La structure Titan revient sur l'affaire de sa disqualification.

 

C'est le manager NiaK qui prend la plume pour publier sur le site Titan une déclaration sur l'affaire; cette dernière ressemble plutôt à une lettre adressée directement à Valve.

 

 

Pourquoi l’absence de communication de Valve à propos d’un bannissement représente-elle un problème majeur pour l’esports

 

 

 

Dans la soirée du 20 novembre, nous avons travaillé dur pour tenter de faire toute la lumière sur les événements qui ont précédé le bannissement VAC de notre ancien joueur.

 

De manière générale, Valve refuse actuellement de donner plus de détails les circonstances d’un bannissement. Nos demandes pour obtenir plus d'informations sur le cas KQLY ont reçu comme réponse :

 

 

 

« We are not able to discuss any additional details about a VAC ban. »

 

 

 

Il est raisonnable de penser que cette décision fait suite à la volonté de respecter des conditions de souscription de Steam et probablement également dans le but de garder secret la manière dont fonctionne le VAC. Pour autant, cette stratégie n’est pas adaptée à l’évolution que prend le sport électronique et je vais tenter de vous  en expliquer les raisons.

 

Dans le cas d’une affaire de ce type où un joueur est incriminé, nous ne pouvons, nous organisation, communauté, joueurs, médias nous baser que sur les déclarations du joueur concerné.  Nous n’avons aucune possibilité de vérifier la validité de ses propos, de savoir si le programme a été utilisé dans le cadre de son activité de joueur professionnel, sur une compétition spécifique, et si cela remet en cause de manière légitime un titre ou une qualification. Nous sommes laissés sans certitude dans un climat de doute vraiment insoutenable.

 

Il est important pour le reste de l’équipe de savoir si les performances réalisées ces dernières semaines, depuis l’arrivée de KQLY, ont une légitimité.

 

Cette absence de communication peut également soulever un autre problème. Imaginez-vous demain qu’un joueur soit banni à tort, comment celui-ci pourrait-il assurer sa défense ? Aujourd’hui, les joueurs ne jouent pas que sur leurs PCs personnels. Ils se déplacent, jouent chez des amis, participent à des bootcamps, participent à des tournois où les PCs ne sont pas ghoster après chaque utilisation. Il parait tout à fait envisageable qu’un joueur soit exposé à son insu et banni par la suite.   Dans ce cas, comment pourrait-il assurer sa défense sans bénéficier de ces informations ?

 

Il ne faut pas se leurrer, les enjeux de l’eSport d’aujourd’hui et de demain pourront malheureusement tenter des personnes peu scrupuleuses de tricher en compétition. Plus il y a d’argent en jeu, plus les technologies utilisées seront évoluées et difficiles à détecter.

 

La lutte contre ce type de pratique s’apparente à la lutte anti-dopage dans le sport. Valve doit au même titre que les instances internationales dans ce domaine, être en mesure de communiquer plus de détails sur les cas touchant des joueurs professionnels.

 

Nous ne savons pas précisément aujourd’hui si les mises à jour de VAC peuvent avoir un effet rétroactif. VAC conserve-t-il les données permettant de confondre un joueur plusieurs semaines ou plusieurs mois après avoir utilisé un programme tiers ? Est-il uniquement banni si le programme est en cours d’exécution ou s’il a été lancé très récemment?

 

Si le système est efficace et peut-être validé, plus de communication pourrait représenter un fort moyen de dissuasion et ainsi constituer la première ligne de défense contre le cheat. Egalement, si la preuve peut être apportée qu’un joueur a triché pendant une phase qualificative ou au cours d’une compétition, il serait légitimement possible de destituer une équipe d’un titre et du cashprize associé, ce qui pourrait constituer un facteur de dissuasion supplémentaire.

 

 

Pourquoi nous sentons-nous lésés après l’exclusion de la DreamHack Winter



 

 

         Suite aux événements de la nuit du 20 novembre, Epsilon et nous-même avons été exclu du tournoi. Là encore cela soulève une question majeure : est-il légitime de pénaliser de la sorte l’ensemble d’une équipe pour l’action d’un seul joueur ?

 

Il se pose deux cas pour moi :

 

- Soit il s’agit d’un cas isolé où il n’y a aucune preuve tangible qui permette de confondre d’autres joueurs.

 

- Soit l’on fait face à un cas où il est avéré que soit le management, soit les autres joueurs étaient informés ou même s’adonnaient à ce type de pratique.

 

Dans notre cas, je peux vous garantir que notre politique à cet égard est très claire. Il n’y a jamais et il n’y aura jamais aucune tolérance face à un cancer qui a fait déjà énormément de mal dans le sport. Je suis prêt à mettre tout en œuvre pour lutter contre cette pratique qui pourrait ruiner la crédibilité d’années et d’années de travail.

 

Il est évident que la découverte d’un tricheur peut légitimement remettre en cause les performances de toute une équipe. Néanmoins, on ne peut pas remettre en doute la crédibilité des performances collectives sans apporter un minimum de preuves, et c’est ce que nous avons tenté d’obtenir en contactant Valve.

 

Dans le cas présent, au-delà du fait d’avoir perdu notre invitation, nous avons été exclu du Qualifier organisé en dernière minute. Est-ce donc légitime? En tenant compte de ce que je viens de vous dire, je ne pense pas.

 

Je ne réfute aucune responsabilité sur le fait d’avoir travaillé avec un joueur qui a possiblement triché dans le cadre de l’équipe et croyez-moi que cela nous affecte tous énormément. Je redoublerai d’attention et d’effort pour tenter de prévenir ce genre de comportement suicidaire pour un joueur professionnel. Mais nous ne sommes pas seul à travailler sur cet aspect, Valve et les organisateurs de tournoi ont aussi une part de responsabilité en fournissant des technologies sensées contrer de manière efficace ce type de programme.

 

Dans le cas de KQLY, c’est un joueur qui évolue à haut-niveau depuis plus d’un an et demi, qui a participé à de nombreux tournois en ligne, hors-ligne avec de multiples programmes anti-cheat, sur des serveurs protégés par Valve devant des milliers de spectateurs. S’il s’avérait qu’il nous a tous berné pendant des mois, vous comprenez bien qu’il est un peu facile de rejeter l’intégralité de la responsabilité sur Titan. C’est en cela que je trouve la décision de Valve et DreamHack et certains de vos commentaires très durs à notre égard.

 

Nous pouvons là encore nous référer au sport professionnel qui bénéficie d’instances veillant à assurer que les droits de chacun ne soient pas bafoués. Dans des affaires de ce type, l’équipe aurait été pénalisée dans son ensemble uniquement s’il avait été établi que d'autres joueurs ou que l’encadrement aient fauté, soit par complicité, soit par un acte de malveillance ou par omission après avoir pris connaissance de la situation. Je me demande si c’est en ce que DreamHack et Valve suggèrent avec cette prise de position.

 

En nous excluant de la sorte, c’est l’image et la réputation de nos joueurs qui sont doublement entachées.

 

 

 

Ces aspects méritent d’être réfléchi et discuté pour mettre en place des règles claires afin d’établir des responsabilités légitimes et respecter l’intégrité de l’ensemble des acteurs.

 

Ce blog n’a absolument pas pour but de nous défiler face à nos responsabilités, nous les assumons et les assumerons d’autant plus si l’on nous en donne les moyens.

 

Pour combattre ce fléau en devenir, nous devons travailler ensemble et prendre les décisions judicieuses qui nous permettront de lutter efficacement contre ce qui menace de ruiner le jeu dont nous sommes tous passionnés.

 

Jérôme "NiaK" Sudries, Manager Titan