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Pratiques douteuses voire illégales, exil fiscal, clefs volées, extorquées ou tombées du camion... Les accusations à l'encontre de G2A sont nombreuses, mais qu'en est-il vraiment ? Quel est le secret de la réussite de cette société qui est devenue en quelques années un acteur incontournable du marché du jeu vidéo ? Lumière sur un commerce obscur.

 

 

Dans les couloirs de G2A

 

A l'origine constituée de quelques passionnés reclus dans une pièce de 13m² en 2010, G2A s'est transformée en quelques années en en une gigantesque société récompensée aux Stevie Awards et aux GBE Awards, des références dans le monde de l'entreprise. Employant plus de 650 salariés venus de 31 pays différents, la plateforme a été le théâtre de plus de 8 millions de transactions en 2015 à travers le monde entier. Plus de 250 000 revendeurs s'y bousculent pour fournir les clefs que s'arrachent dix millions de clients dans plus de 170 pays différents. Et pourtant, malgré ce succès supersonique, la majorité des consommateurs ignorent encore comment fonctionne G2A, d'autant que si leurs pratiques sont légales, un grand nombre de dramas ont créé une nébuleuse inquiétante autour de ce fond de commerce. Afin de répondre à ces questions, la société a ouvert ses portes aux journalistes lors d'un G2A Média Day français les 8 et 9 septembre. La rédaction s'est donc rendue à Rzeszow (n'essayez pas de le prononcer), en Pologne, pour investir les locaux de G2A et enquêter sur la nature des activités s'y déroulant. Aucun tabou n'a été observé. Alors, G2A, digne de confiance ou pas ? Nous vous laissons juger.

 

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Une marketplace avant tout

 

Mais comment fait G2A pour avoir des clefs si peu chères ? Là est la première confusion qui vaut tant de problèmes à la plateforme en ligne. En réalité, G2A.com n'achète pas une seule clef, pas plus qu'elle ne les revend : le site est une marketplace, au même titre qu'eBay ou qu'Amazon et Cdiscount dans une moindre mesure. Cela signifie que lorsque vous achetez une clef sur G2A.com, vous ne l'achetez pas à G2A mais bel et bien à une personne physique qui l'a mise en vente sur le site. G2A ne vole donc pas de clefs aux éditeurs ou n'achète pas de humbles bundles moins chers dans des pays d'Asie du Sud-Est pour revendre les clefs à l'unité : si de telles pratiques existent, elles sont réalisées par les revendeurs eux-mêmes. En tant que support de ces transactions, le rôle de G2A est de veiller à ce que toutes les clefs commercialisées soient valides et de régler les litiges dans les rares cas de clefs défaillantes. Rares ? Oui, car si G2A est la première cible des détracteurs, elle est en réalité la plateforme la plus sécurisée par rapport aux standards du marché avec le meilleur taux de clefs fonctionnelles. Aujourd'hui et parmi les 37 000 entreprises proposant des produits associés aux jeux numériques, elle est la première au monde, avec plus de 99% des clients satisfaits. S'il est d'ailleurs très facile de trouver des accusations sur le business model de G2A, il est pratiquement impossible de dénicher un client insatisfait sur la toile. Lors d'un litige, le consommateur est pris en charge en moins de dix minutes grâce à un support actif 24/7, et une solution est trouvée dans les heures qui suivent.

 

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Cela signifie déjà deux choses. Premièrement, le commerce effectué par G2A ne nuit pas à 100% aux éditeurs de jeu : puisqu'il s'agit de clefs revendues en "seconde main" (à la différence qu'elles n'ont évidemment pas été activées et sont donc "comme neuves"), les éditeurs ont inévitablement vendu cette licence en premier lieu. Ils sont en revanche moins susceptibles d'en vendre une nouvelle puisque les prix cassés de G2A attirent d'avantage les consommateurs. Autrement dit, il n'y a pas de grande différence avec le marché de l'occasion : à grande échelle, G2A propose le même type de business que Micromania qui rachète et revend des jeux déjà utilisés. Par exemple, de nombreux utilisateurs vont profiter des soldes Steam pour acheter des packs de jeu et revendre ceux auxquels ils ne comptent pas jouer. Deuxièmement, au même titre qu'eBay, G2A ne saurait être tenu pour responsable de la provenance des produits, même s'ils luttent bien évidemment contre un grand nombre de fraudes et d'abus que ce type de commerce peut créer. Avant d'aborder le sujet de ces fraudes, revenons sur les dégâts qui peuvent être provoqués par G2A sur la santé financière des petits développeurs indépendants.

