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L'esport et les paris sont désormais liés. Or avec l'évolution croissante du secteur ainsi que sa mondialisation, l'univers des jeux d'argent est venu depuis quelques années s’immiscer lentement mais surement au sein même de notre passion, apportant avec lui toutes ses dérives.

 

Désormais on peut parier sur tout et n'importe quoi, et cela même si la législation dans notre pays nous l'interdit. La règlementation des paris sportifs a beau s'appliquer dans l'esport, les possibilités offertes par l'internet pour miser hors de nos frontières sont nombreuses. Que ce soit de l'argent réel ou bien du virtuel via les skins, aujourd'hui n'importe qui a la possibilité de tenter sa chance en pariant sur la victoire d'une équipe lors d'une compétition. Les sites proposant ce genre d'offre pullulent sur la toile et leur développement est totalement anarchique. La récente affaire mettant en cause Mohamad "mOE" Assad et le portail CSGODiamonds est d'ailleurs une preuve supplémentaire des dérives qu'a entraîné l'arrivée de ce phénomène lucratif. Et pourtant malgré ces sombres histoires le développement des paris esportifs est loin d'être terminé, il n'en est d'ailleurs qu'à ses débuts comme nous le montre la projection réalisée par les cabinets Natus Advisers et Eilers & Krejcik Gaming.

 

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Des résultats bluffants

 

D'après l'étude publiée le 16 juin dernier donc, d'ici 2020 15,4 millions de personnes parieront sur l'esport et cela pour un montant de 10,106 milliards de dollars. Des résultats qui paraissent surréalistes, surtout quand on se souvient d'une autre analyse réalisée par Superdata cette fois-ci et qui estimait la part des paris dans les revenus de l'esport à 55,8 millions de dollars en 2015. Pour comprendre cet écart important entre ces deux études, il faut tout d'abord rappeler une chose. Superdata ne se basait que sur les gains générés via les paris quand Natus Advisers et Eilers & Krejcik Gaming a considéré l'ensemble des sommes mises en jeu (en virtuel ou en réel). Ce changement de méthode permet forcément d'avoir des résultats bien plus importants, sur 2016 par exemple cela donne déjà 594 millions de dollars en cumulé. Il est vrai que l'écart demeure malgré tout immense, mais après tout ce ne sont que des projections et il est difficile, même en 2016, de contrôler la véracité des estimations proposées pour l'année 2015.

 

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Du côté de Natus Advisers et Eilers & Krejcik Gaming ce ne sont donc pas les revenus qui ont été analysés mais l'ensemble des mises des joueurs à tous niveaux. Argent réel, skins, tout est regroupé et cela représenterait au total donc 594 millions de dollars en 2016 (avec une marge d'erreur estimée à 125 millions entre la fourchette la plus basse et la plus haute).

 

La projection jusqu'en 2020 devient alors encore plus impressionnante, dépassant dès 2017 le milliard de dollars pour finalement atteindre plus de 10 milliards (selon la projection moyenne) en 2020. Cette croissance folle s'explique, selon les auteurs, par le développement du nombre de tournois et des gains proposés. Ainsi en 2015 4 680 tournois ont été comptabilisés pour un cash prize total de 65 millions de dollars. Cette année nous en serions déjà à 5 616 pour 84 millions de dollars de dotation, un résultat qui pourra être encore plus haut une fois les données de The International ajoutées, l'événement étant le plus rémunérateur du monde (il dépasse à l'heure actuelle les 12,5 millions de dollars).

 

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Plus le nombre de compétitions augmente donc et plus les parieurs s'en donneraient à cœur joie pour dépenser leur argent. Les deux courbes d'évolution seraient donc liées, avec une montée bien plus fulgurante pour celle des paris. D'ici 2020 d'ailleurs, Natus Advisers et Eilers & Krejcik Gaming estime qu'il y aura 10 510 compétitions par an pour des revenus atteignant les 189 millions de dollars. Une projection qui représenterait donc plus du double de l'année 2015.

Difficile aujourd'hui de se fier à de telle projections, ces dernières partent du principe que la croissance du sport électronique sera toujours aussi importante au fil des années. Or notre milieu a déjà connu ses crises, comme en 2008 lorsque de nombreux sponsors se sont retirés et que plusieurs grands événements ont fini par fermer leurs portes (ESWC, CPL, WCG, KODE5 etc.). En revanche on ne peut nier la réussite des sites de paris, ces derniers se développent de plus en plus et leurs revenus sont extrêmement importants. Même de petites structures telles que CSGODiamonds sont capables d'offrir plusieurs dizaines de milliers de dollars à la publicité.

 

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L'analyse moins optimiste de Superdata sur l'année 2015

En 2015 on estimait déjà qu'un portail aussi populaire que CSGO Lounge, qui culminait à 1 000 000 de visiteurs uniques chaque jour, pouvait remporter quotidiennement entre 20 000 € et 50 000 € (l'écart s'expliquant par la présence ou non d'affiches attirantes pour les parieurs). Les résultats aujourd'hui seraient encore plus impressionnants et cela malgré le développement d'une concurrence bien plus importante. En conclusion les paris dans l'esport prennent une ampleur démesurée et cette situation ne fera qu'empirer. Il serait grand temps d'en réglementer l'accès, voir même tout simplement dans un premier temps d'encadrer les revenus générés par l'ensemble des sites concernés. Aujourd'hui toutes ces sociétés nouvelles semblent clairement être hors de contrôle, profitant des nombreuses failles législatives pour poursuivre leur développement en-dehors de toute morale tout en n'oubliant pas d'engranger d'importants bénéfices.