Le réseau Internet Français arrive-t-il au bord de la saturation ? Depuis l’arrivée du standard ADSL 2, moult usagers ne peuvent que constater une baisse du débit, ce qui est particulièrement notable sur Youtube comme le détaille cet article de Korben. En cause, personne ne voudrait payer les agrandissements des dorsales reliant les différentes villes entre elles et par conséquent les usagers aux entreprises fournissant des contenus.

 

Là où la situation est la plus sensible, c’est sur l’Internet mobile, les offres dites d’Internet Illimitées sont fortement bridées et le débit constaté se rapproche souvent plus du WAP que de la 3G théorique. Ce problème vient du coût faramineux de l’augmentation de capacité de débit Data des Antennes 3G, de leur nombre limité et de l’inadaptation du réseau. Celui-ci a été conçu à l’origine pour passer des appels téléphoniques analogiques, pas pour regarder le stream de BiGs dans le métro. Les proportions étant à l’origine de 90% téléphonie/10% data se sont inversées en 10 ans.

 

Possible il y a encore deux ans, regarder la télévision sur son téléphone est donc aujourd’hui techniquement impossible faute de débit adéquat. Au Japon et en Corée, les investissements ont été faits pour que ce rêve demeure réalité, au détriment toutefois des inquiétudes de santé publique, les antennes de téléphonie étant par exemple à l’intérieur même des wagons du métro ou au niveau du sol en pleine rue. Cette solution n’est sans doute pas envisageable en France et les opérateurs de téléphonie mobile sont donc pris en tenaille entre les associations de défense des usagers et celles de défense des riverains. Ce qui les arrange probablement, leur donnant une excuse facile à opposer.

Mais bien sûr…


Pour ce qui concerne l’Internet Haut-Débit ADSL, la France se repose pour l’instant sur deux éléments. Le réseau cuivre de téléphonie et son statut de bon élève au début des années 2000 pour la construction des dorsales, autoroutes de l’information. Mais faute d’investissement, elle pourrait basculer rapidement du côté des cancres, ce qui est déjà le cas pour le Très-Haut-Débit (la fibre optique à domicile).

 

Il n’en reste pas moins que la concurrence relativement forte au niveau des Box a réduit le prix du haut débit et l’illimité triple-play prévaut désormais, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux autres pays Européens ou aux Etats-Unis. De ce côté-là nous sommes plutôt chanceux, mais jusqu’à quand ?

 

Owni a donc publié dans un article titré « La fin de l’Internet Illimité » un document de travail de la Fédération Française des Télécoms qui pose les bases d’une tarification claire des offres Haut-Débit et Mobile. Le site s’était illustré en publiant des documents Wikileaks à son lancement et bénéficié d’une certaine attention médiatique, et de personnalités comme Xavier Niel, PDG de Free et Bernard Henri-Levy. Toutefois, Owni est en grande difficulté comme l’expliquent Les Inrocks et probablement à la recherche de Buzz, puisqu’à la lecture des 9 pages du document de la FFT, il n’apparait pas vraiment clairement que ceux-ci souhaitent brider les offres existantes.

 

Tout juste mentionne-t-il la possibilité pour une offre haut débit d’avoir une quantité de données téléchargées limitées dans le mois, sans en faire une obligation. L’apparition d’un « discount », une réduction du prix de l’abonnement pour les usagers se contentant d’un volume limité pourrait apparaître comme une incitation à limiter la gloutonnerie dont certains font preuve dans leur consommation de données et à lutter par là-même contre le téléchargement illégal de contenus. Si la WebTV par exemple se généralise encore plus qu’à l’heure actuelle, de nouveaux goulots d’étranglement risquent aussi de se créer sur notre réseau vieux de la première bulle Internet.

 

En réalité, les FAI sont devant un inconnu, puisque les coûts de développement du réseau ont principalement été pris en charge par l’opérateur historique, France Telecom. De fait on ne dispose que de très peu d’estimations sur le montant de la mise à niveau du réseau pour la vingtaine d’années à venir. D’ici 2025, c’est entre 15 et 25 Milliards d’Euros d’investissement qui seront nécessaires pour équiper 80% de la population de la fibre optique. Mais cette augmentation du débit chez l’abonné se répercutera aussi au niveau des habitudes de consommation et la facture pourrait s’alourdir suite à la mise à jour des équipements de plus grande échelle.

 

En 2010, Free a dégagé 300 Millions d’Euros de bénéfice et France Telecom 5 Milliards, ces acteurs considèrent que c’est aussi aux fournisseurs de services (Youtube, Facebook, Twitter, …) de prendre en charge une partie des coûts pour pérenniser ce business model. Le problème est que ceux-ci ne survivent déjà que grâce aux levées de fonds ou à l’aide de Google pour le premier cité. Dans cette situation, les FAI vont probablement chercher à conserver le même niveau de bénéfices et donc à se servir dans le porte monnaie des utilisateurs les plus gourmands pour ne pas donner le sentiment de sanctionner tout le monde.

 

Mais nous n’y sommes pas encore, nul besoin donc d’être alarmiste. D’autant plus que dans le fixe, contrairement au mobile, multiplier par 10 les capacités de débit sur les principales liaisons nationales n’est qu’une bouchée de pain. Le principal obstacle sera de faire arriver la fibre au pas devant votre porte, ce qui coûte entre 500€ et 5000€ par foyer selon que vous soyez en appartement ou dans une maison. Pour le reste, Owni semble accorder une trop grande importance à ce document que beaucoup d’acteurs comme l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) disent ne même pas connaître.