 

 

Le G2A Direct System

 

En 2016, G2A lance son "Direct System", complété en juin par le "Game Developer Support System". Ce nouvel outil permet aux développeurs et aux éditeurs eux-mêmes d'utiliser G2A pour vendre leurs jeux en première main. Les éditeurs fixent les prix eux-mêmes, bénéficient des avantages G2A (Système de paiement G2A Pay qui intègre les moyens de paiement locaux, en passe de devenir une référence internationale, Support 24/7 et G2A Shield qui protège les acheteurs) et touchent près de 90% du prix sur la vente d'une clef. Qui plus est, le vendeur reçoit également une commission entre 0 et 10% qu'il fixe lui-même sur tout jeu qu'il a développé et étant vendu sur la marketplace, en guise de reconnaissance du travail effectué. Le développeur a également accès en permanence à la base de données pour savoir précisément où se situent ses clefs et l'état des différentes transactions effectuées. Des milliers de développeurs ont déjà fait connaître leur souhait de rejoindre le système.

 

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La réussite de ce projet pourrait s'exporter très loin, et la prochaine étape pourrait ainsi voir G2A devenir l'intermédiaire entre de gros éditeurs ne souhaitant plus travailler avec Steam ou d'autres distributeurs et les usagers. Certaines grosses sociétés de développement seraient déjà en train d'en discuter avec les dirigeants de la société polonaise. Selon Bartosz Skwarczek, CEO de la société, de gros noms d'éditeurs seront visibles sur G2A d'ici la fin de l'année. D'autres développeurs ont en revanche été les victimes d'un système dont ils n'ont pas eu le temps de profiter. C'est par exemple le cas de Tiny Build.

 

 

Tiny Build, les 450 000€ de clefs volées

 

En juin 2016, Alex Nichiporchik, CEO de Tiny Build, attaque publiquement G2A qui aurait vendu pour 450 000€ de clefs achetées avec des cartes de crédit volées. L'affaire fait grand bruit et des personnalités publiques telles que TotalBiscuit prennent position. Mr. Nichiporchik réalise un suivi détaillé de l'affaire, update par update, sur son site web. Il n'a cependant pas été en mesure de fournir la liste des clefs frauduleuses, déclarant manquer de moyens pour effectuer ce suivi, ce qui met fin aux négociations entre lui et G2A. Depuis lors, G2A a procédé à deux nouvelles mesures : la vérification bancaire de tout revendeur ayant mis en ligne plus de 2000$ de clefs (système de vérification KYC) et la mise en place du Game Developer Support System dont nous vous parlions plus haut. Bartosz Skwarczek a répondu à l'une de nos questions sur le sujet.

 

Depuis le début, nous communiquons avec les développeurs. De temps en temps, ils ne veulent juste pas communiquer avec nous. A chaque fois que sur le site d'un développeur, quelque chose survient, comme quelqu'un qui achète des clefs avec une carte  de crédit volée, jusqu'au moment où le développeur l'annonce, personne ne le sait. La clef marche parfaitement. Et la plupart du temps, ils ne la bloquent pas. Sans cette information, personne sur le marché, même le client, personne ne peut savoir que la clef a été achetée avec une carte de crédit volée. C'est ce dont nous aimerions parler avec les développeurs. "Donnez-nous la liste des clefs en question et nous enquêterons immédiatement. Si nous trouvons que quelqu'un utilise effectivement des cartes de crédit volées pour acheter des produits chez vous et les revendre ensuite, nous ferons le nécessaire."  Et nous n'en parlons pas uniquement avec les développeurs mais aussi avec Microsoft, qui travaille avec nous pour identifier les problèmes qui peuvent survenir sur la marketplace.

 

Qui est à blâmer ? Si G2A a les moyens de retracer les clefs soupçonnées et de procéder à des vérifications supplémentaires concernant le vendeur, la plupart des développeurs n'en ont pas la capacité technique. Faut-il d'avantage blâmer G2A de vendre des produits dont ils ne peuvent pas connaître la provenance ou le problème est-il en amont avec des développeurs ne contrôlant pas suffisamment leur boutique en ligne et permettant ainsi à des cartes de crédit volées de dépenser des dizaines de milliers d'euros ? Le problème est complexe et ne profite à aucun des partis engagés. En cas de fraude avérée, les clefs devraient être désactivées et ce serait à G2A de payer la note. Autrement dit, le service de détection des fraudes et d'anti-blanchiement d'argent est quelque chose de sérieux au sein de la firme.

