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Une structure mythique est de retour sur le devant de la scène Counter-Strike et cela ne vous a pas échappé.  Made in Brazil a signé son comeback, l'occasion pour nous de revenir sur l'histoire de ce clan champion du monde 2006 du FPS de Valve.

 

Si aujourd'hui on peut clairement se sentir supérieurs aux Brésiliens dans bien des secteurs du sport électronique, cela n'a pas toujours été le cas. En effet par le passé un clan auriverde a su briller à travers le monde, se permettant régulièrement de faire la une de nos colonnes et parvenant à remporter le titre tant convoité de champions du monde Electronic Sports World Cup (ESWC). L'âge d'or de Made in Brazil aura d'ailleurs été à cette époque, lors de l'été 2006, lorsque l'équipe emmenée par Raphael "cogu" Camargo s'impose, à Paris, devant tout le gratin mondial.

 

L'histoire d'un clan

 

C'était il y a 10 ans et pourtant cette année 2006 on ne peut pas l'oublier en tant que fan d'eSport, tout simplement car c'était celle où les Françaises de chez Beat off The Best remportaient également, dans leur catégorie, la couronne mondiale. Fondé au début des années 2000, le clan brésilien s'appelait à l'origine Arena avant, en 2003, de devenir Made in Brazil (mibr). Il permit l'éclosion de nombreux talents locaux tels que Bruno "bit" Lima, Carlos "KIKO" Segal, Renato "nak" Nakano ou encore Lincoln "fnx" Lau. De plus, leur victoire parisienne permit une véritable montée en puissance de la structure qui devint dès lors un véritable mastodonte international, capable de rivaliser avec les plus grands noms de l'époque : SK Gaming, fnatic, ALTERNATE aTTaX, compLexity Gaming ou bien Ninjas in Pyjamas.

 

Par la suite le palmarès de la structure s’étoffera donc logiquement avec notamment des victoires aux qualifications internationales pour le KODE5, les World Cyber Games et l'ESWC. Mais également des trophées plus prestigieux comme la première place lors du WCG Pan America fin 2006 (devant la Team 3D), ou bien lors du shgOpen 2007 (devant Pentagram G-Shock et NoA) et la DreamHack Winter 2007 (devant SK Gaming et emuLate). Cette organisation aura également été l'une des premières à oser le recrutement de stars étrangères, dont les plus célèbres furent les Norvégien Ola "elemeNt" Moum et son compatriote Jonas "bsl" Vikan. Chez mibr on innovera aussi en envoyant ses joueurs s'entraîner en Europe aux côtés de leurs concurrents du vieux continent. Un partenariat avec Ninjas in Pyjamas sera trouvé et l'équipe aura l'occasion de jouer depuis la Suède, où il était effectivement beaucoup plus simple en terme de connexion internet de retrouver le reste du top mondial.

 

csgo_mibr_eswc2006mibr vainqueur de l'ESWC 2006 - crédit ESWC.com

 

Pourtant malgré toutes ces prises de risques et ces investissements relativement importants pour l'époque, le club va lentement mais surement s’enfoncer dans la crise. De belles performances viendront toutefois enrichir le palmarès déjà bien fourni de l'organisation comme ses podiums lors de la GameGune et les WEG e-Stars en Corée du Sud, ou bien les quatrièmes places à l'ESWC et aux Intel Extreme Masters Los Angeles, sans que cela ne permette de retrouver l'ambiance et la cohésion des premiers temps. Les changements au sein de l'effectif se multiplient, beaucoup de solutions sont recherchées mais aucune ne sera véritablement trouvée. Tous les cadres quittent finalement le navire, les résultats ne reviendront jamais et, petit à petit, l'organisation sombre de tous bords. Financièrement dans un premier temps avec la perte des sponsors, puis esportivement puisque même chez eux ils ne seront plus aussi dominateurs qu'ils avaient pu l'être. D'autres clans débarqueront sans toutefois que le Brésil ne parvienne à retrouver son niveau d'antan.

 

C'est donc tout logiquement qu'en mars 2012, après des années d'agonie et plusieurs mois de silence radio, la plus célèbre entreprise auriverde sur CS choisit de fermer ses portes. A l'époque le propriétaire du nom laissera ce simple message en première page du site de l'équipe, quelques mots qui aujourd'hui prennent tout leur sens avec le retour du clan sur Counter-Strike : Global Offensive :

 

Nous n'avons pas abandonné, nous n'avons pas échoué, nous n'avons pas perdu. C'est juste la fin d'un cycle, un cycle victorieux, mais il se pourrait que ce ne soit pas un "adieu", mais peut-être simplement un "à bientôt".

