Interview avec l'un des fondateurs de REUNITED, une team Overwatch dont les joueurs en sont propriétaires.

De nombreuses structures ont fait le pari Overwatch, et la mayonnaise semble bien prendre avec le dernier titre de Blizzard alors que de plus en plus de tournois voient le jour. REUNITED est une de ces structures à avoir récemment décidé de se lancer sur Overwatch, mais à une différence près, il s'agit d'une structure dont les propriétaires ne sont autres que les joueurs eux-mêmes, à l'instar d'Astralis sur CS:GO. Nos confrères de TheScoreEsports sont allés à la rencontre de Frederik Kragh Christensen, un des fondateurs de cette jeune équipe.

 

TheScoreEsports : Certains comparent votre modèle avec celui d’Astralis, qui est une structure dont ses joueurs en sont les propriétaires sur CSGO. Qu’en penses-tu ?
Frederik Kragh Christensen : La structure économique est la même que celle d’Astralis : les joueurs en sont co-propriétaires et cela aligne les objectifs de l’équipe et des joueurs un peu mieux. Quand l’équipe a du succès, les joueurs en profitent plus directement. C’est assez similaire à Astralis.

Astralis travaille dans un environnement dans lequel il y a tellement de tournois qu’ils doivent en rater quelques-uns, mais Overwatch est assez nouveau, et même s’il y a des opportunités, il n’y en a pas autant que sur CS:GO. Qu’est-ce qui vous a décidé de vous orienter vers ce modèle économique ?
Au début, le plan n’était pas de créer notre propre organisation, mais de se lancer avec une des grosses structures déjà en place. Mais il semble que nous avons davantage cru en Overwatch qu’ils ne l’ont fait, et nous étions probablement plus optimistes. Nous avons vu le potentiel de ce jeu plus rapidement qu’eux. Nous avons alors décidé de parier là-dessus, parce que nous avons pensé que c’était une énorme opportunité. Nous pensons également que dans quelques mois, nous serons dans la même position qu’Astralis sur CS:GO, à devoir choisir entre des gros tournois parce qu’il y en aura trop, enfin on l’espère.

L’investissement de ces grosses structures n’était pas à la hauteur de ce que vous imaginiez par rapport à ce qu’Overwatch allait devenir ?
Exactement. Beaucoup d’entre eux se retenaient. Ils ne croyaient pas autant dans le jeu que nous l’avons fait.

 

 

Si tu devais expliquer à quelqu’un les avantages du modèle des joueurs propriétaires, qu’est ce que tu dirais ?
Je dirais que les joueurs iront plus vers l’intérêt de la structure. Les joueurs sont incités à rester sur long terme, et c’est aussi une assurance pour les investisseurs et les sponsors. Ils forment l’entreprise, donc dans l’idée, on aura une équipe qui sera plus stable sur le long terme.

Il y aura moins de transferts après 1 ou 2 mauvais tournois ?
C’est exact. C’est un projet à long terme. C’est une entreprise que tu as construite.

Avec ce modèle, quel a été l’intérêt des investisseurs et des sponsors pour vous, en considérant la relative jeunesse d’Overwatch ?
Au début c’était plutôt risqué, et beaucoup d’investisseurs étaient très sceptiques. Nous rencontrons encore beaucoup de scepticisme aujourd’hui, mais maintenant, les investisseurs s’intéressent beaucoup plus à nous parce qu’ils voient bien les chiffres liés à Overwatch augmenter. C’est à peu près la même chose avec les sponsors. Je pense qu’ils en sont au même point. En général, ils cherchent les jeux qui vont être choisis par les joueurs. Il doit y avoir genre 15 millions de joueurs maintenant. Tous ces nombres et cette accumulation de points positifs veulent peut-être dire que c’est LE prochain gros titre esport non ? C’est aussi ce que pensent les investisseurs, et ce que constatent les sponsors.


Est-ce qu’un investisseur a déjà mentionné les Overwatch Open en particulier ? Et est-ce que ça a déjà été quelque chose qui a pesé dans les négociations ?
Personne n’a parlé des Overwatch Open directement, mais je pense que oui indirectement. Nous avons vu un intérêt plus prononcé après que ce soit annoncé, mais personne ne dit que c’est à cause de cela en particulier. Je pense que ça a quand même eu une grosse influence. C’est forcément important pour les sponsors quand tu considères que tu vas potentiellement passer à la télévision nationale américaine. C’est intéressant pour beaucoup de sponsors américains.

 

 

Depuis que vous avez monté cette entreprise, avez-vous déjà eu des propositions de rachat ? Est-ce quelque chose qui pourrait vous intéresser ?
Beaucoup d’organisations nous ont déjà contactés. C’est quelque chose dont nous discutons en interne et aussi avec nos investisseurs. Mais à l’heure actuelle, le plan est de construire notre propre équipe. Personne ne peut prédire ce qui arrivera dans le futur, peut-être qu’on sera rachetés, peut-être qu’on continuera à développer notre propre marque. Nous sommes plutôt ouverts à vrai dire. C’est quelque chose sur laquelle tout le monde est d’accord !

Tu as reçu des offres ? Si oui c’était concret ou plutôt pour vous tester ?
Je ne suis pas sûr d’avoir reçu des offres vraiment concrètes, mais nous avons eu beaucoup de gens qui nous ont contactés pour savoir si c’était possible. Je pense que ça a surtout été pour connaitre notre état d’esprit à ce sujet. Toutes les grosses organisations veulent maintenant signer avec une équipe Overwatch, et beaucoup d’entre elles nous ont demandés.

Quelle est ton opinion sur la santé de la scène compétitive actuelle sur Overwatch ?
Je pense qu’elle va continuer à grandir. Je pense que Blizzard est encore en train de tâter le terrain. Regarde HOTS, c’est un jeu avec des nombres bien moins importants. Mais quand bien même, ils continuent à y injecter de l’argent, parce qu’ils ont déjà toutes les infrastructures en place pour ce jeu. Toute la machine est en marche. Je pense que nous verrons la même chose pour Overwatch l’année prochaine, et à une échelle bien plus importante.