 

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De gauche à droite : Joshua Cabrera (Manager Esport), Scott (Manager G2A Direct), Bartosz Skwarczek (CEO), Maciej Jaworowski (Directeur Financier)

 

 

Le cas Riot

 

Nombreux sont ceux qui ont entendu parler de G2A lors du conflit avec Riot en octobre dernier. A l'époque, Riot décidait d'interdire purement et simplement le sponsoring d'équipes LCS par G2A, affectant péniblement les revenus de formations comme Cloud 9, CLG, H2K et paiN Gaming qui ont dû se retourner rapidement. L'éditeur de League of Legends reprochait alors à G2A ses pratiques frauduleuses, notamment la vente de comptes et d'eloboost en parties classées. Si l'eloboosting a depuis été retiré des offres du site, des comptes sont encore disponibles à la vente. La vente de comptes ne saurait en effet être considérée comme illégale, simplement contraire aux conditions d'utilisation de Riot, qui serait susceptible de bloquer le compte en question mais est moins enclin à le faire depuis quelques mois. Les discussions entre G2A et Riot ont repris dans le bon sens et il n'est pas impossible de voir la situation se débloquer prochainement. 

 

Ubisoft avait également cherché à s'attaquer à G2A en décidant de bloquer des clefs revendues sur la plateforme bien qu'elles n'aient pas été activées en première main. L'éditeur a aussitôt subi la foudre des utilisateurs mécontents et a été forcé de rétropédaler, tandis que G2A a dû rembourser toutes les clefs bloquées à ses utilisateurs. Aujourd'hui, eux aussi sont en discussion avec G2A pour trouver les meilleures solutions possibles. Mais les dramas ne s'arrêtent pas là.

 

 

On ne paye pas de TVA sur G2A ?

 

Sur G2A.com et comme sur un certain nombre de market place, il est possible de choisir sa TVA en fonction du pays dans lequel vous vous déclarez. Dans la théorie, il suffit donc de se déclarer ressortissant polonais pour payer la taxe polonaise, ou même taïwanais pour ne pas payer de TVA du tout, ce qui est illégal. Pourquoi alors conserver ce système en connaissant les potentiels abus induits ? Car dans les faits, ce n'est pas si simple. Maciej Jaworowski a rédigé un communiqué de presse à ce sujet, dont voici un extrait.

 

Il est clairement fait état dans la régulation européenne - Article 24b (d), que les fournisseurs de produits digitaux, afin d'arriver aux fins désirées, peuvent utiliser des preuves variées comme listées dans l'Article 24f: géolocalisation GPS, détails bancaires mais aussi adresses de facturation ou tout autre information commerciale pertinente, tant que deux items non-contradictoires de preuve de localisation sont réunis.

 

G2A.com croit que l'utilisation de la géolocalisation [...] peut facilement conduire à des erreurs suite à la popularité de navigateurs internet avec protection de vie privée activée, ou avec les potitiques de fournisseur d'accès qui offrent de plus en plus des adresses IP dynamiques. Dans le même temps, les détails bancaires ne sauraient être utilisés puisque G2A.com propose plus de 80 méthodes de paiement dans le monde, et ces méthodes fournissent toutes des données sous différents formats. [...]

 

Après une analyse de la régulation européenne et des différentes preuves pouvant être utilisées pour déterminer la localisation du consommateur afin d'appliquer la TVA adéquate, les deux items suivants ont été choisis : "l'adresse de facturation" et "une autre information commerciale pertinente". Celle-ci est l'auto-certification du client. [...]

 

De plus, G2A.com va plus loin et au-delà de ce qui est requis dans la régulation européenne en obligeant légalement ses clients à fournir des informations à jour concernant leur position. [...] G2A.com fait confiance et respecte ses clients et nous prenons leur auto-certification très au sérieux. Nous luttons pour offrir le meilleur service possible dans le marché du jeu vidéo et nous cherchons à obtenir le même respect en retour.

 

Ainsi, il n'est pas si simple de contourner les vérifications et de tricher sur la TVA. Mais pas impossible, bien entendu. Il est à noter que les taxes sont toutes payées par G2A aux Etats concernés et qu'aucun gouvernement n'a cherché à rentrer en contact avec eux pour discuter de cet éventuel problème.

 

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Un aAagent infiltré apparaît

 

"Affectez du moins l'apparence de la vertu"

 

Cette citation de William Shakespeare s'est longtemps appliquée à G2A aux yeux des consommateurs : lors du clash avec Riot Games en octobre 2015, la société s'est vue chargée par la communauté esport lorsqu'elle a prétendu vouloir défendre les valeurs du sport électronique. Pourtant, c'est bel et bien 10 millions de dollars qui ont été investis dans l'esport par la société, signant 68 équipes et une centaine d'événements lors de leur stratégie de sponsoring de masse en 2015. Aujourd'hui, G2A a fourni des réponses à la plupart des nébuleuses entourant leur business. S'il ne fait aucun doute que leurs pratiques ne sont pas illégales, il reste cependant à déterminer si elles sont morales. N'hésitez pas à développer votre avis dans les commentaires.

 

 

Cet article ne saurait être considéré comme promotionnel et ne résulte d'aucun accord entre G2A et *aAa*. Remerciements à Matthieu Dzitko, Laurent Lartisien et à toute l'équipe de G2A.com pour les informations fournies.