Made in Brazil

 

Vous comprenez mieux désormais pourquoi le simple Tweet de Lincoln "fnx" Lau le 26 janvier a réveillé les démons d'un pays au passé glorieux. Les fans de la première heure ont quant à eux pu assister au réveil de la page Facebook du clan où il était indiqué : "nous avons entendu l'appel". Alors retour gagnant ou pas ? Opportunisme ou véritable projet à long terme ?

 

 

Un retour compliqué

 

Première question, comment se fait-il qu'après autant d'années d'absence ce club légendaire choisisse aujourd'hui se signer son retour ? Il faut aller chercher dans les événements récents qui ont touché la scène brésilienne pour trouver notre réponse. Tout d'abord si depuis de nombreuses années le pays peine a s'imposer dans le sport électronique en général, il est malgré tout parvenu à survivre tant bien que mal à la crise qu'il a connu après 2008, et ne s'est jamais véritablement éteint, cela malgré toutes les difficultés rencontrées. L'esport se développe très rapidement, impossible de passer à côté aujourd'hui, mais il laisse pourtant sur le côté certaines parties du globe. Le Brésil a comme désavantage d'être isolé et, par conséquent, d'être difficile d'accès. Cela rend compliquée l'organisation de tournois locaux, même si plusieurs tentatives ont déjà eu lieu, mais surtout exige de posséder suffisamment de financements pour être en mesure d'envoyer ses joueurs à l'autre bout du monde.

 

Avec le développement du sport électronique les finances des grands clubs sont plutôt bonnes. C'est donc le moment rêvé pour faire renaitre de ses cendres un nom glorieux capable de capitaliser sur la sympathie des fans sud-américains qui ne demandent que ça. Cette hypothèse se trouve renforcée par l'organisation même que semble prendre mibr. Si le fondateur historique reste présent, Paulo Velloso a choisi de s'entourer d'une entreprise dédiée à l'eSport et à ses joueurs : Connection Gaming. Ces derniers permettront d'entrée de jeu d'apporter les fonds suffisant au lancement du projet, et laisse présager une vision expansionniste axée principalement, dans un premier temps, sur le marché brésilien. Difficile toutefois d'y voir un sponsor suffisamment puissant pour relancer pleinement la machine, les ventes de vêtements n'étant pas forcément le secteur le plus à l'aise de nos jours. Terminés donc les rêves d'internationalisation, on reprend du début et on se construit petit à petit en attendant des jours meilleurs. Ce comeback correspond de plus au lancement par l'Electronic Sports League (ESL) d'un championnat brésilien, preuve s'il en était besoin de l'intérêt croissant des grands groupes pour ce géant de l'hémisphère sud qu'est le Brésil.

 

csgo_cogu_mibrcogu à l'époque chez mibr et aujourd'hui chez INTZ eSports - crédit : Facebook mibr

 

Mais toutes ces bonnes intentions seront-elles gagnantes ? Ce ne sera malheureusement pas suffisant sur le long terme de miser sur son passé, il va falloir recruter des champions, retrouver une place sur l'échiquier national et, surtout, retrouver les podiums internationaux. Pour cela il faudra impérativement s'entourer d'autres soutiens financiers bien plus solides. Une structure qui a su s'imposer mondialement ne peut pas se contenter d'une petite place chez elle, elle doit littéralement souffler ses concurrents direct dans l'espoir de faire renaître sa flamme.

La chance pour Made in Brazil c'est que nous retrouvons dans un premier temps le père fondateur du club, mais également que de nombreuses anciennes gloires du clan sont toujours en activité. Alors même si certains, comme Lincoln "fnx" Lau qui porta les couleurs mibr de 2006 à 2009, sont clairement dubitatifs concernant ce retour, d'autres peuvent continuer d'espérer. Le Brésil nouvelle terre de développement du sport électronique ? Peut-être qu'enfin ce pays réussira à lancer définitivement la machine chez lui, jusque maintenant toutes les tentatives n'ont pas su s'imposer dans la durée. Alors avec l'aide de l'ESL les choses seront peut-être plus simples, mais cela n'empêchera pas le besoin urgent d'investisseurs locaux capables de soutenir ce développement. Connection Gaming en aura-t-il les moyens seul ? Clairement la réponse est non !