi. On passe la moitié du mois à boire. Tu ne penses plus du tout au jeu et tu prends du retard. On aurait donc galéré au Spring Split, mais bien mieux joué au Summer. Je pense qu'en Europe, seuls Fnatic et G2 sont au-dessus de nous, ils ont vraiment un niveau supérieur. Mais pour le reste des équipes, elles sont totalement battables. 

 

C'est vrai, cette histoire de boisson ?

Edward : Me demandez pas à moi, je suis pas russe ! (rires)

 

Diamondprox : Oui, on aime bien boire en Russie. Mais pas moi, enfin... au moins pour les 6 derniers mois.

 

Diamondprox lors de la première journée des Play-In du MSI - Crédits photo @RiotGames

 

Comment était le dernier janvier du coup ?

Diamondprox : Après janvier, c'est différent. En Russie, janvier est un autre monde, tout peut arriver. Personne ne travaille à ce moment-là, tu ne peux rien faire. Et c'est dur de te forcer à travailler si personne ne travaille autour de toi. Ou sinon, il faut aller à l'étranger.

 

Pourquoi pensez-vous que Gambit pourrait jouer les premiers rôles aux LCS EU ?

Edward : Ça serait plus facile à expliquer si on jouait aux LCS EU. Je peux surtout parler de notre potentiel et de notre niveau réel si on avait accès à un meilleur environnement d'entraînement. 

 

Diamondprox : Je pense que si tu fais partie des LCS, c'est bien plus facile de t'entraîner. La pire équipe des LCS peut avoir de meilleures conditions qu'une équipe hors-LCS, même si cette dernière est meilleure. 

 

Au MSI, vous avez écrasé la phase de groupes pour ensuite perdre contre Flash Wolves. Quel serait votre bilan de la compétition ?

Diamonprox : Tout d'abord que le travail paye, plus tu fournis du travail, plus tu vas loin dans la compétition. Au début de notre préparation, notre niveau n'était pas terrible, puis au fur et à mesure, on a réussi à atteindre un niveau où on battait les meilleures équipes issues des régions Wildcard. Mais on n'a pas eu assez de temps pour élever suffisament notre niveau afin de battre Flash Wolves. Ils n'étaient pas des kilomètres au-dessus mais ils étaient quand même meilleurs.

 

Edward : Surtout dans la première partie, on était si proches de gagner... mais en même temps si loin. Il y avait trop de petits détails qui nous ont empêchés de gagner. Dans la deuxième partie, on a fait trop d'erreurs stupides et on n'a jamais pu revenir. Et pour la troisième, je ne vais pas dire qu'on a abandonné, mais c'est clair qu'on n'a pas réussi à se concentrer comme il le fallait. Ils étaient juste meilleurs que nous mais j'espère qu'on va réussir à travailler comme on l'a fait pendant ces trois semaines et qu'on aura de meilleures performances aux Rift Rivals et aux Worlds.

 

Diamondprox : J'espère aussi que les spectateurs ont apprécié notre style de jeu, qui était bien meilleur qu'aux derniers Championnats du monde. Pour la suite, on va continuer à travailler.